MÉMORANDUM ATTAQUES TWITTER

Depuis 2015 plus d'une centaine de citoyens à travers le monde luttent quotidiennement en ligne contre les terroristes jihadistes et leur propagande en les traquant, en les signalant aux autorités et hébergeurs Internet, en développant des contre-discours, en perturbant leurs réseaux et messages, en surveillant leurs activités, en les identifiant quelques fois...

La propagande a progressivement reculé au niveau mondial sur tous les services Internet grand-public. L'endoctrinement des profils à risques et leur recrutement se sont compliqués. Après leur âge d'or de 2014 à 2016 sur Twitter, les activités en ligne des jihadistes francophones se cantonnent maintenant à des cercles de plus en plus restreints sur Telegram.

En France des contributions décisives ont permis plus d'une dizaine d'arrestations de profils dangereux, certains avec des projets concrets d'attentats et sur le point de passer à l'acte, d'autres en tant que principaux relais de propagande francophone et recruteurs. Par ailleurs plus d'une dizaine d'individus potentiellement dangereux ont pu être identifiés, fichés S et sont maintenant suivis par les services.

Malheureusement tout ceci est menacé aujourd'hui par le support Twitter à cause de sa passivité, ses erreurs grossières récurrentes et une certaine forme de complicité indirecte avec les pro-jihad.

À ce jour plus de 300 utilisateurs Twitter sont harcelés, attaqués, bloqués, suspendus via une 40aine de comptes gérés par des pro-jihad. Ces comptes seraient faciles à détecter et éradiquer... si la modération Twitter décidait enfin de travailler sérieusement après un mois d'errance !

Ce relâchement récent de Twitter permet un retour progressif de la propagande. On constate également un regain des signalements abusifs contre nous par les pro-jihad français qui étaient quasiment inactifs depuis 6 mois. Les dommages collatéraux causés par les algorithmes et l'incompétence des équipes du support fragilisent ceux qui mènent cette lutte depuis trois ans.

Nous avons survécu à toutes les attaques depuis 2015, sans soutiens directs et malgré les obstacles de Twitter. La situation s'était enfin stabilisée en 2017, notamment suite à l'insistance des gouvernements français et britanniques (cf. communiqué officiel), mais cette fois Twitter bat ses pires records de 2017 ! Même des tiers, journalistes ou observateurs du jihad et analystes, commencent à être ciblés en toute impunité après nous avoir soutenu (p.ex. @KersimonIsa et @MrShelby4).

Il est donc temps que Twitter se ressaisisse avant que l'histoire retienne sa responsabilité dans la fin d'une initiative citoyenne inédite sur les réseaux sociaux.

Comment poursuivre un tel combat lorsque le travail 100% bénévole est détruit par le clic d'un modérateur incompétent et que l'essentiel des ressources finit gaspillé à lutter contre les dérapages de Twitter juste pour pouvoir assurer sa survie ?

Chronologie

09/02/2018 - Début de l'opération de harcèlements et attaques contre les activistes anti-Daech

Progressivement plus d'une centaine de personnes sont ciblées dans les cercles d'OpISIS. Les anglo-saxons et arabophones sont initialement plus touchés. Twitter suspend ou bloque de nombreux activistes en laissant les attaques prospérer malgré les nombreux signalements et tweets d'avertissements au support.

28/02/2018 - Première vague de suspensions et blocages touchant la Katiba des Narvalos

Suite à une vague de signalements hostiles et coordonnés une dizaine de nos comptes sont bloqués simultanément (dont les comptes officiels @KatNarv et @KatNarvTV) et @abuharissa est suspendu (il sera rétabli dans la soirée).

Le support Twitter ne réagit pas aux centaines de tweets de soutien. Durant 48H il n'aura finalement strictement rien fait pour débloquer nos comptes.

Twitter exige des numéros mobiles pour les débloquer. Nos anciens numéros anonymes ne sont plus acceptés par Twitter. Il est impossible d'utiliser des numéros non anonymes pour des raisons évidentes de sécurité. Nous avons tous eu des dizaines de menaces de mort en trois ans et ne pouvons pas prendre le risque de faire confiance à Twitter vu leur manque de fiabilité.

02/03/2018 - Rétablissement de nos comptes par nos propres moyens

Nous finissons par débloquer la situation à nos frais après avoir été obligés de se procurer un nouveau lot de numéros anonymes en urgence. Il ne s'agit que d'une solution de dépannage non fiable et non durable : il faudra recommencer à chaque vague d'attaques.

04/03/2018 - Nouvelle suspension d'@abuharrisa, mais cette fois toujours pas rétabli après une semaine malgré les campagnes de soutien.

Les comptes de harcèlement et signalements abusifs des pro-jihad pullulent en toute impunité. Ils continuent de harceler leurs cibles, d'annoncer préalablement leurs opérations, puis de lancer leurs signalements massifs et enfin revendiquer leurs trophées obtenus grâce à Twitter.

Pendant ce temps Twitter reste totalement passif et complice des pro-jihad en suspendant ou bloquant les activistes et en continuant d'ignorer les centaines de signalements contre ces pro-jihad.

Lorsque certains comptes pro-jihad finissent enfin par être suspendus après plusieurs jours d'autres sont ouverts dans la foulée avec des profils identiques. Entre 30 et 40 comptes de signalements hostiles sont actifs en permanence malgré les campagnes de communication de @KatNarv, @CtrlSec_FR, @CtrlSec et d'autres groupes. Twitter reste dans le coma ou multiplie les erreurs grossières sans les corriger.

09/03/2018 - Suspensions d'@Abu_Portant et @CruchoAlHarissa (compte de secours), toujours pas rétablis après deux jours.

Twitter est toujours dans le déni et totalement dépassé et instrumentalisé par 30-40 comptes pro-jihad...

Illustration du mode opératoire

(À compléter...)

Solutions potentielles

Plusieurs solutions potentielles simples existent depuis longtemps. Les équipes Twitter ont toujours refusé de les prendre en compte en restant enfermées dans leur tour d'ivoire, préférant miser sur la sous-traitance low-cost de la modération par des équipes non formées et des algorithmes dont on constate encore les failles.

Des collaborations pourraient être mises en place avec des interlocuteurs bénévoles dont les compétences contre le cyber-jihadisme sont maintenant reconnues officiellement. Concernant les aspects purement techniques certains ont également des années d'expérience en gestion de projets IT d'envergure. Les compétences existent et la volonté de collaborer ne manque que du côté de Twitter.

À l'issue du sommet franco-britannique de juin 2017 contre le terrorisme il avait été suggéré de "mieux protéger les acteurs de la société civile qui tiennent des contre-discours, et notamment les comptes parodiques, par exemple en certifiant ces comptes et en les inscrivant sur une liste blanche". Il serait temps de passer aux actes en l'étendant aux comptes de contre-discours et de signalements expérimentés et exposés en premières lignes. Des règles spécifiques et des tiers de confiance peuvent être définis pour éviter les dérapages. Encore une fois il ne s'agit pour Twitter que d'une question de volonté.

Enfin, Twitter a tendance à plus favoriser les algorithmes que de l'humain pour sa modération. Il est néanmoins possible de combiner les avantages des deux approches avec un système de scoring des activistes signalant les comptes pro-jihad. Des séries de signalements validés augmenteraient le poids relatif de leurs auteurs dans les évaluations de la modération ou des algorithmes. Des signalements de faux positifs diminueraient leur poids. La qualité des signalements s'améliorerait et, plus globalement, les guerres entre communautés Twitter à coups de signalements hostiles feraient moins de dégâts...