Christiane Taubira pointe la "très lourde" responsabilité de la gauche dans la crise des gilets jaunes
Elle juge sévèrement son camp. Sans dédouaner le président Macron, l'ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira pointe aussi la responsabilité de la gauche, dont elle estime que l'état est "désespéré et désespérant", dans la crise des "gilets jaunes", lors d'un entretien au Journal du dimanche publié dimanche 16 décembre. La responsabilité de la gauche "est lourde, très lourde, sur le passé, sur le présent. Elle peut l'être plus encore si la gauche ne comprend pas que c'est à elle qu'il revient d'offrir un débouché politique à ce mouvement", estime Christiane Taubira, qui fut garde des Sceaux de 2012 à 2016 pendant le quinquennat de François Hollande.
La gauche, ajoute-t-elle, "doit dégager très vite une perspective, au lieu de continuer à bavarder, rabâcher, radoter des choses informes et insensées". Christiane Taubira qualifie le mouvement des "gilets jaunes", "d'ambigu", avec "à la fois du sublime et des traces de choses abjectes", en évoquant la présence de "personnes sexistes, racistes, homophobes, xénophobes, antisémites". Face à ce mouvement né "d'une exaspération", elle estime que le président Macron "raisonne en termes de performance, de productivité, de résultats lucratifs" (un néo libéralisme dépassé NDLR voir Thomas Piketty sur France Inter plus loin) et qu'il "surplombe les individus avec hauteur et condescendance".
Elle ne se présentera pas aux européennes
Elle n'est pas tendre non plus avec le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, à qui elle reproche "une certaine indécence à appeler à la mobilisation celles et ceux qui se sont soulevés sans mot d'ordre politique ou syndical". Interrogée sur un possible retour en politique, notamment à l'occasion des élections européennes de mai 2019, Christiane Taubira répond qu'elle a été sollicitée à la fois par Yannick Jadot (EELV), Benoît Hamon (Génération.s) et Olivier Faure (PS) "pour conduire une liste".
"Mais c'est encore une fois chacun dans son couloir ! Il est tragique que la gauche ne se rende pas compte que l'enjeu, aujourd'hui, n'est plus de conduire une liste, ni de se vautrer dans le confort de l'inefficacité, de la stérilité, du manque d'imagination", dit l'ancienne députée européenne. Avant d'ajouter : "Lorsqu'une société traverse un moment de désarroi aussi profond, la parole politique ne peut se contenter d'être tribunicienne. Elle doit être transformatrice. Or je n'ai pas les moyens de transformer mes convictions, mes analyses en programme. Donc je me réfrène."
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