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La démission de Collomb plonge l'exécutif dans la crise

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lu sur le Figaro Premium.... par Vincent Tremolet de Villers

Il paraît qu'on fait des pieds et des mains pour devenir ministre. Gérard Collomb en aura fait pour ne plus l'être. Lundi, il annonçait au Figaro avoir présenté sa démission au président, qui l'avait refusée. Mardi, le ministre de l'Intérieur a forcé la main de Macron, confirmant que si, si, il démissionnait et reprenait la mairie de Lyon.

Le chef de l'État a finalement accepté, dans la nuit, sa démission. Il a chargé le premier ministre d'assurer l'intérim, en attendant la nomination du successeur. Un ministre qui va voir ailleurs si l'herbe est plus verte, est une chose qui s'est vue. Mais un qui impose sa décision au chef…

«L'autorité présidentielle est à la fois bafouée et ridiculisée», juge Guillaume Tabard.Il faut que Gérard Colomb soit au moins furieux contre Macron pour déclencher ce vaudeville. Eh bien, non, même pas, assure le ministre. «C'est une relation qui sera toujours de confiance», nous déclare-t-il. Sauf qu'il a semé la pagaille.

Il faut vite lui trouver un remplaçant. «Si on regarde les trente dernières années, il n'y a que trois types de ministres de l'Intérieur», décrypte un proche conseiller du président: celui qui utilise Beauvau pour sauter vers l'Élysée, celui qui est un vieil allié du chef de l'État et celui qui maîtrise les dossiers, point, un technocrate. Gare à Macron s'il tombe sur un de la première espèce…

Quatre noms circulent pour le moment. Les 250.000 employés de l'Intérieur rêvent, eux, d'un «vrai chef». Existe-t-il seulement?….

 L'éditorial: «Surréaliste» André Breton n'en croirait pas ses yeux. En quelques jours, Gérard Collomb et Emmanuel Macron ont pulvérisé les plus belles performances surréalistes. Dans ce théâtre de l'absurde, on démissionne, mais pas tout de suite, on s'affaiblit pour renforcer sa légitimité, on supplie, comme le ferait un captif, de pouvoir enfin quitter son ministère.

Plus personne n'y comprend rien: à l'Assemblée, lors des questions au gouvernement, l'inébranlable Édouard Philippe semblait, lui-même, désemparé. Déjà Nicolas Hulot avait innové en décidant au petit matin de jeter son portefeuille ministériel. Nous en sommes désormais au deuxième ministre d'État qui, sans se soucier du président de la République, choisit de quitter le gouvernement.

Journalistes et politiques vont se plonger dans cette fascinante (et désolante) tragi-comédie, pour y relever tous les détails, comprendre les causes profondes et les éléments déclencheurs, donner une rationalité à cette vertigineuse abstraction. La course à la succession ajoutera un peu plus à la confusion et renforcera, hélas, l'impression de délitement d'un pouvoir qui semblait inaltérable.

Ce charivari, c'est la politique. Mais il y a aussi, il y a surtout, la réalité de la société française. Elle n'est pas drôle du tout. Rappelons que notre pays reste à un niveau très élevé de menace terroriste, que chaque jour ajoute de nouvelles victimes à l'effrayant registre de la violence gratuite, que certains départements sont «submergés», selon les mots de Gérard Collomb, par les demandes d'asile. Que de Grenoble à Trappes, de Marseille à Garges-lès-Gonesse, l'État recule, chaque jour, un peu plus face à la loi des bandes, des barbus et des bandits.

Martine Aubry, elle-même, s'inquiète de la prolifération de ces territoires perdus. Restaurer l'ordre républicain, assurer aux citoyens ce droit de l'homme qu'est la sécurité devrait être une priorité absolue. Pour mener à bien cette tâche herculéenne, Emmanuel Macron doit choisir, et vite, un ministre de l'Intérieur à l'autorité incontestable. C'est le seul dénouement qui puisse faire oublier cette mauvaise farce.

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