Le champignon Fusarium produit des mycotoxines
Le réchauffement climatique pourrait non seulement diminuer les rendements agricoles, il pourrait aussi rendre plusieurs cultures impropres à la consommation, du fait d’une accumulation de toxines dans les plantes soumises à la sécheresse, prévient le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE).
Avec les maladies zoonotiques, la pollution plastique et le réchauffement, c’est là l’une des menaces environnementales émergentes pointées par le PNUE dans son rapport «Frontiers 2017», publié vendredi 20 mai 2015, peu avant l’ouverture de son assemblée qui se tient du lundi 23 au vendredi 27 mai 2016 à Nairobi (Kenya).
A ce jour, l’effet du réchauffement sur l’agriculture est quasi-exclusivement abordé sous l’angle quantitatif, à savoir l’impact des sécheresses, des inondations, de la hausse de température et du taux de CO2 sur les rendements. Or les cultures pourraient aussi fortement souffrir d’un point de vue qualitatif, du fait de la surproduction de toxines au sein de la plante.
Nitrates, acide prussique et mycotoxines
Parmi ces substances, les experts du PNUE citent les nitrates, qui s’accumulent dans la plante soumise à la sécheresse, celle-ci empêchant la transformation en acides aminés et en protéines. Or l’excès de nitrates est toxique, pour l’homme mais surtout pour les ruminants qui consomment ces plantes en grandes quantités. Parmi les espèces à risque, l’orge, le maïs, le blé et le sorgho. En cas de pluie soudaine après une grosse sécheresse, c’est un autre composé toxique qui se peut se former dans la plante, l’acide prussique.
Autre risque, les champignons pathogènes pourraient proliférer du fait du réchauffement, d’autant plus que ce dernier pourrait altérer les mécanismes de défense des plantes. Or certains d’entre eux produisent des mycotoxines, qui touchent plusieurs grandes cultures agricoles dont le blé, le maïs, le café, l’arachide, le maïs, le sorgho et les noix. Mortelles en cas d’exposition aigüe, elles peuvent engendrer des cancers à long terme en cas d’exposition chronique.
40% des cancers du foie en Afrique
Parmi ces mycotoxines, les aflatoxines, auxquelles 4,5 milliards de Terriens, dans les pays en développement, sont actuellement exposés. En Afrique, on les estime déjà responsables de 40% des cancers du foie, contre 27% en Asie du sud-est et 20% dans les pays du Pacifique occidental. Si l’Europe est pour l’instant épargnée, grâce à son climat, les aflatoxines pourraient bien y devenir un problème de santé publique, du fait du réchauffement, notamment dans la zone méditerranéenne.
Dans un autre rapport, publié lundi en ouverture de son assemblée, le PNUE estime que l’environnement est déjà à l’origine de 23% des décès, soit 12,6 millions pour l’année 2012 –des chiffres déjà publiés en mars par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Parmi eux, 7 millions sont des décès prématurés imputés à la pollution de l’air, dont 4,3 millions du fait de l’air intérieur.