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Les fausses promesses du bio

 

L'agriculture biologique serait aujourd'hui le modèle idéal de l'agriculture. Une idée reçue ?

par Gil Rivière-Wekstein

Après avoir été considéré pendant des décennies comme marginale et sans intérêt, l’agriculture biologique (AB) serait aujourd’hui le modèle idéal d’agriculture. Il est vrai qu’à force d’entendre les abondantes critiques à l’égard de l’agriculture conventionnelle, notamment au sujet des pesticides, on serait enclin à plébisciter ce type d’agriculture, censé être plus propre pour l’environnement et proposer des produits de meilleure qualité sanitaire.

Santé, environnement : les fausses croyances du bio

Cependant, la réalité n’est pas aussi évidente que le suggère l’essentiel de la communication officielle autour du bio.

Premièrement, sur le terrain, les faits ne confirment pas que l’AB serait la meilleure pratique agricole pour l’environnement. Certes, si l’on prend pour mesure la quantité d’herbicides déversés sur un hectare, l’AB est incontestablement plus « propre » que toute autre forme d’agriculture. Mais l’environnement ne se borne pas à ce seul indice. Ainsi, si l’on prend pour critère une même quantité de production, l’agriculture conventionnelle est plus favorable à la biodiversité que l’AB. En effet, mieux veut cultiver 100 hectares de blé à 70 q/ha et garder 100 hectares de forêts, plutôt que consacrer 200 hectares en bio avec un rendement de 35 q/ha. Le livre collectif Agriculture biologique et environnement (Educagri, 2011) donne d’autres exemples éclairants. « En élevage, lorsque les émissions de gaz à effet de serre sont ramenées au kilo produit, la moindre intensification (croissance des animaux plus lente) peut entraîner des résultats défavorables à l’AB dans la mesure où les animaux consomment plus d’aliments, produits de déchets et ont une durée d’engraissement plus longue qu’en agriculture conventionnelle », peut-on y lire.

Deuxièmement, alors que plus de 90 % des consommateurs bio achètent bio pour préserver leur santé, là aussi, les faits démentent leur croyance : il n’y a aucune différence pour la santé entre l’alimentation produite par l’Agriculture conventionnelle et celle produite par l’agriculture biologique. La présence de résidus de pesticides – pesticides d’ailleurs également utilisés en bio, comme la roténone, les pyrèthres, le cuivre, etc. ! – n’y change absolument rien. L’espérance de vie des Français, qui ne cesse d’augmenter depuis un siècle, témoigne de l’excellente qualité sanitaire du contenu de notre assiette.

Aux racines idéologiques du bio

Dans ces conditions, on peut se demander pourquoi ces « fausses promesses du bio » ont tant de poids dans l’opinion publique aujourd’hui. C'est ce que je me suis efforcé de faire dans mon dernier ouvrage en revenant sur les racines idéologiques du projet de société qui accompagne l’agriculture biologique depuis ses origines. Porté dans les années 1950 et 1960 par la droite poujadiste et réactionnaire, il est devenu à partir des années soixante-dix celui d’une gauche qui se veut progressiste.

Curieusement, ce projet de société est resté pour l’essentiel identique à celui de ses origines, c’est-à-dire à celui que défendaient déjà dans les années 1930 et 1940 les adeptes de « la terre qui ne ment pas »… Comme l’a confirmé Pierre Bergé, le vieux complice de François Mitterrand, sur Europe 1, « l’agriculture biologique, ça vient de Pétain, du retour à la terre. La théorie du bio, c’est une théorie de réac ». Il n’a pas tout à fait tort…

Gil Rivière-Wekstein est le fondateur de la revue mensuelle Agriculture et Environnement. Spécialiste des questions agricoles et environnementales, il est l'auteur de Bio : fausses promesses et vrai marketing (Le Publieur, 2011).

 

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