Voici mon contrat présidentiel Bruno Le Maire
Voici le contrat que je veux passer avec vous pour le prochain quinquennat.
Pourquoi ce contrat de 1 000 pages ? Parce que les Français en ont assez de ces politiques qui développent leurs grandes idées pour la France la main sur le cœur et ne font rien une fois au pouvoir.
Il vient de quatre ans de déplacements, de milliers de rencontres avec les Françaises et les Français, de milliers de discussions dans des entreprises, des écoles, des hôpitaux, des exploitations agricoles, des associations, il vient de visites dans les outre-mer, dans les ports, dans les villes, dans les petites communes rurales ou en périphérie des grandes agglomérations.
Ce contrat vient de vos observations, de vos colères contre les injustices de notre société, de votre lassitude devant la complexité croissante des procédures et la lourdeur des impôts, du sentiment que le travail ne paie plus et que le mérite a disparu au profit des titres, des avantages acquis et des privilèges. Il vient de vos craintes devant une société de plus marquée par le risque du terrorisme et par une insécurité grandissante au quotidien. Il vient de votre inquiétude pour vos enfants, qui ne trouvent pas de travail, ou pour vos parents, qui vont sans soutien vers la dépendance. Il vient de votre espoir que quelque chose encore est possible.
Il a été rédigé par une équipe de près de 400 bénévoles qui, depuis bientôt trois ans, écoute vos suggestions, analyse vos courriers, rédige des propositions, scrute les meilleurs exemples internationaux pour nous en inspirer. Ils sont agriculteurs, professeurs, artisans, militaires, médecins, fonctionnaires, artistes, salariés, étudiants, avocats, élus. Beaucoup n’avaient pas d’expérience politique au moment où ils m’ont rejoint. Depuis des mois, je n’ai cessé de confronter leur expertise à votre parole pour trouver les réponses justes à vos préoccupations.
Ce contrat vient de vous et il est pour vous.
Il m'engage, il engage tous ceux qui m'ont rejoint et qui me soutiennent dans cette campagne.
Je le respecterai. Nous le respecterons.
Ce contrat est crédible et précis : il évite les approximations qui trompent les électeurs et qui servent de paravent aux échecs des majorités successives depuis trente ans. Vous ne supportez plus les belles paroles ? Nous ne biaisons pas, nous prenons des engagements clairs. Vous refusez les slogans et les caricatures faciles ? Nous veillons à ce que nos propositions soient justes pour ne pas créer des fractures inutiles dans notre société et pour lever les blocages qui se dressent devant le changement.
Ce contrat est audacieux : parce que vous êtes audacieux, parce que la génération qui vient est audacieuse et créative, parce que vous avez tous conscience que des décennies de renoncement politique nous ont mis désormais au pied du mur. Des rustines ne suffiront pas à remettre la France en état de marche. Continuer comme avant ? Certainement pas ! Maintenir en survie artificielle un modèle qui échoue et qui crée des injustices de plus en plus criantes ? Jamais ! Arrêtons de tirer prétexte de la prétendue fragilité de notre société pour ne rien faire, prenons appui sur la rage de se battre, de vaincre, de réussir, de créer qui irrigue tous nos territoires.
Ce contrat est large : il ne laisse de côté aucun des sujets qui vous concernent dans votre vie quotidienne : éducation, sécurité, logement, santé, travail, transports, pouvoir d’achat, fiscalité.
Quelle nation voulons-nous laisser à nos enfants ?
Le véritable enjeu de la primaire est là. Nous refusons une élection par défaut, où le vainqueur gagne par rejet des autres candidats et non pour son projet et son enthousiasme sa détermination à le porter. Nous voulons une élection positive, qui redonne un élan à la France !
Proposer ne suffit pas. Il faut convaincre.
Il faut vous convaincre que cette fois nous tiendrons nos engagements. La clarté du contrat présidentiel est une première preuve. La détermination à changer la classe politique et à ouvrir tout grand les portes et les fenêtres des lieux de pouvoir en France en est une deuxième.
Le rétablissement du lien entre les électeurs et leurs élus nationaux est le préalable indispensable à tout nouveau chantier. Nous ne pouvons plus demander aucun changement aux Français tant que nous, politiques, ne changeons pas. Nous organiserons donc un référendum au second tour des élections législatives, le 18 juin 2017, sur le renouvellement de la classe politique : confirmation de la fin du cumul des mandats, limitation du nombre de mandats nationaux dans le temps, réduction du nombre de députés et de sénateurs, obligation de démission de la fonction publique pour les hauts fonctionnaires élus, obligation de transparence sur son casier judiciaire pour tout candidat à une élection locale ou nationale, voilà ce que vous aurez à trancher. Ce référendum sera le point de départ de la restauration de la crédibilité politique dans notre démocratie.
Troisième preuve de notre volonté de tenir nos engagements : le calendrier de mise en œuvre de nos décisions. Nous voulons distinguer les décisions qui peuvent donner des résultats immédiats et celles qui se mettront en place progressivement. Pour les premières, une impulsion décisive sera donnée dès les premiers mois du quinquennat. Des ordonnances seront adoptées entre juillet et septembre 2017, afin de redonner toute leur autorité aux pouvoirs publics, relancer la machine économique et rétablir une solidarité réelle . Des mesures exceptionnelles seront également prises à destination des ménages et des petits entrepreneurs, pour créer des emplois : la suppression de toute charge patronale pendant un an pour toute embauche réalisée par une entreprise de moins de 10 salariés durant l’automne 2017 en est un exemple. Enfin la baisse des impôts pour tous sera engagée dès janvier 2018, avec une baisse générale de la CSG. En revanche nous assumons que les chantiers de long terme, ouverts dès 2017, prendront davantage de temps à se mettre en place, pour garantir la solidité des résultats : la transformation du système scolaire, la fin progressive du statut de la fonction publique territoriale, la mise en place du plafonnement des aides sociales ou la négociation du nouveau traité européen ne se feront pas en un jour. Dire le contraire serait vous mentir. Nous refusons la facilité du mensonge et nous lui préférons la transparence de notre calendrier.
Quatrième preuve : nous vous rendrons des comptes régulièrement sur la mise en œuvre du contrat présidentiel. Les ministres le feront tous les six mois devant les commissions compétentes des assemblées parlementaires. Les directeurs des administrations recevront chacun une lettre de mission avec des objectifs individuels, chiffrés et précis en termes de réduction de la dépense publique et des emplois publics : ceux qui ne les atteindront pas seront remerciés et remplacés. Une équipe de suivi du contrat présidentiel sera installée auprès du Président de la République.
Le succès du quinquennat tient à la clarté des engagements et à la nouveauté de la méthode.
Il repose aussi sur une vision de notre société et du fonctionnement démocratique. Il ne suffit pas de taper du poing sur la table et de décréter le changement pour que quoi que ce soit change en France. Les inerties sont trop lourdes, les habitudes trop tenaces, les résistances trop puissantes. Autorité et conviction doivent aller de pair. Chacun doit se sentir associé à ce nouvel élan que nous voulons donner à notre nation, chacun doit pouvoir jouer son rôle à sa place. Ce ne sont pas les politiques qui créeront des emplois, ce sont les entrepreneurs à qui nous aurons donné la possibilité de le faire, par une fiscalité plus légère, par des règles plus simples. Ce ne sont pas les administrations de la rue de Grenelle qui transformeront en profondeur notre modèle éducatif, ce sont les enseignants, ce sont les principaux de collège à qui nous aurons donné une autonomie plus grande. La responsabilité de chacun est le gage du succès de tous.
Quelle société voulons-nous ?
Mon contrat présidentiel apporte une réponse claire : nous voulons une société juste, nous voulons une société où chacun retrouve sa fierté.
Une société juste, parce que rien de solide ne se construira sur ces injustices qui minent la France. Depuis des décennies, une accumulation de petits calculs électoraux, de clientélisme, de corporatismes et de cadeaux sociaux ou fiscaux a ruiné tout intérêt général. Chacun finit par regarder son voisin avec jalousie ou suspicion. Personne ne trouve son compte. La loi ? Elle est faible avec les puissants, puissante avec les faibles. Les aides sociales ? Elles ne vont pas toutes à ceux qui en ont le plus besoin. Les impôts ? Ils accablent ceux qui travaillent. Les territoires ruraux ? Ils sont abandonnés, dépourvus de travail et de médecins. Nous ne pouvons pas continuer comme cela. Nous voulons une société où celui qui travaille peut vivre dignement de son activité sans se voir confisquer la plus grande partie du revenu de ses efforts. Nous voulons que la loi soit appliquée pour tous et partout. Nous voulons que les plus faibles, pas les plus chanceux ou les mieux informés, soient soutenus, au nom de la solidarité qui a toujours fait la force de notre nation. Nous voulons que les personnes handicapées trouvent toute leur place dans les écoles et sur les lieux de travail. Nous voulons rendre plus douce la vie des personnes dépendantes et de leur famille. Nous voulons que le développement économique et la révolution digitale soient accessibles à tous. Au nom de la justice, nous prendrons des décisions difficiles : sur les règles de cotisation des retraites, qui seront harmonisées, sur la petite délinquance, qui sera sanctionnée avec une tolérance zéro, sur les aides sociales, qui seront plafonnées. Mais qui ne voit pas que cette justice est la condition de notre unité nationale ?
Sur cette base, chacun en France pourra retrouver sa fierté. Nous voulons transformer en profondeur notre modèle éducatif, pour en finir avec une école qui trie et construire une école qui ouvre. Nous refusons cette dévalorisation de la voie professionnelle, qui prive des dizaines de milliers de nos enfants de la reconnaissance de leur talent. Nous construirons des écoles de métiers, qui donneront à chacun de leurs élèves la fierté de son choix et de son avenir. Plutôt que des aides sociales pour tous, nous voulons un travail pour tous, parce que rien ne remplace la fierté de vivre de son travail. Plutôt que des contrats aidés qui sont des impasses, nous voulons des apprentis. Plutôt que des aides pour les agriculteurs, nous voulons des prix qui récompensent la qualité de leurs produits. Nous voulons que chacun soit fier de vivre dans une France qui ne laisse jamais tomber les plus fragiles. Nous voulons que chacun soit fier de créer son entreprise ici et pas ailleurs, parce qu'ici, les règles sont simples, la fiscalité est équitable, le risque est récompensé. Nous voulons que chacun soit fier des découvertes de nos chercheurs, des exploits de nos sportifs, de la générosité de nos associations, pour retrouver ce qui nous fait le plus défaut depuis si longtemps : un engagement commun au service des autres. Nos succès nous rendront notre fierté. Notre culture nous rendra notre fierté. Contre la repentance, nous défendrons un récit national, avec ses ombres que nous affrontons et ses lumières qui nous portent. Contre le dénigrement, nous rappellerons la force de notre amour pour notre nation, si singulière, si vaste, si surprenante.
Demain, nous retrouverons une France dont la voix sera écoutée en Europe. La Grande-Bretagne est sortie de l’Union européenne, les extrêmes progressent dans tous les pays, nos frontières sont mal contrôlées : la crise européenne nous donne le devoir et l’occasion unique de retrouver un leadership en Europe. Nous travaillerons avec notre partenaire allemand et avec les Etats fondateurs à un nouveau projet de traité européen. Simplification des institutions, définition des frontières et fin des négociations d’adhésion avec la Turquie, défense de nos intérêts économiques et agricoles européens dans la mondialisation, affirmation des moyens militaires européens : voilà les ambitions que nous devons porter. Ce traité, nous le soumettrons par référendum au vote du peuple français. Personne, sinon le peuple français, ne peut décider de l’avenir de la France en Europe. Personne, sinon vous, ne peut refermer la blessure démocratique du référendum de 2005, dont la voix n’a pas été respectée.
Demain, nous construirons une France dont la place sera respectée dans le monde. La France est grande quand elle porte une politique étrangère ambitieuse. Elle est respectée quand elle affirme son indépendance et son poids politique. Comment pouvons-nous accepter que la France, première puissance méditerranéenne, soit absente des négociations sur l’avenir de la Syrie ? Comment pouvons-nous défendre nos intérêts économiques et stratégiques en tenant la Russie à distance ? Comment pouvons-nous rester libres en alignant mécaniquement nos positions sur les Etats-Unis ? Nous sommes les alliés des Américains, nous sommes leurs amis, nous ne sommes pas leurs obligés. Comment pouvons-nous prétendre à notre autonomie quand nous lions notre sort aussi étroitement à l’Arabie saoudite et au Qatar dans la région du Golfe ? Il est temps de retrouver une ligne indépendante et claire dans la politique internationale de la France. Demain, nous tracerons cette ligne.
Demain nous appartient.
Vous avez entre les mains mon contrat présidentiel avec ses 1012 pages. Lisez dans ce contrat ce qui vous touche ou ce qui vous intéresse. Le plus important est que nous avancions ensemble sur ce chemin : un chemin de justice et de fierté. Vous pouvez compter sur ma détermination à tenir notre cap. Alors en avant !
Bruno Le Maire