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Fallait-il « sauver » Alstom ? 700 millions d’euros : sauver Alstom aura un coût. Mais rien n’est vraiment réglé.

La facture est astronomique pour « sauver Alstom » Pour préserver 400 emplois sur un site industriel pendant un an, et alors que les 400 employés auraient pu être recasés sur un autre site, l’État dépense 700 millions d’euros pour l’achat de 15 motrices TGV, soit 1,75 million d’euros par poste de travail ou encore plus prosaïquement 110 ans de SMIC par salarié.
Plus de motrices TGV pour sauver Alstom ?

Bien entendu, le site de Reichstoffen qui produit des motrices classiques s’inquiète à juste titre de la baisse d’activité qui ne manquera pas d’en résulter pour lui, puisque, si la SNCF fait rouler des motrices TGV sur des lignes corail, c’est autant de locomotives corail qui ne seront ni fabriquées ni vendues. On aura dépensé tout cet argent pour transférer le problème sur l’usine qui marchait.
Motrices TGV sur lignes classiques : une bonne idée ?

La SNCF s’inquiète aussi, car mettre des motrices TGV sur des lignes classiques signifie un entretien plus coûteux, sans rien apporter puisque la vitesse est limitée par le réseau. On ne fait pas rouler une formule 1 sur une départementale. Pour les trains, c’est pareil.

À ce stade et si l’État veut vraiment empêcher les employés de Belfort de se délocaliser, il aurait été plus intelligent de leur refiler 200 000 euros à chacun, la note aurait été divisée par plus de 8, et peut-être un ou deux des bénéficiaires aurait-il choisi de créer une nouvelle entreprise…
700 millions qui vont sauver Alstom ?

J’ai parfois l’impression que ceux qui essaient de nous gouverner sont restés de grands enfants. Il est vrai qu’à force de rester entre hauts fonctionnaires sans jamais avoir vu à quoi la vraie vie ressemblait, il est impossible de grandir. Après avoir joué au meccano industriel, les voilà qui se mettent au train électrique. Ils achètent des locomotives pour le compte de la SNCF qui n’a rien demandé et sans aucun appel d’offre, au mépris de toutes les règles.

Le drame dans tout cela, est que cette nouvelle ponction de 700 millions pour ne rien sauver, c’est l’équivalent de 44 000 SMIC annuels bruts, donc 20 000 à 30 000 emplois détruits ailleurs (en comptant large avec les charges sociales patronales).
Fallait-il sauver l’usine ?

Sarkozy avait nationalisé Alstom pour ne pas laisser sombrer la société, alors que la branche ferroviaire perdait déjà de l’argent et aurait pu être vendue pour renforcer le reste. C’était, parait-il, une bonne affaire. C’est vrai que mettre l’État aux commandes d’une entreprise, tout le monde sait que ça marche mieux. On place un chef comptable (haut fonctionnaire énarque de préférence et peut-être incompétent mais du bon bord politique) à la présidence, il dégaine sa calculette mais n’a aucune vision industrielle ; il ne cherchera pas à innover, ne regardera que le profit à très court terme et ne verra pas ce qu’il a sous le nez.

Il y a dix ans que Belfort n’a plus vendu une locomotive. Trop de charges et d’impôts pour être compétitifs dans les appels d’offre, trop de rigidité pour une entreprise qui s’imagine avoir un marché captif parce qu’il y a des accords-cadres avec la SNCF, autre entreprise d’État en faillite. Il faut fermer le site ? Qu’à cela ne tienne et Alstom peut se permettre d’être généreux avec les salariés qui ne veulent pas déménager plutôt que d’entretenir une usine non rentable. Il y a des années que cela aurait dû être.

Source: Serge Federbusch

Plus: Tout sur Alstom

 

Dans un sondage Odoxa pour franceinfo révélé vendredi 7 octobre, plus de deux tiers des Français estiment que le sauvetage par l'État du site d'Alstom à Belfort est une décision électoraliste et inefficace sur le long terme. Voir.