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Malika Meddah et sa mémoire des harkis à Saint-Paul en Forêt 1969.

 

Née en 1959 en Kabylie, Malika Meddah n'a jamais oublié son arrivée en France dix ans plus tard, avec ses deux soeurs et ses parents. Une épreuve se terminait, qui avait vu son père, Mohamed, emprisonné par le FLN durant sept ans pour avoir été harki. Une nouvelle vie commençait.

Mohamed fut désigné pour aller s'installer dans un hameau de forestage de 25 familles, à Saint-Paul-en-Forêt, dans le Var. Cette formule avait l'avantage à la fois de fournir un travail de bûcheron au chef de famille (issu en général de la petite paysannerie) et un logement pour sa femme et ses enfants.

Mais en général, cette sécurité confinait les résidents dans un isolement peu propice à favoriser leur intégration dans la société française, d'autant qu'ils étaient souvent illettrés.

"Je ne parlais que le kabyle"

Malika, aujourd'hui mère et grand-mère, se souvient que, sans doute en raison de son caractère enjoué, elle s'était retrouvée « à l'aise » dans ce coin de Provence. En outre, par « chance », contrairement à d'autres hameaux, celui-ci était proche du village. Elle a donc pu y effectuer sa scolarité : « Je ne parlais que le kabyle. En deux ans, l'instituteur m'a amenée au niveau CM1. »

Trois frères naissent ensuite. Et la famille déménage à Saint-Raphaël. Souffrant des séquelles de sa captivité, le père décède sans pouvoir profiter d'une paisible retraite. Malika, elle, mène sa scolarité sans problème.

À 18 ans, elle se marie, donne naissance à un enfant et commence à travailler dans un atelier de couture. Elle aurait bien voulu à ce moment-là reprendre des études, mais son petit salaire était indispensable pour la marche du foyer.

Malgré tout, Malika s'est toujours sentie « très intégrée ». Comme beaucoup d'enfants de harkis, elle a très tôt aidé ses parents à effectuer les diverses formalités auprès des administrations.

Un besoin d'apaisement

Aujourd'hui, elle offre une écoute et un soutien aux aînés, devenus âgés. Elle le fait avec l'Union nationale des harkis, associés et sympathisants, fondée en région parisienne par le vétéran Messaoud Kafi, auteur d'une récente autobiographie à compte d'auteur - De berger à harki - où pour la première fois un harki raconte lui-même sa vie.

Et puis, avec le concours d'un ancien officier de la harka en Algérie, Jacques Mirlier, Malika Meddah apporte aussi une aide pratique à ces anciens : pour celui-ci à qui une indemnité n'a toujours pas été versée ; pour celui-là dont les petits-enfants cherchent un emploi.

Elle organise enfin des activités culturelles et des sorties commémoratives par exemple au camp de Rivesaltes. « Ils sont heureux de se retrouver, explique-t-elle. Après les souffrances qu'ils ont endurées, ils ont besoin d'apaisement. Nous, les enfants, nous leur devons bien cela.

Source: la-croix.com