« Discussions en cours » entre Alstom et le gouvernement
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 13.09.2016 à 10h30 • Mis à jour le 14.09.2016 à 06h45
La fermeture du site Alstom de Belfort tourne au bras de fer entre le gouvernement et la direction de l’entreprise. Le président de la République, François Hollande, a affirmé, mardi 13 septembre, que « tout sera[it] fait pour que le site de Belfort soit pérennisé [pour] plusieurs années » ; le premier ministre, Manuel Valls, a, lui, déclaré qu’il était « hors de question que le site ferme », comme annoncé par le groupe, qui souhaite transférer sa production de locomotives de Belfort à Reichshoffen (Bas-Rhin) d’ici à 2018.
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Des propositions fin septembre
Dans l’après-midi de mardi, le secrétaire d’Etat à l’industrie, Christophe Sirugue, a rencontré plusieurs syndicats, à Bercy. « On a été écoutés » par M. Sirugue, qui « se donne dix jours pour nous apporter des réponses », a annoncé, à la sortie, Stéphane Flégeau, de la CGT métallurgie.
« Des rencontres vont être organisées avec l’ensemble des acteurs de la filière dans les prochains jours », selon le syndicaliste, qui a cité la SNCF, la RATP et le Syndicat des transports d’Ile-de-France. M. Sirugue s’est engagé à recevoir de nouveau les représentants des personnels fin septembre pour leur faire des propositions.
De son côté, le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, a affirmé, mardi, qu’il y avait des « marges de manœuvre » à propos de l’usine de Belfort, selon le maire de la ville, Damien Meslot (Les Républicains). « M. Poupart-Lafarge nous a dit qu’il y avait des possibilités de discussions, a précisé l’édile. Nous avons senti un PDG ouvert à la négociation. Il faut que le gouvernement trouve des commandes. »
Alstom a confirmé, mardi en fin de journée, s’être engagé dans des pourparlers avec le gouvernement. « Aucune décision ne sera prise » avant la fin de ces discussions, a annoncé la direction du groupe.
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Les pouvoirs publics alertés, selon Alstom
Pourtant, mardi matin, M. Henri Poupart-Lafarge s’était montré pessimiste et avait semblé écarter tous les scénarios évoqués. La pénurie de commandes rend « aujourd’hui impossible (…) un avenir pérenne pour les activités du site de Belfort », affirmait-il dans un message aux salariés du groupe. « Nous avons maintenu une production à Belfort aussi longtemps que nous l’avons pu », assurait-il, ajoutant avoir « alerté les pouvoir publics sur cette situation depuis plusieurs mois ».
Pierre Gattaz, le président du Medef, s’est joint à la voix de M. Poupart-Lafarge. « Je suis choqué de voir les cris d’orfraie sur le sujet. Je crois savoir qu’Alstom, notamment à Belfort, a tiré la sonnette d’alarme depuis des années », a déclaré le dirigeant, qui qualifie la position de l’Etat de « posture », de « jeu de rôle », de « comédie ».
Ces affirmations ont toutefois été rejetées par le secrétaire d’Etat à l’industrie. M. Sirugue a assuré sur LCI que l’Etat n’avait pas été « informé du tout » de la volonté d’Alstom d’arrêter la production ferroviaire sur son site de Belfort, et qu’il s’agissait là d’une « faute ».
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« Un trou de commandes »
Selon le secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, le site de Belfort « ne sera en difficulté que dans deux ans (…) avec un trou de commandes qui va de 2018 à 2022. » Il a donc listé cinq dossiers visant à remédier au manque de commandes, dont trois pouvant « se concrétiser rapidement ».
- Le levier SNCF. Le premier concerne une « négociation directe » entre la Société nationale des chemins de fer (SNCF) et Alstom sur un train assurant la liaison Paris-Turin-Milan.
- Le levier RATP. La deuxième commande potentielle pourrait venir de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) « pour des petites machines, des locomotives, pour faire des travaux ».
- Les trains régionaux. Sur le troisième dossier, Alain Vidalies confirme que l’Etat veut commander au groupe Alstom trente rames pour des trains régionaux et Intercités. Cette commande sollicite l’ensemble du groupe Alstom, et pas uniquement son site de Belfort.
Deux autres pistes ont été avancées par le secrétaire d’Etat aux transports :
- Le STIF. L’une pourrait correspondre au « plus grand appel d’offres qui ait jamais existé, 3,5 milliards d’euros, lancé par le Syndicat des transports d’Ile-de-France [STIF], dont on attend la réponse. Si elle devait être en tout ou partie favorable à Alstom, on peut penser qu’une partie, au moins pour l’“engineering” [ingénierie], pourrait être affectée à Belfort. C’est le message qui est envoyé aujourd’hui par le gouvernement, à la fois à Alstom et à ceux qui décident du marché, en l’occurrence l’Ile-de-France », a assuré M. Vidalies.
- Appel d’offres. Enfin, M. Vidalies devrait lancer « en fin d’année pour un milliard [d’euros] un appel d’offres pour des trains d’équilibre du territoire pour les lignes structurantes. »
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Source: lemonde.fr