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Elon Musk et Peter Thiel mettent leurs fortunes et leurs réseaux au service de Donald Trump et de J. D. Vance

Les deux milliardaires de la Silicon Valley ont lancé une vaste collecte pour financer la campagne du candidat républicain.

Par Damien Leloup et Alexandre Piquard

 

Elon Musk (ici le 9 mars 2020, à Washington) et Peter Thiel (le 9 février 2022, à Scottsdale, Arizona), soutiennent tous les deux la candidature de Donald Trump à la présidentielle américaine.

 Elon Musk (ici le 9 mars 2020, à Washington) et Peter Thiel (le 9 février 2022, à Scottsdale, Arizona), soutiennent tous les deux la candidature de Donald Trump à la présidentielle américaine. AFP / WIKIMEDIA COMMONS CC BY 3.0

 

Depuis plusieurs jours, la presse américaine montre qu’une partie des figures de la Silicon Valley, dont la population vote très majoritairement démocrate, a lourdement investi dans la candidature de Donald Trump à la Maison Blanche. Elon Musk va ainsi financer la campagne de ce dernier à hauteur de 45 millions de dollars (41,3 millions d’euros) par mois, soit environ 180 millions de dollars d’ici à la présidentielle de novembre, a révélé le Wall Street Journal, lundi 15 juillet.

 

Les frères Winklevoss, connus pour leur bataille juridique contre Mark Zuckerberg autour de l’invention de Facebook, ont de leur côté versé 250 000 dollars chacun pour soutenir le candidat républicain, note le Financial Times. Des figures du capital-risque de la Silicon Valley, dont des cadres des fonds d’investissement dans la tech Sequoia Capital, Valor Equity, Khosla Ventures ou 8VC, alignent quant à elles des sommes importantes pour abonder la trésorerie de la campagne républicaine. Elles vont être rejointes par celles des puissants fondateurs du fonds Andreessen-Horowitz, Marc Andreessen (qui a tweeté un drapeau américain le jour de l’attentat contre M. Trump) et Ben Horowitz : ils ont annoncé en interne vouloir faire des donations au candidat, a indiqué, mardi 16 juillet, The Information.

 

Un duo d’architectes semble se détacher dans cette offensive de financement. Elon Musk d’abord, qui aimait se présenter comme un centriste et assurait avoir voté pour des candidats démocrates par le passé, mais est engagé depuis trois ans dans un glissement très droitier. Lors des élections de mi-mandat, en 2022, le dirigeant de Tesla, SpaceX et X avait pris position pour les républicains. Toutefois, il affirmait encore, en mars, ne donner d’argent à aucun candidat à la présidentielle.

Un nouveau Super PAC

L’autre moteur de ce groupe de soutien à Donald Trump est Peter Thiel, l’un des rares conservateurs assumés de la Silicon Valley depuis des années. L’ancien cofondateur – avec notamment Elon Musk – de PayPal finance depuis des années des campagnes de candidats républicains, et il figurait dès 2016 parmi les conseillers officieux de Donald Trump sur les sujets numériques.

Elon Musk et Peter Thiel ont cofondé l’America PAC, un nouveau Super PAC (un « comité d’action politique », qui permet notamment de collecter des dons) destiné à soutenir Donald Trump. Les deux hommes ont pour cela largement puisé dans leur réseau : selon les informations du New York Times, l’un des directeurs du fonds est Joe Lonsdale, cofondateur avec Peter Thiel de la start-up spécialiste du traitement de données et du renseignement Palantir, qui a personnellement contribué au Super PAC à hauteur de 1 million de dollars.

 

Plus largement, des acteurs du milieu américain de la tech ont ces derniers jours affiché sur X leur soutien à Donald Trump après l’attentat raté, le 13 juillet, contre le candidat, comme Eli David, un consultant en intelligence artificielle. David Sacks, un influent investisseur également proche de Peter Thiel et conseiller d’Elon Musk dans son opération de rachat de X, s’est, pour sa part, exprimé, lundi 15 juillet, sur la scène de la convention du parti républicain pour apporter son soutien à Donald Trump. « Dans ma belle ville de San Francisco, le règne des démocrates a transformé les rues en un cloaque de criminalité, de campements de sans-abri et d’usage de drogue en public », a-t-il assuré, fustigeant aussi l’arrivée de « milliers d’immigrants illégaux ».

Rôle-clé de la nomination de J. D. Vance

La nomination, lundi, du sénateur de l’Ohio, James David Vance, comme colistier de Donald Trump a par ailleurs resserré ces liens entre une partie de la Silicon Valley et le ticket républicain à la présidence. L’ultraconservateur sénateur connaît bien le monde des investisseurs de la tech : sa campagne de 2022 avait été largement financée par Peter Thiel.

J. D. Vance a travaillé pour le fonds d’investissement personnel de ce dernier, Mithril Capital, qui a lui-même investi dans le fonds de J. D. Vance, Narya Capital. Le nouveau colistier est par ailleurs actionnaire de la plate-forme de vidéos peu modérée Rumble et d’une application de prière, Hallow.

 

Sa désignation a été abondamment saluée par la frange la plus à droite de la Silicon Valley, à commencer par Elon Musk, qui a qualifié ce choix « d’excellent ». « Ça sent la victoire », a-t-il poursuivi, avant de plaisanter sur la proposition faite par le nataliste J. D. Vance d’accorder aux parents un vote supplémentaire pour chacun de leurs enfants à charge : « Ça marche pour moi », a commenté l’homme d’affaires, qui a lui-même douze enfants.

« Le pari précoce fait par Peter Thiel sur J. D. Vance montre que c’est le meilleur venture capitalist de sa génération », a salué, sur X, Zak Kukoff, un ancien du fonds de capital-risque tech General Catalyst. « On nous a dit que Trump est égoïste, mais après s’être fait tirer dessus, il s’est courageusement redressé pour combattre. On nous a dit qu’il était vindicatif, mais il a choisi J. D. Vance, qui n’était pas trumpiste en 2016. Tout ce qu’on nous a raconté était des mensonges », écrit, de son côté, sur X, Shaun Maguire, du fonds Sequoia, reprenant l’argumentaire antimédias de son « héros », Trump.

La nomination de J. D. Vance, auteur de plusieurs projets de loi pour déréguler les cryptoactifs, entre aussi, en partie, dans la stratégie favorable aux cryptomonnaies de Donald Trump, qui a multiplié ces dernières semaines les clins d’œil aux investisseurs. Très critique à l’égard du bitcoin et des autres cryptoactifs il y a quelques années, l’ancien président affirme désormais vouloir que « tous les bitcoins restant soient minés [produits] aux Etats-Unis ». Une affirmation qui n’a guère de sens, mais qui a provoqué un rebond du cours de la plus connue des cryptomonnaies. Donald Trump est attendu à la fin du mois à la Bitcoin Conference 2024 à Nashville (Tennessee), où il devrait prononcer un discours.

 

Damien Leloup et Alexandre Piquard