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Reconstruction de Notre-Dame : le culte du silence, le coût d’une impatience

Le lustre retrouvé de la cathédrale parisienne se voit entaché des défauts inhérents au macronisme. Le président, trop impulsif et pressé, s’est appuyé sur un établissement public, Rebâtir Notre-Dame, marqué par l’esprit de commando. Revue de détail.

Antoine Perraud

6 décembre 2024 à 17h58

 

La sainte alliance du sabre et du goupillon n’a pas perdu la main ni dit son dernier mot, mercredi 27 novembre au soir, à la librairie La Procure, dans le VIearrondissement de Paris. Y parlent, pour ne surtout rien dire, l’ingénieur général de l’armement, Philippe Jost, à la tête de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame, ainsi que l’archevêque de la capitale, Laurent Ulrich.

Le monseigneur disserte sur « la joie de croire » (sa devise épiscopale) et sur « l’œuvre de résurrection » d’une cathédrale chère au monde entier. Quant au polytechnicien, qui a succédé en septembre 2023 au général Georgelin décédé en montagne, il cite Eisenhower : « On gagne des guerres avec la logistique. » Et de partir dans un éloge des grues et autres plateformes de levage.

Le public, venu en nombre, est prévenu d’entrée : aucune question ne sera posée. Tout est verrouillé, une fois de plus. Dès le lendemain de l’incendie de Notre-Dame de Paris, survenu le 15 avril 2019, instruction de se taire fut donnée. Les rares fonctionnaires ayant ouvert le bec sont rappelés à l’ordre, menace statutaire à l’appui, témoignent plusieurs sources auprès de Mediapart.

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La cathédrale Notre-Dame de Paris se reflète dans la vitrine d'un hôtel à Paris, le 2 décembre 2024. © Photo Dimitar Dilkoff / AFP

 

En novembre 2019 s’illustrait l’ancien chef d’état-major des armées, Jean-Louis Georgelin, nommé aussitôt après la catastrophe par le président Macron pour superviser le chantier de la reconstruction. Face à la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le général tonitruait, à propos de l’architecte en chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve : « Qu’il ferme sa gueule ! »

Le silence règne donc dans les rangs (lire la boîte noire). Un seul mot d’ordre : glorification unanime du « chantier du siècle ». Maître d’ouvrage comme maître d’œuvre, l’Église ainsi que l’État, les experts pareillement aux mécènes : tous forment, officiellement, une société d’adoration mutuelle.

Omerta sur la cause de l’incendie

Les interrogations ne manquent pourtant pas. La première d’entre elles est encore soulevée, l’air de rien, par la dépêche de l’AFP annonçant la venue de Donald Trump samedi 7 décembre à la cérémonie de réouverture de la cathédrale : « Cet incendie, dont les causes n’ont pas encore été déterminées », écrit l’agence de presse.

D’où partirent les flammes ? Sur le moment, les pistes fantaisistes ou malveillantes allèrent bon train : quelque mégot, voire une intention de nuire d’ouvriers pas très catholiques – selon la piste islamophobe reniflée sans relâche par l’extrême droite et ses relais.

Que nenni ! Ce fut un court-circuit, sans doute dans les parages du bas de la flèche. Voilà ce qui ressort, après cinq ans d’enquête, au printemps 2024. Mais le dossier judiciaire est cadenassé. L’État, propriétaire du bâtiment et donc partie civile, n’en facilite pas l’accès. Néanmoins deux pistes se dégagent, selon les informations recueillies par Mediapart : l’ascenseur de l’échafaudage, ou alors un système de sonnerie de cloches – pointé dès après l’incendie par Le Canard enchaîné.

Or la zone des travaux était inactive cette funeste semaine là, nous assurent des sources concordantes. En revanche, le 15 avril 2019, lundi de la Semaine sainte, un office avait encore sonné douze minutes avant l’alerte incendie. Et ce, par le truchement d’une installation provisoire mais devenue définitive, mise en place au bas de la flèche par le clergé : la Drac (direction régionale des affaires culturelles) l’avait autorisée, contre l’avis du conservateur régional des monuments historiques de l’époque, soutient un expert au fait du dossier.

La question de la responsabilité de l’incendie relève de l’omerta. Deux prêtres impliqués dans la reconstruction de la cathédrale nous le confirment : « Mgr Ulrich et l’archevêché ont très vite fait comprendre que l’origine du brasier était un sujet tabou. » Comment ne serait-ce qu’envisager que l’Église, pour avoir obtenu de faire fi des règlements de sécurité, soit à l’origine de l’incendie ?

Personne n’a intérêt à obtenir, ni même à chercher, de réponse. Ne serait-ce que pour des raisons économiques colossales.

Maryvonne de Saint Pulgent

 

Un architecte en chef des monuments historiques n’y va pas par quatre chemins, sous couvert de l’anonymat : « Une telle cause, plausible, de l’incendie, parce qu’elle “mouille” le clergé, explique le pas de deux entre le président de la République et l’archevêque de Paris ; le premier tenant ainsi le second par la barbichette… »

La seule personne qui accepte de s’exprimer à découvert est Maryvonne de Saint Pulgent. Autrice d’un livre qui décrypte les enjeux politiques, religieux et patrimoniaux du monument depuis le XIIe siècle, La Gloire de Notre-Dame : la foi et le pouvoir, cette conseillère d’État honoraire, qui occupa de hautes fonctions au ministère de la culture, reçoit Mediapart dans son salon faramineux du Faubourg Saint-Germain.

Elle est formelle : « Personne n’a intérêt à obtenir, ni même à chercher de réponse. Ne serait-ce que pour des raisons économiques colossales, puisque les assurances ne resteraient pas inactives, au vu de l’importance du sinistre, si une responsabilité se voyait désignée. Toutes les conditions sont donc réunies pour qu’on réfléchisse indéfiniment à ce mystère… »

Maryvonne de Saint Pulgent en veut pour preuve le rapport de la Cour des comptes, « remarquablement bienveillant », qui date de 2022 – le suivant était censé paraître en cette fin d’année 2024 mais il devrait n’être disponible qu’en 2025, histoire de ne gâcher en rien l’acquiescement de rigueur attendu pour la réouverture.

Le général et ses séides

L’omerta couvre aussi les pompiers, héroïsés sans relâche mais non exempts de retards à l’allumage lors de leur intervention – ne serait-ce que par l’absence d’une grue appropriée, rappellent plusieurs sources. Une telle immunité générale a permis à chaque partie de continuer comme si de rien n’était : chacun est resté en place après l’incendie, pour réparer ce qui avait été détruit sans se poser plus de questions.

C’est ce péché originel de la catastrophe et de sa gestion qui offrit à Emmanuel Macron l’occasion de jouer au deus ex machina. Il se fit fort d’apparaître seul à même de tourner au plus vite la page en fixant l’avenir. Et ce, commentent des sources concordantes, au grand soulagement du clergé, des architectes, des entreprises, ou encore du ministère de la culture ; tous prêts à faire le gros dos en profitant de cette amnistie-amnésie aussi providentielle que présidentielle.

L’Élysée désigna donc Jean-Louis Georgelin, bientôt à la tête d’un établissement public. Le général et ses séides procédèrent à des nominations en remplacement d’éléments jugés insuffisamment proches – nous avons pu recueillir des témoignages de passionnés ainsi évincés. En résulta une structure à l’esprit commando et au goût du secret, servant de bras armé apte à mener une reconstruction de Notre-Dame de Paris en cinq ans, selon le vœu présidentiel expectoré urbi et orbi le soir même du désastre.

Impossible, malgré nos demandes, d’obtenir des comptes précis.

Déjà une forme d’autoritarisme et d’opacité perçait sous le discours patelin et patriotique : la reconstruction de la cathédrale s’est révélée autant la métaphore du macronisme que la vitrine du génie français. Personne ne nie la prouesse accomplie. Mais nombreux sont ceux qui en soulignent les vices. Impossible, malgré nos demandes, d’obtenir des comptes précis. 150 millions pour la mise en sécurité du monument, 550 millions pour la restauration, va répétant Philippe Jost en s’attribuant un satisfecit de « bon gestionnaire économe ».

Or ce marché hors norme – le ministère de la culture peine à dégager 10 millions par an pour la restauration d’une cathédrale : ce fut donc 100 millions par an pour Notre-Dame – a provoqué un effet d’aubaine gigantesque. Pas seulement parce que les équipes n’ont jamais été aussi nombreuses sur un chantier, comme le plaide auprès de Mediapart un membre du comité scientifique de l’établissement public.

Les surdépenses ont parfois été telles que l’architecte en chef des monuments historiques chargé du chantier, Philippe Villeneuve, a refusé de signer certains avenants, nous assure l’un de ses confrères familier de la situation. Sollicité, Philippe Villeneuve ne nous a pas répondu (lire en boîte noire). Il doit pourtant savoir que le maître d’œuvre risque de servir de bouc émissaire en cas de dépassements trop spectaculaires – ce fut le cas pour Jean Nouvel au sujet de la Philharmonie de Paris en 2015.

La vitesse au prix des dégâts

Les mystères de la « pompe à phynance » ne s’arrêtent pas là. Sur les 843 millions de dons collectés (des parrains du capitalisme mondial aux petites contributions d’anonymes), quelle part a été dévolue au fonctionnement et train de vie de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame ? Refus de répondre.

L’intérieur du monument a presque tout englouti : réfection des toitures (charpente, couverture et flèche, celle-ci étant inachevée à ce jour) ; restauration des maçonneries extérieures (bras du transept, sacristie et trésor) ; nettoyage intérieur de la cathédrale (murs et vitraux).

Subsistent 140 millions pour le reste. Le chiffre est officiel. C’est pourtant loin d’être suffisant, étant donné l’état très endommagé du chevet comme des grands arcs-boutants, sans oublier les abords de la sacristie. Y aura-t-il d’autres appels aux dons ? Les plus gros « bienfaiteurs » – les familles Arnault et autres Pinault –, qui viennent de refuser de verser le moindre kopeck pour financer le show de la réouverture du 7 décembre, accepteront-ils de mettre à nouveau la main à la poche ? Un ange passe…

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Une restauratrice d’œuvres d’art sur le chantier de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, à Paris, le 28 juillet 2022. © Photo Geoffroy van der Hasselt / Pool / AFP

 

Outre l’argent qui semble ainsi volatil et nébuleux, à l’instar des comptes publics de ces dernières années, une autre caractéristique apparaît, où l’on reconnaît la patte d’enfer du macronisme : la précipitation menant à la confusion. Faire vite et quoi qu’il en coûte a provoqué des dégâts, dont certains irrémédiables et pourtant évitables – il eût suffi de prendre un peu plus de temps, au lieu de s’en tenir à la cadence politique imprimée à tout prix.

Ainsi en est-il allé de la dépollution et du nettoyage intérieur du monument, gorgé d’eau par les pompiers dans le feu de l’action. Au lieu d’utiliser du coton pour, à la longue, absorber l’humidité, une solution abrupte fut employée : le latex. En conséquence, l’épiderme médiéval de la cathédrale, préservé par Viollet-le-Duc au XIXesiècle, a disparu, nous explique un expert, qui enchaîne sur cette pirouette : « Les dégâts auraient été pires si l’on avait suivi le président Trump, qui conseillait, le 15 avril 2019, d’utiliser des canadairs pour venir à bout de l’embrasement ! »

Voilà en tout cas une perte fatale, tant pesait l’empressement : « Coût archéologique du délai », écrit Jean-Michel Leniaud, historien de l’art et président de la Société des amis de Notre-Dame de Paris.

Les foucades du pouvoir

Autre exemple des ravages de la hâte dictée au sommet : le jubé du XIIIe siècle de la cathédrale, démantelé en 1792 et qu’on croyait à jamais disparu, a été retrouvé lors des fouilles de sauvetage à la croisée du transept en 2022. Las ! Il a fallu presser le mouvement. En conséquence, une partie n’a pu être dégagée.

Au nom de l’établissement public, Philippe Jost communique volontiers sur les sculptures soustraites et leur polychromie restituée, mais reste muet sur les éléments demeurés prisonniers des entrailles de la cathédrale – alors que des fouilles prolongées de quelques semaines auraient pu préserver ce patrimoine. Voilà ce qu’énonce Maryvonne de Saint Pulgent et ce que n’a cessé de marteler Didier Rykner dans La Tribune de l’art.

L’établissement public, machine à recevoir des ordres et à les répercuter, s’est livré pendant cinq ans à une course de canard acéphale. Quels sont les partis pris de cette restauration appelée à servir de référence ? L’incohérence est patente et le discours a fluctué au gré des foucades du pouvoir politique, passant d’une position reconstructrice au culte du dernier état connu, tout en versant soudain dans des visées modernistes.

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Peintures murales des chapelles de Notre-Dame de Paris, exécutées sur les cartons de E. Viollet-Le-Duc et relevées par Maurice Ouradou. © Gallica / BNF

 

Tantôt, le projet ne jure que par Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), qui serait ainsi rétabli. On fait mine alors d’oublier qu’il n’a jamais été question de reconstituer dans les chapelles du déambulatoire, à partir des cartons de l’architecte et théoricien du XIXesiècle, ses peintures murales – elles furent décapées au début des années 1960, dans un acte de vandalisme d’autant plus fâcheux qu’André Malraux était alors ministre d’État chargé des affaires culturelles.

De surcroît et surtout, on fait le choix de ne pas replacer les vitraux du haut de la nef dus à Viollet, en préférant conserver ceux installés à la place après la dernière guerre.

Tantôt, Rebâtir Notre-Dame prétend plutôt s’inspirer de la charte de Venise (1964). Celle-ci vise à « sauvegarder tout autant l’œuvre d’art que le témoin d’histoire ». Elle considère que « la restauration a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument ». C’est clair : « Respect de la substance ancienne », proclame ce texte rédigé puis adopté voilà six décennies.

Mais le président Macron se pique très tôt d’un « geste architectural » futuriste, œuvre d’un « starchitecte » créatif qui planterait dans le monument une flèche moderne en verre et titane. La ministre de la culture de l’époque, Roselyne Bachelot, dit alors haut et fort que la flèche sera refaite à l’identique.

L’artiste Pascal Convert se retire : c’est une protestation contre le mépris des corps intermédiaires dont témoigne, une fois de plus, Emmanuel Macron.

Puis le général Georgelin réussit à faire avaler sa flèche – il faut lui reconnaître cet art de roué – au chef de l’État. Celui-ci gardait un tel échec en travers de la gorge : il tenait à laisser sa marque up to date, à la façon d’un Mitterrand et de la pyramide de Peï au Louvre. Alors le président s’est rabattu sur des vitraux contemporains destinés aux chapelles latérales de la nef. Emmanuel Macron prétend accéder ainsi aux désirs du clergé, qui lui renvoie la balle : nous n’y sommes pour rien, l’idée vient de l’Élysée.

Hors de question de se faire retoquer cette fois, prône le palais piqué au vif. Et tant pis si la commission du patrimoine oppose un avis « catégoriquement négatif » – il n’est après tout que consultatif : il y aura bien des vitraux contemporains grâce à un concours relancé, nonobstant les oppositions.

L’établissement public et le clergé acceptent l’oukase. L’artiste Pascal Convert le refuse quant à lui. Il retire sa candidature en accord avec le maître verrier avec lequel il s’était associé. Et ce, pour des raisons politiques ainsi qu’il le confirme à Mediapart : c’est une protestation contre le mépris des corps intermédiaires dont témoigne, une fois de plus, selon lui, Emmanuel Macron, en passant outre l’avis de la commission du patrimoine.

Dernières contradictions

Cette commande de vitraux contemporains paraît mal emmanchée. Ils sont censés remplacer ceux conçus par Viollet-le-Duc, classés monuments historiques, épargnés par l’incendie et restaurés avec l’argent des donateurs. Le cahier des charges exige du figuratif, or Daniel Buren, pas figuratif pour un sou mais favori de l’Élysée, présente un projet.

L’œuvre retenue devait être dévoilée début novembre, puis fin novembre, puis plus rien : bisbilles possibles entre le président Macron et l’archevêque Ulrich ? Surtout, de l’avis général, volonté de ne pas ternir la réouverture avec des polémiques et les recours qui s’annoncent de tous côtés.

De surcroît, comme le souligne Maryvonne de Saint Pulgent : « Les vitraux contemporains ne relèvent pas de la restauration, donc de la manne financière recueillie en conséquence à la suite de l’incendie. Le coût de cette opération est entièrement à la charge du budget ordinaire de la culture, ce qui n’est pas sans soulever bien des difficultés en ces temps de frugalité pour ne pas dire de disette… »

Cette façon d’imprimer sa marque, quitte à mettre les finances en péril, se retrouve du côté de l’archevêché. Mgr Ulrich a voulu son mobilier liturgique payé sur les deniers de l’Église. Là encore, un cahier des charges précis – sont exigés des éléments « naturels » –, mais à l’arrivée une décision en contradiction avec les instructions initiales : est choisi le bronze, qui n’a rien de naturel puisque c’est un alliage.

L’autel commandé en 1989 par le cardinal Lustiger était du reste en bronze. Une chute de poutre et de gravats l’a détérioré lors de la conflagration d’avril 2019. Une restauration était possible. Mais Mgr Ulrich, soucieux de son legs à venir, entend gommer, indiquent à Mediapart des clercs liés à la cathédrale, les traces de Jean-Marie Lustiger – dont le rayonnement autoritaire n’a pas laissé que de bons souvenirs au sein du diocèse.

Un tel effacement d’un cardinal né juif, pour lequel fut récité le kaddish sur le parvis de Notre-Dame lors de ses obsèques en 2007, relève-t-il d’un certain antijudaïsme chrétien ? Un ecclésiastique très au fait de la situation commence par nier un tel tropisme auprès de Mediapart, tout en lâchant cette remarque : « Il est vrai que se murmurait, même parmi une fraction du clergé, quand Mgr Lustiger commanda un nouveau mobilier il y a trente-cinq ans, que si l’autel choisi était étroit, c’est que le cardinal voulait y officier seul, à l’instar du Grand-prêtre d’Israël au Temple… »

Vertigineuse histoire de pouvoir et d’argent, la reconstruction de Notre-Dame ne concorde pas toujours avec le récit hagiographique des médias dominants. La réouverture se voulait point d’orgue du macronisme triomphant. « Un choc d’espérance », dixit – en paraphrasant son « choc de croissance » – le président Macron, qui ne déteste pas les heurts mais se soucie peu des impacts.

Le pape François, pour sa part, a vu venir le coup. Deux cent vingt ans et cinq jours après le sacre de Napoléon à Notre-Dame, le 2 décembre 1804, le souverain pontife n’a peut-être pas souhaité se retrouver dans la situation de son lointain prédécesseur Pie VII : servir de faire-valoir à l’empereur des Français...

À défaut de Saint-Père, Emmanuel Macron a obtenu Donald Trump. Or ce dernier serait plutôt du genre à lui voler la vedette. Les chanoines de Notre-Dame de Paris rient déjà sous cape, dans la mesure où se confirmera sans doute, sous nos yeux, samedi 7 décembre, ce qui vaut pour les crocodiles et le marigot : il n’y a pas de place pour deux diables dans le même bénitier.