Covid-19 : les myocardites post-vaccination sont moins sévères que celles liées à une infection par le virus
Une vaste étude de chercheurs d’Epi-Phare, publiée lundi 26 août, analyse les complications cardio-vasculaires de ces différentes catégories de patients, dix-huit mois après leur première hospitalisation.
Plus de trois ans et demi après l’injection en France de la première dose de vaccin contre le Covid-19, que sait-on des myocardites associées à ce produit ? Une étude, publiée lundi 26 août dans Journal of the American Medical Associationpar des chercheurs d’Epi-Phare, vient éclairer cette question. Leurs travaux montrent que les complications cardiaques suivant des myocardites post-vaccination sont moins importantes que celles qui sont liées aux myocardites intervenant après une infection de Covid-19.
Il s’agit du dernier travail en date de ce groupement de scientifiques de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé et de l’Assurance-maladie, qui avait montré en 2022 un risque accru de myocardite et de péricarditedans la semaine suivant la vaccination contre le Covid-19 par les vaccins à ARN messager, en particulier la deuxième dose du vaccin Spikevax de Moderna. Une découverte qui avait poussé les autorités sanitaires à déconseiller, en novembre 2021, le recours à ce vaccin pour les moins de 30 ans, et donc à privilégier pour cette population la version de Pfizer.
La myocardite, inflammation du muscle du cœur dont la première cause est les infections virales, intervient principalement chez les jeunes hommes. Si cette pathologie évolue généralement bien quand elle est prise en charge, certaines complications peuvent être mortelles. L’existence de ce risque après l’injection du vaccin avait été un des arguments portés contre la campagne de vaccination de masse au moment de la pandémie.
« Effet indésirable rare »
« La myocardite est un effet indésirable rare après un médicament », reconnaît Mahmoud Zureik, directeur d’Epi-Phare et coordinateur de l’étude. « Il était donc important de suivre l’état de santé de ces nouveaux malades. » Son équipe a ainsi identifié toutes les personnes âgées de 12 à 49 ans hospitalisées en France pour une myocardite entre le 27 décembre 2020, début de la vaccination, et le 30 juin 2022, date au-delà de laquelle peu d’injections sont intervenues chez les moins de 50 ans. Elle a ensuite étudié les évolutions comparées de ces pathologies cardio-vasculaires (prise en charge, examens réalisés, médicaments délivrés) dans les dix-huit mois suivant la première hospitalisation. Il s’agit de la première étude internationale à analyser l’état de santé de ces patients sur le si long terme.
Au total, sur 4 635 myocardites survenues pendant la période, 12 % ont été observées dans les sept jours suivant une injection de vaccin à ARN messager (période durant laquelle le risque est le plus élevé), contre 6 % dans les trente jours suivant une infection par le SARS-CoV-2. Ces épisodes cardio-vasculaires ont touché des hommes ayant en moyenne respectivement 26 et 31 ans. Les complications prises en compte sont : des événements cardio-vasculaires, des réhospitalisations pour myopéricardite, c’est-à-dire des inflammations plus ou moins diffuses du myocarde et du péricarde, plus d’une nuit passée à l’hôpital, et, dans le pire des cas, le décès du patient.
Résultat, les myocardites post-vaccination « sont bien des myocardites comme les autres », souligne M. Zureik. Il ne s’agit pas de pathologies bénignes et passagères, mais d’inflammations nécessitant les mêmes examens que des myocardites jugées « conventionnelles ».
Mais – et c’est le point important de cette étude – seulement 5,7 % des patients avec une myocardite post-vaccination ont connu des complications cardio-vasculaires dans les dix-huit mois suivant leur première hospitalisation, contre 12 % des patients ayant contracté une myocardite après un épisode de Covid-19 et 13 % pour les myocardites conventionnelles, c’est-à-dire sans aucun de ces antécédents.
Pourquoi ? Mahmoud Zureik avance deux hypothèses : peut-être la vaccination provoque-t-elle des myocardites moins sévères. Ou peut-être un biais de notoriété est-il en cause : le risque de myocardite postvaccinale ayant été vite médiatisé, peut-être que des gens qui n’auraient pas été hospitalisés en temps normal l’ont été dès les premiers symptômes, même légers, brouillant légèrement les statistiques.
Aménagement de la stratégie vaccinale
Toujours est-il que ces résultats semblent faire pencher encore une fois la balance bénéfice-risque du côté de la vaccination. Pendant la pandémie, 109 000 personnes âgées de 12 à 49 ans ont dû être hospitalisées à cause du Covid-19 et mille cent personnes en sont mortes. En comparaison, parmi les personnes ayant contracté une myocardite post-vaccination, une seule est morte des complications de cette pathologie.
Pour autant, des aménagements précis de la stratégie vaccinale, concernant la quantité de produit ou le délai entre deux injections, peuvent avoir un impact sur ces effets indésirables rares ; c’est tout l’intérêt du suivi au long cours de cette pharmacovigilance.
Pendant la pandémie, les autorités sanitaires avaient décidé qu’une demi-dose de vaccin Moderna était suffisante pour effectuer un rappel vaccinal, ce produit étant plus concentré en ARN messager que celui de son concurrent Pfizer. De son côté, l’équipe d’Epi-Phare publiera bientôt un nouveau travail analysant le délai minimal entre deux doses de vaccin permettant de réduire le risque de survenue d’une myocardite.