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Agriculteur à Villeneuve Loubet: travailler avec la nature pour nous nourrir

Qui sont les hommes et les femmes qui façonnent nos territoires? Parce qu'ils s'engagent par conviction ou dans leur travail, ils changent notre quotidien, le repensent et l'améliorent. Nous avons décidé de les rencontrer. Dans cet épisode, Julien Lesne, ancien marin reconverti en maraîcher à Villeneuve-Loubet, cultive ses légumes en tenant bien compte des éléments.

 

Originaire de la région Centre, de Montargis dans le Loiret pour être exact, Julien Lesne est azuréen d’adoption depuis 2013. Ce maraîcher de 39 ans a eu plusieurs vies. 

"A 17 ans, mes parents m’ont embarqué pour un tour du monde à bord d’un catamaran qu’ils avaient mis 4 ans à réparer."

Sud de l’Europe, Cap Vert, Canaries, Atlantique, Amérique latine, les destinations parcourues sont nombreuses. "J’ai développé une véritable vocation puisque je me suis engagé comme marin par la suite."

De ces voyages, Julien Lesne retient l’ouverture à l’autre, développe un goût pour l’inconnu. "Voir toutes ces manières de vivre autrement, ça interroge, moi ça m’a forgé tant sur la curiosité de l’autre que sur ma compréhension de l’environnement."

Les livres du navigateur Bernard Moitessier et ses récits d’aventure le marquent particulièrement. 

Amoureux de la nature, petit, déjà, il passait de longues journées à se promener à la campagne. "J’ai toujours eu une conscience écologique, je m’émerveille de tout", rigole le jeune maraîcher.

 

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Photo Cyril Dodergny

 

"Je dirais qu’il a eu lieu en pleine mer", raconte Julien Lesne. A partir d’un certain moment, se souvient le marin, il n’a plus été possible de prévoir un trajet "car il y avait de grandes fluctuations météorologiques, là où, avant, on avait des dates pour traverser l’Atlantique par exemple." 

Julien Lesne rêve de se poser. “Je voulais revenir en France, un pays où l’on vit bien comparé à d’autres où j’avais vécu, comme le Vénézuela. Fonder une famille, rentrer en France. "Oui mais pour y faire quoi?"

 

Le documentaire "Solutions locales pour un désordre global" de Colline Serreau, l’inspire. "On y voyait une communauté de mamans au Japon, entrer en contact avec un agriculteur local pour lui demander de passer en bio pour mieux nourrir leurs enfants", raconte le maraîcher. 

Pendant plusieurs mois, Julien Lesne se documente avant de se lancer dans l’aventure de la terre. "Je me suis inscrit au lycée Vert d’Azur d’Antibes et j’ai commencé une formation."

 

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Photo Cyril Dodergny

Objectif : réparer la terre et donner aux gens de quoi se nourrir bien tout en respectant l’environnement. "En travaillant sur la nourriture, vous avez un fort impact car il y a des enjeux de santé derrière", poursuit Julien. 

Le jeune homme recherche un endroit où s’implanter. C’est finalement à Villeneuve-Loubet qu’il trouve un terrain, sur les terres du marquis de Villeneuve-Loubet. "Ici, on l’appelle la petite Sibérie, raconte-t-il, car il y fait très froid l’hiver… Par rapport au reste du littoral, le sol gèle."

Des années que cette terre a vocation à produire des légumes car elle dispose d’une ressource ô combien précieuse : l’eau. "Une terre alluvionnaire de plusieurs mètres d’épaisseur, un limon fertile, c’était essentiel", poursuit Julien Lesne qui se préoccupe du risque sécheresse depuis 2018. Aux jardins du Sapeton, rien n’est mécanisé, l’eau distribué au goutte-à-goutte ou alors l’humidité conservée sous d’immenses serres. 

"Je voulais un métier qui soit en lien avec les éléments : le vent, l’eau, la terre, c’est très concret", poursuit-il.

Sur ses 22 hectares de terrain, il produit des carottes, des tomates, des cébettes, des radis et tant d’autres légumes que l’on peut se procurer en ligne. Sa production est vendue localement, certains de ses légumes, servis à l’école de Villeneuve-Loubet. Une satisfaction pour cet amoureux des bons produits.

"Avant, ici, c’était la capitale de la carotte"”, souligne-t-il.

Restaurer ce milieu pour le rendre plus productif, voilà ce à quoi travaille le maraîcher qui souhaite aussi recréer des habitats. Pour les oiseaux par exemple, qui se nourrissent d’insectes et peuvent protéger ainsi les plantations des parasites.

 

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Photo Cyril Dodergny

 

Des arbres fruitiers vont être plantés : des kiwis, des prunes, de la grenade, des figuiers, des arbres dont les racines sont capables d’aller puiser l’eau dans les nappes, grâce à un puissant système racinaire.

"On va installer des nichoirs pour les oiseaux, poursuit Julien Lesne, on veut travailler en commun avec la nature."

Avec plusieurs collègues qui travaillent sur la même plaine à Villeneuve-Loubet, le maraîcher souhaite développer une livraison à domicile. 

Travailler en collectif, c’est un peu son leitmotiv. "Que ce soit sur internet ou les réseaux sociaux, je trouve aussi plein de techniques de plantations et d’arrosage", poursuit cet insatiable curieux.

"La consécration de notre partenariat serait de monter un magasin de producteurs", rêve déjà Julien Lesnes. Un endroit sanctuarisé où les consommateurs pourraient trouver de bons produits, respectueux de l’environnement. 

 

Source Nice Matin Par Flora Zanichelli Le 02/04/23 à 19h00 ● MàJ 01/04/23 à 14h26