Marion Berrin pour M Le magazine du Monde
Ces jeunes identitaires qui virent au vert
Par Gaspard Dhellemmes Publié le 24 décembre 2022EnquêteL’effondrement de la biodiversité les alarme autant que l’immigration. En rupture avec les positions climatosceptiques de leur camp, des militants d’extrême droite disputent à la gauche le monopole de la défense de l’environnement, sur laquelle ils projettent leurs obsessions nationalistes.
Il est un peu pâlot, coiffé de larges mèches brunes, boucle à l’oreille et tee-shirt sombre. Avec son look à la Nicola Sirkis, le chanteur d’Indochine, pas évident d’imaginer Raphaël Ayma, 20 ans, rompu aux travaux des champs. Mais depuis qu’il a adhéré à l’association Tenesoun, le jeune Aixois manie volontiers la pelle et la binette. Sur une photo postée sur les réseaux sociaux, on le voit torse nu participant à une session de « paillage » avec des camarades, une étape avant la plantation de courgettes, poireaux et légumineuses, qui seront, plus tard, vendus à des voisins.
Malgré les apparences, Tenesoun, que Raphaël Ayma a rejoint il y a un an et demi, n’est pas un tranquille collectif paysan, mais un groupe d’ultradroite héritier du Bastion social, mouvement néofasciste dissous par le gouvernement en 2019 en raison de sa violence. Contre toute attente, leur combat identitaire se pare aujourd’hui de vert. « Dans une société qui s’est tertiarisée, il est sain de revenir à la terre. Nous pratiquons une écologie de terrain », explique Raphaël Ayma. Dans son salon, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), il retrace en visio son parcours militant : le fils d’ouvriers qui a grandi dans un village en périphérie d’Aix a d’abord tracté pour le Parti communiste et s’est ensuite engagé dans le mouvement des « gilets jaunes ». Sa bascule à l’extrême droite daterait de l’assassinat de Samuel Paty, en octobre 2020. Lui qui compte plusieurs enseignants dans sa famille devient préoccupé par le « grand remplacement », cette théorie complotistepopularisée par l’écrivain Renaud Camus, trompetant contre une supposée submersion de l’Occident par les populations migrantes.
Raphaël Ayma apprend l’existence de Tenesoun grâce à des affiches collées dans le centre-ville d’Aix-en-Provence. Après une bière partagée dans leur local, il se sent comme chez lui dans cette association qui revendique 40 militants et 400 adhérents à Aix et à Orange (Vaucluse). En plus des opérations d’agit-prop typiques de l’ultradroite – marche en hommage à la jeune Lola assassinée derrière des banderoles « l’immigration tue », collage d’affiches « Nos villages ont besoin de services publics, pas de migrants » –, Tenesoun propose à ses membres de travailler la terre à travers l’entretien du potager communautaire, de participer à des conférences sur l’écologie, des opérations de boycott d’Amazon ou de ramassage de mégots.
Raphaël Ayma n’affiche pas les positions climatosceptiques courantes à l’extrême droite. S’il boude les marches pour le climat, « prétextes de plus pour culpabiliser le monde occidental », il prend au sérieux les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), est intarissable sur les perturbateurs endocriniens, s’inquiète de la pollution lumineuse qui sévit à Aix et cite volontiers l’économiste français Serge Latouche, l’un des principaux théoriciens de la décroissance. « Je suis bien plus écologiste maintenant que lorsque j’étais communiste productiviste »,observe-t-il.
« Végans à l’Action française »
À l’image de Raphaël Ayma, il n’est plus rare de voir les jeunes d’extrême droite s’affirmer écologistes. Plutôt « Marion » (Maréchal) que « Greta » (Thunberg), ils se revendiquent de l’« écologie profonde », mouvement qui appelle à transformer le rapport de l’homme à la nature, de l’« écologie intégrale », d’inspiration catholique, ou du « localisme », et revisitent leur préoccupation pour la planète à l’aune d’obsessions identitaires et ultraconservatrices. Encore minoritaire dans le camp de l’extrême droite, qui voit toujours l’écologie comme une lubie de « bobo », cette tendance – qu’on a constatée très masculine et peu structurée – pourrait prendre de l’ampleur à mesure que la crise climatique s’aggrave. Loin du temps où Jean-Marie Le Pen traitait les écologistes de « pastèques » : verts à l’extérieur, rouges à l’intérieur. « On croise même des végans à l’Action française, même si le clan des carnés est encore bien présent », remarque un militant du mouvement nationaliste et royaliste cofondé par Charles Maurras.
Les idées de cette « génération vert-brun » prospèrent dans des revues comme Eléments, le magazine Terre et Peuple de « résistance identitaire européenne », les livres de la maison d’édition Culture & Racines, à la pointe de la collapsologie, ou dans les conférences du think tank identitaire Institut Iliade. Mais aussi désormais sur les réseaux sociaux, notamment YouTube. Ainsi de la chaîne Sunrise aux 10 000 abonnés, dont les vidéos, dites de « réinformation », revisitent les marottes de l’extrême droite, « islamisation de la France » et appel à la « guerre totale au gauchisme », et qui reprend les codes visuels du média en ligne Brut. Dans une vidéo intitulée « La droite doit enfin assumer d’être écolo », l’animateur et fondateur de la chaîne, Nicolas Faure, explique pourquoi « si on est de droite on doit être écolo », insistant sur la menace que représentent la surpopulation et la « natalité démentielle » de l’Afrique subsaharienne.
Autre signe de l’intérêt pour le sujet : La Nouvelle Librairie, repaire identitaire du Quartier latin, propose plusieurs rayons consacrés à l’écologie. « Chez les jeunes, des étudiants de Paris-IV et d’Assas, les livres sur la collapsologie et le survivalisme se vendent particulièrement bien », constate le cofondateur de l’établissement, François Bousquet. Ce proche de Patrick Buisson assure des formations au localisme à l’Institut Iliade et a disserté sur la décroissance lors de l’université d’été de Reconquête !, organisée par l’ancien candidat d’extrême droite à la présidentielle Eric Zemmour, dans le Var, en septembre.
Il est aussi le rédacteur en chef de la revue Eléments, qui a consacré plusieurs « unes » à des thématiques écolos (« Surpopulation : la menace », « L’animal est une personne ? », « Le salut par la décroissance ? »). « Nous avons une position originale dans l’univers de la droite, qui reste pour l’essentiel hostile à l’écologie par peur de l’écologie punitive », convient François Bousquet. Avant de rappeler que son camp aurait « un droit de créance historique sur l’écologie », puisque « la droite contre-révolutionnaire est la première grande critique du progrès ».
Regain de la nouvelle droite
Ces écolos d’extrême droite puisent à des sources idéologiques anciennes. « On considère à tort que l’écologie serait toujours de gauche, analyse le politologue Stéphane François, auteur des Vert-Bruns. L’écologie de l’extrême droite française (Le Bord de l’eau, 216 pages, 20 euros). Or l’écologie défend un conservatisme des valeurs : respect de la nature, des cycles cosmiques, de la tradition, refus du monde moderne… Elle existe aussi dans le prolongement d’une filiation ouvertement réactionnaire et antimoderne, née de l’héritage du romantisme, qui sera incarnée à la fin du XIXe siècle en Allemagne par la mouvance völkisch, une des inspirations du nazisme. »
Les militants « écolos identitaires » doivent surtout beaucoup au regain d’intérêt autour d’un courant de pensée qui a fleuri dans les années 1970 en France : la nouvelle droite. Ses idées ont été développées par l’essayiste Alain de Benoist. Ancien de la revue et du parti Europe-Action de Dominique Venner – historien et militant nationaliste qui s’est tiré une balle dans la bouche à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en 2013 –, Alain de Benoist a été la tête pensante du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (Grece), dont nombre d’idées irriguent les extrêmes droites actuelles. Ce dernier s’inscrit dans le sillage du philosophe panthéiste norvégien Arne Næss, théoricien de la « deep ecology » ou « écologie profonde » : une tendance radicale pensée en opposition à l’« écologie superficielle », ou « shallow ecology », qui se bornerait à concilier soucis environnementaux et croissance, sans remettre en cause les fondements de la société libérale. La nouvelle droite propose en outre une forme d’« écologie des populations » : les peuples y sont vus comme des groupes ethniques essentialisés se partageant des territoires qui leur seraient propres. D’où une hantise du métissage ou, pour le dire de façon plus docte, une « mixophobie ».
C’est cette radicalité qui a plu à Jean-Baptiste Defrance, professeur d’histoire de 23 ans, lorsqu’il a découvert Mémoire vive (Éditions de Fallois, 2012), un livre d’entretiens d’Alain de Benoist avec François Bousquet. « Je cherchais un projet de société alternatif qui soit compatible avec mes convictions patriotes », explique l’enseignant, à Bordeaux, dans un café proche de la Garonne. Fine moustache d’escrimeur et carrure de demi de mêlée, Jean-Baptiste Defrance raconte une enfance girondine dans un milieu modeste, à Libourne, à une heure de Bordeaux, élevé par une mère femme de ménage et un père cantinier. Il se dit « attaché à la patrie et au fait qu’elle se pérennise comme elle a toujours été », mais aussi « curieux de la nature », admiratif de la « faune africaine » et sensible à la question de la protection des espèces.
À l’époque où il est étudiant à Assas, Jean-Baptiste Defrance décide d’écrire son mémoire sur les conversions des droites radicales à l’écologie. Il milite aussi au syndicat parisien d’extrême droite la Cocarde étudiante (fondé en 2015), où il organise des conférences sur l’écologie, invitant l’essayiste médiéviste Fabien Niezgoda, qui alerte contre les dangers de la surpopulation dans les colonnes d’Éléments. Fabien Niezgoda a publié un livre avec Antoine Waechter, ex-candidat des Verts à la présidentielle de 1988, devenu cofondateur du Mouvement écologiste indépendant, Le Sens de l’écologie politique. Une vision par-delà droite et gauche (Sang de la Terre, 2018).
« Convergence des catastrophes »
L’enseignant bordelais n’achète presque que du bio, fait la chasse aux emballages, ne prend pas l’avion, soutient le WWF et France Nature Environnement, mais, élément qui le distingue d’un écolo de gauche, l’immigration l’inquiète autant sinon plus que l’effondrement de la biodiversité. Il n’y a pas que son fil Twitter, rempli d’articles du site d’extrême droite Fdesouche, pour en témoigner, il pense aussi que « chaque peuple doit se développer dans son territoire ». « De plus en plus de jeunes militants d’extrême droite lient la question de l’urgence climatique à la question migratoire, avec l’idée qu’il faut dans les deux cas se défendre, d’où un intérêt important pour le survivalisme, analyse le politologue Stéphane François. Des auteurs comme Guillaume Faye dans La Convergence des catastrophes [publié par DIE en 2004]établissent le lien entre les deux sujets. »
Cet idéologue d’extrême droite proche d’Alain de Benoist y prédit « un choc des civilisations » et donc une « convergence des catastrophes », économique, géopolitique, migratoire et environnementale. Parmi ses lectures, Jean-Baptiste Defrance cite Arne Næss, Alain de Benoist ou le trimestriel L’Ecologiste, version française de la revue britannique de référence créée en 1970, The Ecologist. Celui qui s’est présenté aux municipales de 2014 à Lormont (Gironde), sur une liste soutenue par le Front national (FN), se dit aujourd’hui orphelin politiquement et projette d’ouvrir une chaîne YouTube pour donner sa vision de l’écologie. S’il dit qu’Éric Zemmour a « suscité un grand espoir », il déplore qu’il ait « cédé à une pente climatosceptique » et regrette que le Rassemblement national (RN) « remette rarement en cause les intérêts économiques ».
Dans ces partis, penser le dérèglement climatique va rarement de soi. « A l’extrême droite, la question de l’écologie est surtout traitée en marge des structures partisanes, explique Antoine Dubiau, chercheur en écologie politique à l’université de Genève et auteur d’Ecofascismes (Grevis, 2022). Le RN et Reconquête ! défendent largement un mode de vie occidental dopé aux énergies fossiles. » Du temps du FN, la thématique de l’« écologie des peuples » contre les « partis écolo-gauchistes » a été un temps portée par Bruno Mégret, qui a clamé en 1991 que « le Front national est le seul mouvement authentiquement écologiste de France ». Mais son putsch raté contre Jean-Marie Le Pen, en 1998, a éclipsé cette tentative de « rejeter le matérialisme, accepter l’homme et la nature tels qu’ils sont, les réconcilier en mettant la science humaine au service des lois naturelles et de la nature », comme il le disait à l’époque.
Le flambeau a été repris bien plus tard par une Marine Le Pen s’emparant d’un nouveau totem : le localisme, apologie de l’échelle locale pour limiter le coût écologique des flux, notamment des marchandises, mais à laquelle la présidente du RN ajoute une teinte identitaire. À l’occasion des européennes de 2019, elle publie un texte qui appelle à l’émergence d’une « civilisation écologique européenne ». Et décline les principes d’une écologie politique nationaliste : « localiste »et « enracinée », à rebours de l’« idéologie du nomadisme » « hors sol » pour bobos « mondialistes, globalistes » et « sans-frontiéristes ».
Dans la foulée, le sous-courant des localistes, créé par Hervé Juvin, député RN au Parlement européen, et Andréa Kotarac, conseiller régional RN, présente des listes pour les sénatoriales de septembre 2020. Un « verdissement » opportun, alors que l’écologie s’impose comme un enjeu électoral incontournable. Selon un sondage IFOP paru la même année, 59 % des Français estiment, en effet, que la protection de l’environnement doit être un sujet prioritaire.
« Ecologie du bon sens »
« Nous représentons l’écologie du bon sens », explique Andréa Kotarac, prompt à fustiger « Sandrine Rousseau et tous ses alliés farfelus qui veulent imposer une écologie brutale en suivant les ONG et la Commission européenne ». À 33 ans, il est le nouveau visage de l’écologie version RN. Le président du groupe RN au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes anime avec l’eurodéputée Mathilde Androuët un groupe interparlementaire sur le sujet, dans le but de préparer la plate-forme écologique du parti pour la présidentielle de 2027. Doudoune sans manches et faconde d’habitué des plateaux de CNews, le jeune homme retrace son parcours, marqué par une certaine souplesse idéologique.
Ce natif de Haute-Savoie, élevé par un père cégétiste travaillant à la Société des eaux d’Evian et une mère d’origine iranienne, a d’abord milité au Parti socialiste, puis sous l’étiquette du Front de gauche lors des municipales à Lyon, en 2014, avant d’être tête de liste Parti de gauche-Europe Écologie-Les Verts aux régionales de 2015. Il devient conseiller numérique de Jean-Luc Mélenchon, avant de lui reprocher de transiger avec la laïcité, notamment sur la question du voile. Andréa Kotarac est devenu localiste après sa rencontre avec Hervé Juvin (lui-même ancien conseiller de Raymond Barre et de Corinne Lepage), longtemps présenté comme l’« intello écolo » de Marine Le Pen. Un mentor qu’Andréa Kotarac ne cite plus que du bout des lèvres : il a été condamné pour violences conjugales et écarté du RN en novembre.
Andréa Kotarac dénonce l’hypocrisie de ceux qui « n’ont que le GIEC à la bouche, le matin sur France Inter, mais oublient de dire que ces rapports défendent le nucléaire » (le GIEC prône surtout la hausse des énergies renouvelables). Le tournant localiste du RN permet à l’ex-Front national d’habiller de vert ses antennes antilibérales et xénophobes. « Les écosystèmes ne vivent que s’ils sont séparés des autres écosystèmes. Le grand problème d’un écosystème, ce sont les espèces invasives », a déclaré Hervé Juvin à l’Agence France-Presse, en mai 2021. Dans le même esprit, Jordan Bardella, le nouveau patron du RN, explique régulièrement que la meilleure façon de protéger la planète est de lutter contre « le grand déménagement du monde ».
A côté du localisme, une autre tendance s’impose au sein de la droite radicale : l’écologie intégrale, une pensée d’inspiration catholique traditionaliste. Ses porte-parole officieux sont la journaliste du Figaro Eugénie Bastié, l’essayiste antigestation pour autrui (GPA) Marianne Durano, ou encore son mari, Gaultier Bès de Berc, co-initiateur des Veilleurs, un mouvement apparu en 2013 dans le sillage de La Manif pour tous, opposée à la loi Taubira. Certains ont écrit dans la revue trimestrielle « d’écologie intégrale » Limite, fondée en 2015 et arrêtée cette année. Utilisée aussi bien par le pape François dans son encyclique que par la députée de gauche Delphine Batho, l’expression « écologie intégrale » peut susciter des interprétations multiples. Dans la version revendiquée par les ultraconservateurs, l’homme ne doit pas se contenter de protéger la planète mais aussi son propre corps. D’où un combat farouche à mener contre toutes les possibilités nouvelles intervenues dans le champ bioéthique : avortement, procréation médicalement assistée et recours aux mères porteuses.
Pedigree politique détonnant
C’est pour lutter contre l’« intrusion de la médecine moderne sur les corps » que Francis Venciton, 31 ans, s’est engagé dans les rangs des Veilleurs et de La Manif pour tous, lui qui brandit le scénario de fantasmatiques « Black Friday » sur les GPA. « Je crois que le monde a été créé par Dieu et j’ai du respect pour l’ensemble de sa création », lance-t-il pour résumer sa pensée. Écolo, catholique, royaliste – il est secrétaire général de l’Action française –, ce prof de philosophie aux lunettes d’intellectuel présente un pedigree politique détonnant. Dans un café du Quartier latin, il pose son téléphone vert de la marque durable Fairphone à côté de son demi de bière. « En France, nous avons tendance à penser que l’écologie politique commence avec la lutte du Larzac, alors qu’un Georges Bernanos, ancien membre de l’Action française, critiquait déjà, en 1947, les impasses de la société industrielle dans La France contre les robots », argumente-t-il.
Francis Venciton a grandi dans le Sud, près de Bandol (Var), élevé par un père travaillant dans l’urbanisme et une mère prof de géographie, tous les deux sensibles aux questions d’écologie. Alors qu’il est étudiant en philosophie à Paris-Sorbonne, il découvre les livres de Charles Maurras, est séduit par « sa défense des libertés locales et l’élégance de sa plume ». L’adepte du « zéro plastique » devient militant de l’Action française en 2015 et se convertit au royalisme, sans renier ses engagements écolos.
Il pense que « la République est un désastre absolu » et chante les louanges de la sensibilité verte de Jean d’Orléans, descendant de Louis XIII et prétendant orléaniste au trône de France, qu’il rêve de voir régner en « roi permaculteur ». A l’entendre, le fonctionnement de l’Action française serait d’ailleurs à la pointe du combat pour la planète : « Notre matériel militant, journaux, tracts, affiches, est imprimé sur du papier recyclable. Nos militants sont encouragés à favoriser les transports en commun et à faire le ménage au vinaigre blanc. » Ah oui, Francis Venciton a aussi voté pour Fabien Roussel à la dernière présidentielle, parce que le candidat communiste « emmerdait tout le monde ».
Drôle d’époque, où toutes les frontières politiques se brouillent. A l’image du rapprochement opéré ces dernières années entre cathos ultras tenants de l’écologie intégrale et mouvements issus de la nouvelle droite d’inspiration néopaïenne. Des membres de Tenesoun, proche des idées d’Alain de Benoist, se sont ainsi rendus l’an dernier à l’université d’été des catholiques identitaires d’Academia Christiana, en Normandie. Entre la messe de 8 heures et quelques entraînements de boxe thaïlandaise, ces jeunes ont notamment pu assister à une conférence du localiste Laurent Ozon. Parmi les thèmes des discussions proposés cette année-là : « Danser l’effondrement : retrouver la joie du combat. »