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Bolloré profite de la flambée des coûts de fret et de l'énergie

Denis Fainsilber, Nicolas Madelaine
4–5 minutes

Après une année 2021 exceptionnelle qui intégrait la plus-value de scission de 19,9 milliards d'Universal Music (UMG), le groupe Bolloré ne pouvait espérer reproduire l'an dernier un résultat net de plus de 20 milliards. Mais il qualifie de « bons résultats » ceux enregistrés en 2022, marqués par un résultat net de 2,7 milliards d'euros et une progression de 20 % du chiffre d'affaires à périmètre et change constants, à 20,7 milliards d'euros.

Son résultat opérationnel ajusté (Ebitda) en témoigne : il ressort à 1,5 milliard, en hausse de 47 %, « porté par les très bonnes performances des secteurs transports et logistique et communication », les deux grands pôles d'activité.

Dans sa branche logistique, le groupe a fait coup double. Il a bénéficié à plein l'an dernier de deux phénomènes très conjoncturels : la flambée record des taux de fret, qui a boosté comme jamais son activité dans la commission de transport. Et celle des produits pétroliers, logés dans Bolloré Energy, liée au contexte international bouleversé depuis le début de la guerre en Ukraine.

Tarifs records demandés aux clients

Résultat, le groupe a vu le chiffre d'affaires « transport et logistique » bondir de 36 %, à 7,11 milliards, sous l'effet des tarifs record demandés aux clients, dans le maritime ou l'aérien. Ses grands clients vont du luxe-cosmétique à l'aéronautique, en passant par la pharmacie. Pour les mêmes raisons, l'Ebitda de la branche a décollé de 71 %, à 437 millions d'euros.

Le groupe de Puteaux s'est délesté comme prévu de Bolloré Africa Logistics, ses activités portuaires et logistiques sur le continent africain, cédées avant Noël à l'italo-suisse MSC pour une valeur d'entreprise de 5,7 milliards d'euros. Avant ce renoncement à l'équivalent de 2,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires sur le continent noir, Bolloré Logistics comptait 600 agences dans 111 pays et employait 13.500 salariés.

A l'heure où les marchés spéculent sur une possible consolidation franco-française, qui verrait CMA CGM reprendre le reste de la logistique de Bolloré, le second a en tout cas les poches pleines, avec une trésorerie nette de 1,2 milliard à la suite de cette cession, et pourrait au contraire procéder lui-même à des rachats dans le juteux métier du transport-logistique.

Les batteries moins performantes

Dans la logistique pétrolière (transport, stockage et distribution de produits raffinés et de fioul), l'année a été historique, avec une hausse du chiffre d'affaires de 45 % (après +32 % en 2021), sous l'effet de l'envolée du prix du baril. Seule relative contre-performance au bilan, le recul de l'activité dans les batteries (bus électriques, stockage d'énergie), poussant la branche Industrie à un déficit opérationnel de 125 millions d'euros.

Bolloré a par ailleurs le projet de faire une OPA sur 10 % de ses propres titres, dont la conséquence serait la montée de la Compagnie de l'Odet à 75 % du capital, contre 67 % aujourd'hui. Ce sont peut-être les prémices de plus grandes manoeuvres au sein de l'empire familial. Car sur la partie média du groupe Bolloré - qui consolide les résultats de Vivendi, publiés précédemment -, la grande question que se posent les marchés actuellement est la montée de Bolloré au-dessus des 50 % de Vivendi contre environ 30 % aujourd'hui, peut-être via une offre de rachat.