Dernière tranche d’âge exclue de la vaccination contre le Covid-19, les très jeunes enfants vont désormais pouvoir être immunisés… sous certaines conditions. Dans un message transmis à tous les professionnels de santé jeudi soir, la Direction générale de santé (DGS) lance le coup d’envoi officiel de cette campagne, un mois après le feu vert délivré par la Haute Autorité de santé (HAS). Le Parisien fait le point.

Pour qui ?

Conformément aux recommandations émises par la HAS le 19 décembre dernier, la vaccination Covid est ouverte aux enfants « à risque de formes grave de Covid-19 », c’est-à-dire présentant au moins une comorbidité (obésité, diabète, trisomie 21, etc.) Plusieurs pays européens, comme l’Allemagne, ont adopté la même stratégie. Les enfants « vivant dans l’entourage d’une personne immunodéprimée » pourront aussi se faire vacciner en France, afin de limiter indirectement le risque que celle-ci soit contaminée.

Sous quelles conditions ?

L’accord des deux parents est nécessaire, « sauf impossibilité pour l’un des deux de recueillir l’accord de l’autre parent », indique la DGS. En revanche, la présence d’un parent n’est pas indispensable le jour J. Simplement, la personne qui accompagne l’enfant « doit pouvoir établir qu’elle détient l’accord parental et présenter un formulaire d’autorisation dûment signé par les deux parents ». Celui-ci est disponible en cliquant sur ce lien.

Une prescription médicale est indispensable pour vacciner un très jeune enfant contre le Covid-19. « Le temps de la prescription constitue ainsi un instant privilégié pour expliquer l’acte et son importance aux parents, répondre à leurs questions et les accompagner au mieux dans la démarche de vaccination de leur enfant », détaille la DGS. Médecins, sages-femmes et infirmiers diplômés d’État (IDE) peuvent ensuite vacciner l’enfant.

Clara, 35 ans, souhaite faire vacciner sa fille âgée de 2 ans et demi, qui a souffert pendant plusieurs semaines l’été dernier après une infection Covid. La fillette n’a pas de comorbidités, « mais elle croise forcément des personnes immunodéprimées », avance sa maman, qui tentera d’en convaincre un médecin.

Où ?

La vaccination peut d’ores et déjà avoir lieu à l’hôpital et dans les établissements spécialisés. À partir de lundi prochain, le 23 janvier, médecins, sages-femmes et infirmiers pourront commander leurs propres doses, dans la limite d’un flacon par professionnel.

Avec quel vaccin ?

Un seul vaccin est prévu pour ces très jeunes enfants, celui développé par Pfizer/BioNTech. Le schéma est de trois doses : une première le jour J, une deuxième trois semaines plus tard, et une troisième huit semaines après la deuxième. Même si l’enfant a eu le Covid, « les trois doses devront être réalisées, pour garantir une protection optimale », indique la DGS. Mais le calendrier peut être bousculé, car il faut laisser passer trois mois entre une infection et une injection.

D’après la Haute Autorité de santé, trois doses de ce vaccin se sont révélées efficaces contre les infections symptomatiques à hauteur de 80,3 %, « dans les toutes tranches d’âge de 6 mois à 4 ans sans antécédent d’infection ». Ces données proviennent d’un essai clinique mené au premier semestre 2022.

Qu’en pensent les pédiatres ?

La Société française de pédiatrie (SFP) s’apprête à publier des recommandations officielles. « L’idée serait de rester sur les mêmes préconisations que pour les 5-11 ans, à savoir que cette vaccination est indispensable pour tous les enfants fragiles. Autant cette maladie est bénigne pour les enfants en bonne santé, autant elle ne l’est pas pour les enfants à risques », nous indique sa présidente, Christèle Gras Le Guen. Pour les enfants à risques, « qui sont ceux que l’on retrouve à l’hôpital et en soins intensifs, la vaccination est indiscutablement recommandée », abonde le pédiatre Robert Cohen.

S’agissant des enfants vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées, « c’est plus compliqué, car on sait que le vaccin ne protège pas à 100 % contre l’infection, loin de là », indique Christèle Gras Le Guen. Néanmoins, « pour certaines familles, cela semble évident de vacciner des enfants proches de personnes très fragiles, par prévention », ajoute-t-elle.

Cette campagne trouvera-t-elle son public ? Pas sûr qu’elle attire beaucoup de parents. La vaccination Covid est proposée à tous les enfants âgés de 5 à 11 ans depuis décembre 2021, mais seuls 5 % d’entre eux ont été immunisés. Il s’agit de l’un des taux les plus bas en Europe.