Depuis l'abandon de la politique "zéro Covid", le système de santé chinois est saturé, les médicaments manquent et les morgues débordent. Les bilans officiels communiqués par les autorités restent néanmoins modestes, loin des estimations établies par des organismes étrangers.

"À partir de maintenant, [nous] ne publierons plus le bulletin d'information quotidien sur la pandémie", a annoncé dimanche 25 décembre la Commission nationale de la santé dans un communiqué repris par le South China Morning Post. "Le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies publiera [désormais] les informations pertinentes à titre de référence et utiles à la recherche."

Aucune raison n'a été fournie pour expliquer ce changement ni à quelle fréquence les prochains bulletins seraient publiés, note le journal de Hong Kong. Pourrait-il être lié à la flambée de contaminations après l'abandon de la politique "zéro Covid" ? Selon un compte rendu d'une réunion de la Commission nationale de la santé que s'est procuré le site hongkongais HK01, 248 millions de personnes - soit 18 % de la population totale - ont été contaminées en Chine entre le 1er et 20 décembre. "Près de la moitié de la population de Pékin et de la province du Sichuan a été infectée, selon ce mémo", souligne le South China Morning Post.

Pénuries de médicaments, de tests...

"Plus de 5 000 personnes meurent probablement du Covid-19 chaque jour, selon les estimations de la société de recherche médicale britannique Airfinity", enchérit le magazine Nikkei Asia avant d'ajouter :

"L'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) des États-Unis estime que le nombre de morts dépassera le million d'ici à la fin de l'année 2023."

Cependant, samedi 24 décembre, seuls 4 128 nouveaux cas ont été officiellement recensés, rapporte le South China Morning Post. Et aucun décès. "Compte tenu de la recrudescence des infections, de nombreuses villes sont pourtant confrontées à des pénuries de médicaments contre la fièvre et la douleur, et de kits de test antigénique. La demande de machines à oxygène à usage domestique explose, les hôpitaux étant débordés", écrit le quotidien anglophone, citant l'exemple de la province du Yunnan, qui "a plafonné les achats d'ibuprofène, un analgésique, à une boîte par client, et de tests antigéniques à six unités par semaine".

Et, "pendant ce temps, le nombre de morts ne cesse d'augmenter", reprend le South China Morning Post. À Canton, un établissement de pompes funèbres géré par l'État a annoncé le 24 décembre ne plus prendre aucun rendez-vous pour des inhumations d'ici au 10 janvier "en raison d'une pression trop forte", raconte le journal. À Hangzhou, centre manufacturier de la province du Zhejiang, dans l'est de la Chine, les autorités ont fait appel "à des volontaires pour aider son centre ambulancier à répondre à la demande croissante".

Dans cette seule province, les infections quotidiennes ont dépassé le million et "devraient atteindre un pic de 2 millions autour du 1er janvier, avant de commencer à décliner à l'approche du Nouvel An lunaire", qui débute le 22 janvier cette année. Reste que les autorités sanitaires ont mis en garde contre le risque d'une propagation rapide du virus aux zones moins urbanisées à la faveur des grandes migrations du Nouvel An.