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Plus de médicaments, un tout petit peu moins de nourriture. Le géant de la distribution Walmart a fait une découverte intéressante en compilant les données des consommateurs qui passent chaque jour la porte de ses hypermarchés américains.

Comme il fait à la fois office de pharmacie et de commerce alimentaire, il a pu mesurer l'impact des nouveaux traitements GLP-1 contre le diabète - Ozempic, Mounjaro, Wegovy, etc., de puissants coupe-faim qui se diffusent outre-Atlantique via la lutte contre l'obésité.

Moins de calories dans le chariot

Les bénéficiaires de ces traitements achètent moins d'aliments. « Nous voyons clairement un léger changement par rapport à la population totale », « un panier du consommateur légèrement moins plein », « un peu moins d'articles, un peu moins de calories », a déclaré le patron des opérations américaines John Furner à Bloomberg mercredi.

Aujourd'hui, peu de patients prennent ces nouveaux médicaments, alors que le pays compte 110 millions d'adultes obèses. Selon Morgan Stanley, 24 millions de personnes, soit 7 % de la population, pourraient avoir recours à l'un de ces traitements en 2035. Les ventes alimentaires pourraient s'en ressentir.

 

Moins de glucides et d'apéritifs salés

Les personnes qui suivent ces traitements confirment en tout cas l'efficacité des coupe-faim. Kristal Hartman, présidente de l'Obesity Action Coalition, elle-même traitée avec des GLP-1, explique qu'elle a cessé de penser constamment à la nourriture : « Cela supprime le bruit constant dans votre tête. La chirurgie bariatrique n'avait pas réparé ça dans mon cerveau », souligne-t-elle.

L'accompagnement nutritionnel des patients obèses va devoir évoluer : « Au lieu de manger moins, il va falloir manger suffisamment ! Et s'assurer d'avoir sa dose de protéines », estime-t-elle.

Ces médicaments ne se contentent pas de diminuer l'appétit. Ils rendent la malbouffe moins attractive. « Je ne mange plus de nourriture transformée. Cela ne me manque pas. C'est vraiment bizarre », affirme Deb, une patiente obèse sous Mounjaro.

Selon une étude menée par Jefferies sur 800 patients américains, 73 % disent manger moins ; 43 % à 44 % ingèrent moins de glucides lents, de snacks sucrés, d'apéritifs salés ; et à l'inverse 43 % prennent plus de fruits.

Sucres, cigarettes, alcool perdent leur pouvoir

Pour Walmart, le bilan est positif à ce stade. Lors de la présentation de ses résultats financiers en août, la société a expliqué aux analystes que les GLP-1 dopaient les revenus. Les marges sur ces traitements sont faibles, mais les volumes importants.

« Walmart constate aussi une chute de la consommation alimentaire des patients GLP-1 ainsi qu'une amélioration des ventes d'articles santé et fitness, comme les tapis de yoga, les vêtements de sport (surtout chez les femmes) qui pourraient être liés aux recommandations de style de vie accompagnant ces prescriptions médicales », note Bank of America dans une note d'analyse.

Mais pour les industriels qui produisent des aliments ultra-transformés, sucrés, salés et gras, ces nouvelles habitudes de consommation induisent une remise en question.

La malbouffe sur le gril

D'ailleurs, un analyste de Barclays a recommandé mardi dans une note à ses clients de se couvrir contre le risque que fait peser l'essor des GLP-1 sur Pepsi, McDonald's, le cigarettier Altria, le fabricant de chips Lay's, entre autres. Sucres, cigarettes, alcool, les substances addictives perdent apparemment de leur pouvoir pendant le traitement.

Steve Cahillane, le patron de Kellanova, le fabricant américain des céréales Rice Krispies et les chips Pringle, a estimé dans une interview à Bloomberg lundi qu'il était encore « très tôt » pour parler d'un raz-de-marée GLP-1. Cependant, « comme tout ce qui peut impacter potentiellement notre activité, nous allons regarder ça, étudier, et si nécessaire, prendre des mesures », a-t-il ajouté.