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L’agence de notation Fitch dégrade la note de la France de AA à AA−

Il s’agit d’un revers pour le gouvernement, qui espérait que la promulgation de la réforme des retraites rassurerait les marchés sur la situation financière du pays.

Le Monde

Publié hier à 23h18, modifié à 00h41

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Le coup est rude pour l’économie française, mais également pour le gouvernement, qui comptait sur la promulgation de la réforme des retraites pour rassurer les marchés sur la situation financière de la France. L’agence de notation financière Fitch Ratings a dégradé d’un cran la note de la France, vendredi 28 avril, celle-ci passant de AA sous perspective négative à AA−, sous perspective stable.

L’agence invoque les tensions sociales récentes qui pèseront, selon elle, sur la capacité du pays à réduire le déficit et la dette, ainsi que des perspectives de croissance moins élevée qu’anticipé. « L’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) constituent un risque pour le programme de réformes de Macron et pourraient créer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou d’un renversement des réformes précédentes », écrit l’agence de notation dans un communiqué.

Elle revient également sur la décision du gouvernement d’avoir eu recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. Une décision qui « renforcera probablement les forces radicales et anti-establishment » dans le pays, prévoit Fitch.

 

Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a aussitôt réagi dans un communiqué : s’il prend « note de la décision » de Fitch, il rappelle que « l’agence Moody’s a fait une évaluation différente la semaine précédente en ne rouvrant pas la question de la notation de la dette française ». Attendue pour une actualisation de sa note vendredi dernier, Moody’s n’a finalement pas réalisé d’action de notation. La France est jusqu’ici notée Aa2 par cette agence, ce qui correspond au AA de ses consœurs. L’agence S&P Global doit, elle, publier ses conclusions le 2 juin.

 

Croissance de 0,2 % au premier trimestre

Bruno Le Maire regrette l’« appréciation pessimiste de Fitch quant aux perspectives de croissance de la France et de la trajectoire de sa dette » et déplore que l’agence « sous-évalue les conséquences des réformes » engagées : assurance chômage, retraites et baisse des impôts de production.

Fitch pressent une croissance moins robuste qu’anticipé dans ses prévisions de novembre : celle-ci serait finalement cette année de 0,8 % au lieu de 1,1 %, et de 1,3 % en 2024 contre 1,9 % imaginé lors des dernières prévisions. Le gouvernement table quant à lui sur 1 % de croissance en 2023.

 

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a noté vendredi matin une très légère croissance du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre de 2023 (+0,2 %). Mais les nuages s’amoncellent à l’horizon pour les mois suivants.

Les économistes citent une conjugaison de facteurs : prix alimentaires restant à des niveaux élevés malgré une accalmie possible de l’inflation dès la mi-2023, ralentissement économique mondial, assèchement du crédit sous l’effet de la remontée des taux décidée par la Banque centrale européenne, crise énergétique qui pourrait revenir sur le devant de la scène avec le retour de l’hiver…

 

La dette, « point faible » de la France

Pour Fitch, le principal « point faible » de la France est « le niveau élevé de la dette publique ». En réponse, Bruno Le Maire affirme, dans son communiqué, « la détermination totale » du gouvernement « à rétablir dans les quatre années qui viennent les comptes publics » afin de faire baisser le déficit et la dette.

Après avoir atteint 4,7 % en 2022, le déficit public français devrait légèrement remonter cette année à 4,9 % avant de refluer progressivement à partir de 2024, anticipe le gouvernement dans son programme de stabilité publié ces derniers jours, qui table sur un retour dans les clous budgétaires européens en 2027. Mais Fitch anticipe pour sa part 5 % de déficit cette année.

Le gouvernement prévoit aussi d’accélérer le désendettement pour atteindre en 2027 une dette de 108,3 % du PIB, soit 4 points de moins qu’envisagé précédemment, mais toujours très loin de l’objectif européen de 60 %. Elle était à 111,6 % du PIB fin 2022.


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 Les échelles de notation des principales agences. Les échelles de notation des principales agences. INFOGRAPHIE LE MONDE

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