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Le Venezuela prépare un référendum pour annexer une partie du Guyana

Tensions.

Le Venezuela prépare un référendum pour annexer une partie du Guyana

La tension est au plus haut, après plus d’un siècle de querelle diplomatique sur le contrôle de l’Essequibo, territoire de 160 000 km² riche en pétrole et en minerais. Au plus bas dans les sondages, Nicolás Maduro flatte le patriotisme de ses partisans.

à 12h05 Lecture 2 min.
Le 19 novembre à Caracas, la répétition du référendum qui proposera “la création” du département de “Guayana Esequiba”. Le 19 novembre à Caracas, la répétition du référendum qui proposera “la création” du département de “Guayana Esequiba”. LEONARDO FERNANDEZ VILORIA / REUTERS

 

Un drôle de ballet a eu lieu le 19 novembre au Venezuela, avec une répétition grandeur nature du référendum qui proposera, le 3 décembre, “la création” du département de “Guayana Esequiba” et l’octroi de la nationalité vénézuélienne à ses habitants. Plus de trois millions de personnes ont participé à l’exercice, selon le média Telesur.

Une décision fortement contestée par l’État voisin du Guyana, ex-colonie britannique, qui assure que le référendum vise à “annexer” 160 000 km2 de son territoire autour du fleuve Essequibo, une zone riche en pétrole et en minerais, détaille le site guyanien Newsroom.

Lire aussi : Ressources. Entre le Venezuela et le Guyana, le ton monte autour du pétrole de l’Essequibo

Après plus d’un siècle de controverse, la dispute pour le contrôle de cette région, qui représente plus de deux tiers du territoire guyanien, a atteint “un pic de tensions diplomatiques sans précédent”, indique à la Deutsche Welle Rocio San Miguel, présidente de l’ONG vénézuélienne Control Ciudadano. Des experts cités par la version en langue espagnole du média allemand affirment que la querelle pourrait “avoir des conséquences militaires”.

“Beaucoup de Guyaniens sentent et pensent qu’après le référendum il pourrait y avoir une mobilisation militaire” dans le pays voisin, ajoute le journaliste guyanien Denis Chabrol, consulté par Efecto Cocuyo.

En désespoir de cause, le Guyana a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ), principal organe judiciaire des Nations unies, d’“empêcher le Venezuela d’organiser son référendum”, ou tout du moins de l’empêcher de prendre “des mesures effectives” sur la base de ce référendum, mais le temps presse et le tribunal n’a pas encore pris de décision.

Photo Courrier international

Appel au patriotisme

D’autant que le gouvernement vénézuélien compte sur cette dispute pour aviver le sentiment patriotique, alors que sa popularité est au plus bas (85 % des Vénézuéliens veulent un changement, selon un sondage Delphos) et que l’opposition semble en position de force, après avoir réuni près de 2,5 millions de votes lors de primaires, en octobre.

Le correspondant à Caracas d’El País América assure que Maduro “tente une fuite en avant” :

“Il est très difficile de ne pas donner une interprétation électorale de ce processus. Il a lieu dès la fin des primaires de l’opposition […] et permet au gouvernement de sonder l’état de ses troupes et de mesurer la capacité de mobilisation de ses gouverneurs.”

Extraction pétrolière

Ancienne colonie britannique, le Guyana s’est étendu au-delà de la limite naturelle du fleuve Essequibo et a réussi à faire reconnaître ses nouvelles frontières lors d’un arbitrage à Paris en 1899, dénoncé par le Venezuela en 1966 par l’Accord de Genève.

En plein boom pétrolier, le Venezuela a ensuite quelque peu abandonné ses prétentions, jusqu’à ce que son économie ne s’écroule, ces dix dernières années, sous la tutelle des gouvernements chavistes. De son côté, en 2015, le Guyana a découvert d’immenses réserves de pétrole le long de ses côtes, qu’il a commencé à explorer avec l’aide d’entreprises internationales telles que l’américaine ExxonMobil, détaille El Estímulo.

Les cinq questions du référendum du 3 décembre proposent de rejeter l’accord de Paris, de reconnaître celui de Genève, d’ignorer la juridiction de la CIJ sur ce différend, de s’opposer à l’exploitation maritime de l’Essequibo par le Guyana et de créer “l’État de Guayana Esequiba”.

En plus du gouvernement guyanien, vent debout contre la décision de son voisin, l’opposition colombienne conteste également la tenue du référendum.

La gagnante des primaires de l’opposition vénézuélienne, María Corina Machado, a demandé la suspension du scrutin de décembre. Une votation qualifiée de “distraction” avant l’élection présidentielle prévue en 2024, rapporte le quotidien El Nacional.

 

Emilien Pérez

 

https://www.courrierinternational.com/article/tensions-une-fuite-en-avant-le-venezuela-prepare-un-referendum-pour-annexer-une-partie-du-guyana