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Recrudescence du Covid : un guide de survie pour sauver Noël 2023 Christian Lehmann

Dans le «Monde d'après» qu'on nous avait promis au déclenchement de la pandémie, ce petit «Guide de survie pour sauver Noël 2023» n'aurait eu aucune raison d'être : un investissement conséquent sur la médecine de ville et l'hôpital, un effort massif sur la purification et la qualité de l'air en lieu clos, un travail pédagogique soutenu sur l'utilité des masques et de la ventilation, et sur l'efficacité comme les limites de la vaccination nous verrait aborder la période des fêtes dans une relative sérénité, à la seule condition de se boucher les yeux et les oreilles sur la situation internationale. Mais nous sommes dans un autre «Monde d'après» : le monde dans lequel Emmanuel Macron s'est lassé de son costume de super-épidémiologiste.

 

Nous abordons donc cet hiver 2023 dans les pires conditions possibles : avec une circulation virale continue et de nouveaux variants échappant partiellement aux vaccins, une population lasse des injonctions contradictoires et rétive aux mesures barrière et à la vaccination, un système de santé à l'os, avec des soignants désespérés de devoir faire toujours plus avec toujours moins, un ministère de la Santé et de la prévention continuant à prôner les mesures individuelles pour dédouaner le gouvernement de son inaction, à savoir le lavage des mains (mesure d'hygiène certes judicieuse mais peu adaptée à des pathologies respiratoires dont la contamination est essentiellement aérienne), et l'addition au cocktail devenu hélas habituel de grippe, de virus respiratoire syncytial et de Covid d'un relatif nouveau venu : mycoplasma pneumoniae, bactérie génératrice de pneumopathies dites «atypiques», du fait très probablement de la fragilisation de nos défenses immunitaires par des épisodes répétés de Covid... Rappelons que 30 millions d'infections Covid ont été comptabilisées en 2022, soit la moitié de la population, et qu'un pourcentage non négligeable de ces infections (de 3 % à 10 % selon les études) peut occasionner des séquelles de type Covid long ou dégrader une pathologie préexistante.

 

Un hiver tranquillement catastrophique

 

Pour couronner le tout, n'oublions pas un discours gouvernemental accusateur sur le caractère insoutenable des indemnités journalières sur les comptes sociaux, et une traque par l'assurance maladie de médecins généralistes prescripteurs d'arrêts forcément injustifiés, le but poursuivi étant de renvoyer au travail rapidement des patients encore contaminants.

 

Tous les ingrédients sont en place, une fois de plus, pour un hiver tranquillement catastrophique, au détour duquel les ministres concernés expliqueront que «l'hôpital a tenu».

 

Dans ce marasme, que pouvez-vous faire pour «passer au travers» ? C'est tout l'objectif de ce «Guide de survie pour sauver Noël 2023».

 

Achetez un thermomètre digital (6 euros), parce qu'en consultation ou en téléconsultation, votre température est un élément important pour juger de l'infection en cours. Achetez un oxymètre de pouls, (20 euros), ce petit capteur qu'on met au bout du doigt pour connaître le pouls (qui accélère avec la fièvre) et la saturation en oxygène (normale de 96 à 99 %, anormale à partir de 93 %). Ces deux éléments peuvent se révéler cruciaux pour le médecin ou l'assistant de régulation médicale qui pourrait être amené à vous orienter cet hiver en cas d'infection respiratoire.

 

Portez un masque FFP2 lorsque vous évoluez dans les transports, dans les lieux bondés. Aérez autant que vous le pouvez, au bureau ou au domicile, surtout si l'un de vos proches est malade.

 

Vous allez côtoyer lors des fêtes des parents ou des amis vulnérables

 

Faites un rappel de vaccin Covid si votre dernier rappel date de plus de six mois. La vaccination est ouverte à tous, et gratuite (mais l'absence de centre vaccinal et la surcharge des soignants n'aident pas). Vaccinez-vous contre la grippe si vous êtes fragile, si vous allez côtoyer lors des fêtes des parents ou des amis vulnérables, si l'idée de passer une semaine au lit avec 40 °C de fièvre sans savoir si vous avez le Covid, la grippe, ou un début de pneumopathie ne représente pas votre White Christmas préféré.

 

En cas de pathologie respiratoire, de toux fébrile, si vous ne pouvez consulter un médecin rapidement, une PCR Covid et grippe en laboratoire est le meilleur moyen d'établir avec certitude le diagnostic, dans la mesure où, hélas, les nouveaux variants ont grandement ringardisé les tests antigéniques, avec environ 60 % de faux résultats négatifs (c'est-à-dire que deux tiers des résultats rendus négatifs au Covid correspondent en fait à des covid non diagnostiqués). La PCR Covid est prise en charge par la Sécurité sociale, même si vous n'avez pas d'ordonnance (41,19 euros avec un reste à charge de 12,36 euros à moins d'être pris en charge à 100 % - affection longue durée, mineurs, femmes enceintes, plus de 65 ans) ou de bénéficier d'une complémentaire. La PCR grippe ne l'est pas, mais est très souvent pratiquée par le laboratoire avec la PCR Covid en «bonus gratuit».

 

En cas d'infection des voies aériennes, même un simple rhume avec une sensation d'obstruction nasale, le nettoyage matin et soir des fosses nasales par de l'eau salée, avec une corne nasale plastique vendue en pharmacie (12,90 euros, à moins que vous ne préfériez acheter de l'eau salée en spray à 100 euros le litre) évite le mouchage postérieur, et donc la descente dans le pharynx et la trachée, voire les bronches, de mucus nasal infecté. Entrouvrir légèrement la fenêtre de votre chambre la nuit, quitte à fermer volets et rideaux par grand froid, permet d'éviter de respirer toutes les deux heures tout l'air de la chambre, qui se réchauffe et se dessèche à chaque passage dans votre arbre pulmonaire, entraînant une irritation des muqueuses et un réveil douloureux avec l'impression d'avoir la gorge en feu.

 

En cas de pathologie respiratoire, de toux fébrile, une douleur thoracique constante (à la base d'un poumon par exemple), une expectoration sale, un essoufflement pour de petits efforts ou à la parole (par exemple l'impossibilité de compter à voix haute jusqu'à 10 sans reprendre sa respiration) doivent vous amener à suspecter une atteinte pulmonaire et à consulter.

 

Excédent de mortalité globale

 

En cas de suspicion de pneumopathie, si la bactérie en cause n'est pas connue, le traitement probabiliste de premier recours est une pénicilline, l'amoxicilline. Mais en l'absence d'amélioration au bout de quarante-huit heures, une pneumopathie «atypique» à mycoplasma pneumoniae (peu sensible à l'amoxicilline) peut être suspectée et le traitement requis est alors un antibiotique de la famille des macrolides. Dans un système de santé fonctionnel, comme c'était encore le cas il y a quelques années, ce switch ne poserait guère de problème. De nos jours, avec une proportion grandissante de la population sans médecin traitant et un accès aux soins et aux urgences en grande tension, inutile de préciser que cela peut occasionner des problèmes de retard de diagnostic et de traitement, d'autant que le seul moyen de mettre en évidence rapidement mycoplasma pneumoniae est la PCR, toujours non remboursable en ville...

 

Si ces quelques conseils vous irritent, si vous pensez que vous infecter renforce vos défenses à long terme, qu'on en a beaucoup trop fait pour cette «pandémie», et que les réseaux d'eau potable ont lourdement aggravé la dette immunitaire de l'humanité, continuez à agir comme si Sars-Cov 2 faisait partie du passé, le gouvernement vous en saura gré. Dans le cas contraire, si les chiffres de l'excédent de mortalité globale depuis trois ans, à savoir +7,8 % en 2020, +6,9 % en 2021, et +8,7 % en 2022, vous inquiètent légitimement, prenez soin de vous. Clairement, personne ne le fera à votre place.