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A la barre

Manifestant éborgné en 2016 : le policier acquitté aux assises de Paris au motif de la légitime défense

 

Jugé pendant trois jours sur l’île de la Cité, Alexandre M. a été reconnu auteur de «violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente», mais en état de légitime défense. La partie civile voulait faire du procès une tribune contre les violences policières et l’armement des forces de l’ordre.
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Le syndicaliste Laurent Théron, après avoir été éborgné par un policier lors d'une manifestation contre la loi travail en 2016. (Greg Sandoval/AFP)

par Fabien Leboucq

 

 

Le 15 septembre 2016, place de la République à Paris, le policier Alexandre M. éborgne Laurent Théron, avec une grenade à main de désencerclement (GMD). Il est poursuivi pour «violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente». De lundi à mercredi, ces faits étaient jugés par la cour d’assises de Paris, qui a décidé d’acquitter l’accusé, estimant qu’il avait agi dans le cadre de la légitime défense. L’avocat général avait timidement requis «deux à trois ans» de prison avec sursis, et une interdiction de port d’arme pendant cinq ans. La partie civile voulait faire de l’audience une tribune contre les violences policières. En parlant de son client, Laurent Théron, et de ses soutiens, l’avocate Lucie Simon avait ainsi plaidé : «Ce sont eux qui font qu’aujourd’hui nous avançons sur [cette] question.» Après le verdict, elle a fait part de sa «stupéfaction», estimant que la légitime défense avait été retenue «par rapport à la qualité de l’accusé, qui est policier».

 

Lundi matin, devant la salle Voltaire de l’ancien tribunal de Paris, sur l’île de la Cité, les collègues d’Alexandre M. sont arrivés tôt. Obstinément, ils accrochent un serre-file qui n’arrête pas de tomber. Ce ruban sépare deux groupes, réunis pendant trois jours dans une salle comble. D’un côté, les policiers (qui ne sont pas fouillés avant d’entrer) : des hommes entre deux âges, coupes militaires et dégaine d’équipe de rugby, qui s’asseyent du côté de l’accusé. Défilent parmi eux les patrons des deux plus gros syndicats policiers, Alliance et Unité-SGP. De l’autre, un public banal, où se côtoient des cheveux blancs, rouges, courts ou en cascade. Ce sont les soutiens de Laurent Théron, devenu un opposant actif aux brutalités policières depuis sa mutilation. Pendant trois jours, ces deux mondes qui ne se comprennent pas échangent le moins possible. Mais les tensions croissent. D’abord quelques «chuts» des fonctionnaires au camp d’en face, qu’ils trouvent trop expressif pendant l’audience. Puis cette suspension de séance, pendant laquelle la porte-parole d’Unité-SGP, Linda Kebbab, et un proche de la victime s’invectivent. Et cet apogée, à la fin des trois jours : une haie de déshonneur des soutiens de Laurent Théron, grimés en éborgnés, qui scandent «la police mutile», «la police assassine», «ça crève les yeux» aux fonctionnaires en train de quitter la salle en attendant le verdict.

 

«Je pardonnerai quand j’aurai envie de pardonner»

De Laurent Théron, la cour ne voit que le côté intact de son visage, mais le public regarde son profil borgne. Dans son sweat à capuche gris, le petit quinquagénaire suit attentivement les débats. Le premier jour, il raconte les six dernières années : cinq opérations chirurgicales, l’implant qui ne prend pas. Le plaignant cite son orthoptiste : «Vivre avec un œil en moins, c’est vivre avec un nouveau corps.» Et celui-ci fonctionne mal. Parce qu’il n’apprécie plus les distances, l’ancien secrétaire médical ne joue plus au ping-pong avec ses enfants, et cesse d’entraîner une équipe de football américain. Après plusieurs accrochages en voiture, son assurance automobile a résilié son contrat. Il se cogne souvent du côté droit : il bouscule, car il ne l’a pas vue, une proche dans le vaste hall du palais de justice. A la barre, timide, on dirait qu’il s’excuse d’être là. Laurent Théron tient des notes qu’il ne regarde pas vraiment. Il croise les bras, comme pour mieux ceinturer la colère contenue dans sa déposition. Surtout quand il projette un discours «plus large» à l’attention des jurés, et au-delà. Lui qui a «découvert les violences policières»après les avoir subies, il égrène les noms de victimes. Parce qu’il a eu un procès, il s’estime «privilégié». La présidente Catherine Sultan le coupe, malgré les protestations de la salle. Pendant toute sa déposition, l’accusé acquiesce, s’essuie le coin des yeux, fait une moue triste. Il a l’air sincère, mais ne convainc pas la victime, qui balaye le courrier que lui a écrit Alexandre M., deux ans après les faits. Lecture commentée : «Vous parlez d’une blessure irréversible qui [m’a] été infligée”, mais c’est une mutilation, et c’est vous qui me l’avez infligée !» ; «Vous évoquez la “menace terroriste”, et c’est vous qui jetez une grenade dans la foule !» L’échange s’envenime quand le plaignant demande à la cour qu’Alexandre M. cesse de le regarder. «Je pardonnerai quand j’aurai envie de pardonner», pose le quinquagénaire. Ses soutiens l’applaudissent : «On n’est pas au spectacle», cingle la présidente.

 

 

Solide gaillard, l’accusé porte un costume sombre, sans cravate sur sa chemise claire. Comme beaucoup de ses collègues, ses cheveux rares et courts rejoignent sa barbe de trois jours. Le portrait est celui d’un homme aujourd’hui âgé de 55 ans, issu d’une famille «structurée et structurante»,dixit l’enquête de personnalité, «sans rien de particulier», complète l’intéressé. Il s’oriente vers la police sur le tard, car il veut être «utile à la société», «contribuer au vivre ensemble». Pendant vingt ans, il officie dans le Val-d’Oise, sur la voie publique, devient brigadier-chef, encadre une équipe d’une dizaine de policiers. Un «chef modèle» qui «désamorce les conflits avec la logique», décrivent ses collègues. Sur le plan psychologique, il n’a «pas de troubles». Se séparant de la mère de ses deux enfants, Alexandre M. cherche à gagner plus, à changer d’air. Il s’oriente vers les CRS, que vantent des proches auprès de lui. Le 15 septembre 2016, lors d’une manifestation contre la loi travail, deux semaines après avoir rejoint ce nouveau poste – et sans avoir reçu de formation au maintien de l’ordre –, il éborgne Laurent Théron avec une grenade à main de désencerclement qu’il n’est pas habilité à utiliser. Depuis les faits, il a rejoint le service d’entretien du bâtiment de sa compagnie. Placé sous contrôle judiciaire, il n’a plus le droit de porter une arme, ni d’exercer sur la voie publique. Sur le plan administratif, il a écopé d’une suspension de cinq mois dont quatre avec sursis.

«Une série d’affirmations fausses et à charge»

Si le dossier et l’audience sont denses, le premier est aussi technique que la seconde est brumeuse. Au cours d’une deuxième journée fleuve, une demi-douzaine de policiers, collègues ou chefs d’Alexandre M. à l’époque des faits, dressent à la barre le tableau d’une journée chaotique. Leur compagnie républicaine de sécurité est engagée tôt le matin à la gare de Lyon, puis encadre la manifestation. Dans le registre institutionnel et guerrier du maintien de l’ordre, les fonctionnaires racontent comment ils sont «pris à partie» par des «black blocs», reçoivent de nombreux projectiles. Comment ils ont secouru une unité de gendarme mobile coincée dans une bouche de métro de la place de la République, trois quarts d’heure avant les faits. A cette occasion, un des leurs est brûlé par un cocktail Molotov : il est évacué et Alexandre M. devient chef d’un petit groupe de CRS. L’avocat Laurent-Franck Liénard, qui le défend, convoque le «ressenti» des fonctionnaires, qu’il appelle à témoigner «en tant qu’hommes».

L’avocat préféré des policiers a la gâchette facile : pendant trois jours, il rejette la responsabilité sur l’institution (indigente), la formation (insuffisante), les manifestants (violents), le matériel (défectueux), la salle (qui «fait la loi») ou encore la présidente (partiale). Comme s’il jouait le procès de tous pour éluder celui de son client. La grenade à main de désencerclement est personnifiée : «elle s’élève», «elle fait une cloche» – omettant presque qui l’a jetée. Un balisticien assure que rien ne permet d’affirmer qu’âgée de 10 ans, cette arme a explosé plus fort qu’elle n’aurait dû ? «Les certitudes me dérangent chez un expert», tacle Laurent-Franck Liénard. Les fiches que doivent renseigner les policiers après avoir utilisé leur arme sont remplies par la compagnie une semaine après la manifestation, le jour où le capitaine est convoqué par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ? L’avocat de la défense est navré : «Mon client n’en avait jamais rempli auparavant.» Dès le premier jour, il attaque le rapport synthèse d’un enquêteur de la police des polices, qui incrimine Alexandre M. : «Une série d’affirmations fausses et à charge.»

Oui, le lancer de son client était «raté» et n’a pas atteint la cible visée, distante de plusieurs dizaines de mètres de la victime. Mais il n’empêche qu’il était «justifié», martèle l’avocat. Il répète ad nauseam les dangers encourus par les policiers, avant d’en venir aux «causes exonératoires de la responsabilité pénale». Elles sont toutes remplies, selon Laurent-Franck Liénard : il y a eu un «commandement de l’autorité» validant l’usage de la GMD (celui-ci est pourtant intervenu une heure avant les faits), Alexandre M. était en état de légitime défense (l’accusé dit avoir reçu une bouteille en verre), et de nécessité (le chef de groupe voulait «protéger ses hommes»)… Pour tout cela, l’avocat demande l’acquittement au jury. Une condamnation reviendrait à«castrer tous les CRS de France», et donc à menacer la sécurité de la société tout entière.

«Pas de justice, pas de paix»

L’avocate de la partie civile, Lucie Simon, confronte avec déférence les fonctionnaires à leurs déclarations contradictoires, plus incriminantes quand ils répondaient aux enquêteurs de l’IGPN que devant la cour. Et de rappeler aux jurés que c’est «une profession difficile, une profession solidaire, une profession qui se protège».

 

Lucie Simon tire deux cordes : d’un côté elle s’attache aux faits, au respect de la procédure ; de l’autre, conformément au souhait de son client, elle tente d’élargir le débat, faisant citer trois témoins de moralité. L’une a été mutilée par une grenade identique à celle utilisée contre Laurent Théron. Les deux autres sont connus pour leur dénonciation renseignée de l’armement des forces de l’ordre. «Ce procès n’est pas une tribune», leur rappelle la présidente. Ce qui n’empêche pas Pierre Douillard, gravement blessé par un tir de flashball en 2007, de conclure avec cet espoir : que la tenue de ce procès «contribuera à ouvrir le débat sur ces grenades et les armes du maintien de l’ordre en général.» Dans sa plaidoirie, Lucie Simon prend les jurés par la main sur le sinueux chemin du droit pénal, estimant qu’aucune des «causes exonératoires» ne s’applique. Elle assure «ne pas être de ces avocats qui veulent partir dans l’émotion» mais ce sont des larmes et des accolades qui l’accueillent quand elle se rend dans le public après avoir terminé.

Après plus de trois heures de délibéré, le jury populaire a tranché : Alexandre M. a bien commis des violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente. Mais la légitime défense est retenue. Il est donc exonéré de sa responsabilité pénale, et acquitté. Le verdict est inattendu : la victime avait les mains dans les poches au moment d’être éborgnée, et ne représentait aucun danger pour les CRS. Seul le ministère public est susceptible de faire appel de cette décision. Quand elle tombe, la scène est surréaliste. La moitié policière de la salle la quitte, pendant que les soutiens de la victime crient leur colère, debout, et jusque sur les marches du tribunal : «Pas de justice, pas de paix». Pendant son témoignage, Laurent Théron avait dit à l’accusé : «J’aime trop la liberté pour envoyer quelqu’un en prison, même vous qui m’avez mutilé. Mon seul souhait est que vous soyez révoqué.» Il n’a pas été exaucé.

 

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Manifestant éborgné en 2016 : le CRS acquitté

Le policier accusé d’avoir crevé l’œil d’un homme qui manifestait contre la loi « travail » avec une grenade de désencerclement a été acquitté mercredi par la cour d’assises de Paris, qui a retenu la légitime défense.

Par Henri Seckel

 

« On retiendra ton nom jusqu’à la fin de nos vies, Alexandre Mathieu ! » « T’es la confirmation de l’impunité permanente ! » « T’es le symbole de la guerre sociale ! » « Démissionne ! » Il faut exfiltrer l’accusé par une sortie annexe au fond de la salle d’audience pour lui éviter un face-à-face avec la trentaine de militants qui l’invectivent longuement à l’annonce du verdict. Il est 20 heures, mercredi 14 décembre, et, après trois jours d’audience, Alexandre Mathieu vient d’être acquitté par la cour d’assises de Paris.


« Deux à trois ans avec sursis et cinq ans d’interdiction de port d’armes » avaient été requis contre ce CRS de 54 ans, jugé pour avoir éborgné Laurent Théron, qui manifestait pacifiquement contre la loi « travail », le 15 septembre 2016 à Paris, en tirant une grenade à main de désencerclement (GMD) dans sa direction. « On a cru au Père Noël », soupire, déçu au milieu de ses bruyants soutiens, ce secrétaire médical de 53 ans qui souhaitait voir le responsable de sa mutilation révoqué de la police nationale. « Qu’il y ait un procès, c’est déjà une victoire », avait-il estimé la veille. Un CRS devant les assises pour de tels faits était au moins une rareté.

 

Magistrats et jurés ont-ils été sensibles à l’avertissement lancé en fin de plaidoirie par l’avocat de la défense, Me Laurent-Franck Liénard, selon lequel condamner son client reviendrait à « castrer tous les CRS de France » ? Ont-ils été émus par son inquiétante prophétie ? « Si vous dites qu’Alexandre Mathieu, qui se trouvait sous les cocktails Molotov ce jour-là, est un criminel, il n’y aura plus aucune grenade utilisée par les CRS. Quand Paris sera à feu et à sang, ils croiseront les bras, et ils auront raison. »

 

Images décortiquées

La cour a estimé qu’Alexandre Mathieu avait bien exercé des « violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente » sur la personne de Laurent Théron, mais a jugé qu’il n’était pas responsable pénalement car il avait agi en état de légitime défense. Puisque le CRS avait reconnu le lancer de grenade qui avait coûté son œil droit au manifestant, l’objet du procès était de déterminer si la situation au moment des faits, le 15 septembre 2016 à 16 h 53 place de la République, justifiait l’usage d’une telle grenade.

La GMD, qui propulse autour d’elle, en explosant, dix-huit galets en caoutchouc à la vitesse de 130 mètres par seconde, est une arme particulièrement réglementée du fait de sa dangerosité – elle a disparu, depuis, de l’arsenal du maintien de l’ordre. Son emploi sert en théorie à disperser un attroupement hostile après sommations, ou sans sommation si les forces de l’ordre sont encerclées ou prises à partie.


Il est établi que la manifestation, ce jour-là, a été particulièrement dure pour les CRS, visés par plusieurs cocktails Molotov, dont un qui a envoyé un collègue d’Alexandre Mathieu à l’hôpital trois quarts d’heure avant les faits. Déterminer précisément l’ampleur de la violence ou de la menace à l’encontre des CRS à 16 h 53 – la notion de légitime défense implique que la riposte a lieu « dans le même temps » – s’est avéré plus délicat. Pour forger sa conviction, la cour a décortiqué les images de la scène captées par des vidéastes amateurs, et entendu ou lu les témoignages de nombreux CRS et de quelques manifestants qui se trouvaient sur les lieux ce jour-là.

 

Les vidéos, socle de l’accusation, n’ont pas permis de se faire de véritable idée : Alexandre Mathieu et ses collègues ne semblent ni encerclés ni pris à partie, mais ces vidéos débutent au moment du lancer de la grenade, et ne disent rien de ce qui a pu se passer dans les secondes précédentes. Les témoignages des policiers n’ont pas été d’une plus grande aide : ils se contredisent. Certains jugeaient « opportun » ou « nécessaire » l’emploi d’une GMD, d’autres « non ». Le défilé des CRS à la barre, entre amnésie et soupçon d’une volonté de protection de leur collègue, a donné une impression de louvoiement, que résument ces mots du voisin d’Alexandre Mathieu à l’instant des faits : « On était plus ou moins pris à partie, mais de façon éloignée. »

 

« J’avais la peur au ventre »

« Je ne comprends toujours pas pourquoi vous avez lancé cette grenade », a dit Laurent Théron. Alexandre Mathieu a essayé de s’expliquer, évoquant un projectile reçu sur le bras quelques instants avant, un bruit de verre brisé à ses pieds qui lui a fait craindre un nouveau cocktail Molotov, la certitude d’avoir face à lui les individus qui en avaient déjà lancé un trois quarts d’heure plus tôt. « J’avais la peur au ventre, je voulais juste disperser les agresseurs, dans le but de protéger mes hommes. J’ai raté mon jet. » Alexandre Mathieu voulait lancer la grenade au sol, et vers la droite. Elle est partie en l’air, et vers la gauche, vers Laurent Théron, qui s’apprêtait à quitter la place de la République.


Alexandre est le seul membre de sa compagnie à avoir ressenti le danger au point de lancer une grenade à ce moment-là. L’avocat général y a vu la preuve que ce policier expérimenté – vingt ans de police-secours – mais « jeune » CRS – il l’était depuis deux semaines, et n’avait pas encore été formé – avait paniqué, sur un terrain inédit pour lui : « Je n’avais aucune notion du maintien de l’ordre, qui est un métier à part entière, diamétralement opposé à ce que j’avais fait pendant vingt ans. C’est illusoire de penser qu’on puisse devenir CRS en quelques jours. Avec le recul, ça me paraît complètement inouï. »

 

Il n’y a donc pas de coupable dans cette affaire, a décidé la justice. En revanche, il y a bien une victime. Laurent Théron, père de deux enfants de 14 et 20 ans dont il a la garde exclusive, a raconté sa vie de cyclope depuis le 15 septembre 2016. Le champ de vision réduit et le relief qui disparaît. Les portes dans lesquelles on se cogne, l’eau qu’on verse à côté du verre, l’hésitation devant une petite marche. La fin du ping-pong et du football américain – impossible de renvoyer une balle ou d’attraper un ballon. Le certificat à obtenir pour continuer à conduire, la gêne pour faire ses créneaux à droite, les cinq accrochages en quatre ans qui ont incité la GMF à résilier son assurance. Les six opérations qu’il a subies. L’implant qui n’a pas tenu. Le mélange de lymphe et de sang qui coule la nuit, et le réveille. L’obligation de se laver l’œil cinq fois par jour, dix en été quand l’air est sec et chaud. Sans même parler de la dépression et des difficultés financières. « Ce 15 septembre 2016, je veux l’oublier, a dit Laurent Théron. Mais tous les jours, le miroir me le rappelle. »