Je me réfère au discours antiblanc anti-occidental, anticolonialiste de Said Bouamama, d'Aimé Césaire et de la Chine, la Russie et les Brics pour la fin de l’oppression coloniale en "Afrique noire francophone". La thèse semble raisonnable, considérant la pauvreté endémique des pays africains. Elle serait due à l'esclavage, puis au colonialisme, puis au néocolonialisme: les colonisateurs, en prélevant les ressources naturelles et en appelant à produire des biens correspondant à leurs besoins, auraient détruit tout le tissus social traditionnel des sociétés africaines. L'état actuel des pays africains serait donc la conséquence de la prédation des pays occidentaux durant toute la période coloniale.
Je pense que depuis toujours, les sociétés humaines sont divisées entre "dominés" et "dominants" comme en témoignent les guerres et les massacres partout dans le monde, y compris d'horribles génocides. En Europe, les guerres ont dévasté les sociétés jusqu'au milieu du 20è siècle avec comme paroxysme le génocide des juifs par les Nazis sous Hitler. La relation "dominés" "dominants" est aussi la relation "élites" "populace" ou encore "gouvernants" "gouvernés"
Je pense aussi que les transitions dans la structure des sociétés se sont déroulées de manières différentes, tant en contenus :
- évolution des rapports sociaux,
- des techniques, de production et des rapports économiques,
- des activités artistiques et culturelles,
que dans leur déroulement dans le temps, et avec des tendances d'attractivité et de copie.
Ce qui est écrit au début du discours anticolonial de Said Bouamama, s'il est sorti de son contexte, dit justement cela et s'applique à la France fragmentée d'aujourd'hui:
"Toutes les économies dépendantes (celles de l’époque coloniale comme celles d’aujourd’hui) se caractérisent en effet par la mise en valeur de certaines parties du territoire national (celles nécessaires à l’exploitation des ressources : infrastructures routières, portuaires, adduction d’eau, etc.) et le délaissement d’autres (inutiles pour cette exploitation). Cela se traduit par la disparition de l’État de régions entières, et donc la destruction des bases matérielles permettant la construction d’une nation."
Je pense qu'il ne sert à rien, pour les ex dominés d'hier, d'utiliser l'histoire pour monter les populations les unes contre les autres. C'est ce que je vais tenter d'argumenter dans ce qui suit.
Je me réfèrerai d'abord à l'histoire de l'industrialisation
En Europe, le passage de sociétés féodales rurales à des sociétés capitalistes industrielles urbaines a été permis par l'invention de la machine à vapeur, (l'usage du charbon remplaçant le bois,) le développement de la sidérurgie et de l'acier, découverts à la fin du 18è siècle en Angleterre. Ces inventions permirent la production de masse d'objets auparavant réservés aux plus riches c'est à dire les dominants de l'époque. Il en fut ainsi au début, de l'essor du chemin de fer, de la construction de navires, puis au début de la production de textiles.
Mais la production de ces biens par des machines et les hommes qui les faisaient fonctionner, nécessitait des investissements en bâtiments et machines par des "dominants" et la concentration des machines et des hommes sur les lieux de production ainsi aménagés. La transition du monde rural au monde industriel urbain s'est faite progressivement, en un siècle, après les guerres napoléoniennes de 1814 jusqu'à la fin du 19è siècle. Cette transition a commencé en Angleterre où les conditions propices étaient réunies, à savoir la présence de charbon de différentes qualités dont le charbon à coke pour la sidérurgie, la présence de fer et de calcite pour la sidérurgie, la faible distance entre les centres de production.
