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La nouvelle vie de Laurent Berger, de la CFDT au Crédit mutuel

L’ex-leader syndical a accepté de rejoindre, le 15 septembre, l’établissement de crédit pour piloter un think tank dédié à la transition écologique. Il assure rester « un citoyen engagé » et ne s’interdit pas d’intervenir dans le débat public.

Par Bertrand Bissuel

Publié le 12 septembre 2023

 

 Laurent Berger, lors d’une journée de manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, le 31 janvier 2023.

Laurent Berger, lors d’une journée de manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, le 31 janvier 2023. JULIEN DE ROSA / AFP

 

Il se place au service d’une banque après avoir été à la pointe du mouvement social contre la réforme des retraites. Au Monde, Laurent Berger explique les raisons de son embauche par le Crédit mutuel, que l’établissement financier a annoncée, mardi 12 septembre, en dévoilant un « plan stratégique ». L’ancien secrétaire général de la CFDT, qui a cédé les commandes de la centrale cédétiste, le 21 juin, à Marylise Léon, sera chargé dès vendredi de bâtir un think tank centré sur la protection des écosystèmes et la lutte contre le réchauffement de la planète.

Pour le moment, il ne veut plus donner son avis sur Emmanuel Macron – avec lequel les relations s’étaient notoirement dégradées – ou sur la reprise du dialogue entre l’exécutif et les organisations de salariés. « Je suis concentré sur ma nouvelle mission au Crédit mutuel, enthousiaste comme un gamin », confie-t-il. Mais sa cure de sobriété médiatique n’est nullement définitive.

 

Depuis qu’il a quitté la tête de la CFDT, M. Berger dit avoir reçu « une quinzaine de propositions d’emploi sérieuses », émanant d’entreprises mais aussi de collectivités locales et d’associations. Son choix s’est finalement porté sur le Crédit mutuel Alliance fédérale – la principale entité du groupe Crédit mutuel – « car c’est une banque mutualiste, relevant du secteur de l’économie sociale et solidaire, qui développe une véritable stratégie pour contribuer à une transition écologique socialement juste ».

 

Sa tâche consistera à concevoir puis à piloter un « centre d’expertises dédié à la révolution climatique et environnementale ». L’objectif est de produire « des données pour que l’entreprise fasse évoluer ses pratiques et participe » à des actions visant à résorber les émissions de gaz à effet de serre. L’ex-leader syndical travaillera avec les équipes du Crédit mutuel mais aussi avec le monde académique, les organisations non gouvernementales, des représentants de la société civile. Il sera placé directement auprès de Daniel Baal, le directeur général de Crédit mutuel Alliance fédérale, « ce qui est un signe supplémentaire de la volonté du groupe d’avancer sur ces questions », selon M. Berger. La structure en question devrait être opérationnelle au printemps 2024, si tout se déroule comme prévu.

 

« Je crois à ce modèle »

L’ancien syndicaliste change donc radicalement de métier, d’univers et de statut – avec un chef au-dessus de lui, alors qu’il avait été le patron pendant onze ans. Mais sa reconversion, souligne-t-il, « est en phase avec les combats » qu’il a menés lorsqu’il dirigeait la CFDT. Ces combats, ajoute-t-il, « je voulais les poursuivre » : « C’est un défi, bien sûr, qui engendre du stress car j’ai beaucoup à découvrir, mais je crois à ce modèle. »

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A tous ceux qui l’accuseraient de s’associer à une opération de « greenwashing », pour repeindre en vert l’image de son employeur, M. Berger objecte « que les faits démontrent le contraire » : « L’entreprise s’est distinguée par des engagements concrets, avec – entre autres – le dividende sociétal, un dispositif par lequel 15 % de son résultat net est consacré au financement de projets environnementaux et solidaires. »

Que pense-t-il de l’actualité sociale et politique ? « Il y a quelqu’un de mieux placé que moi pour la commenter – en l’occurrence Marylise Léon, que je ne veux surtout pas embarrasser par des prises de position personnelles », répond-il. Pour autant, l’ancien militant de la jeunesse ouvrière chrétienne n’est « pas entré dans un couvent ». « Personne ne m’a demandé de disparaître des écrans radars, même si je dois la loyauté à mon employeur », développe-t-il. M. Berger « reste un citoyen engagé », qui ne s’interdit pas d’intervenir dans le débat public, mais aujourd’hui, il n’en a « pas du tout envie ».

 

Bertrand Bissuel