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La Turquie cherche des hydrocarbures dans les eaux territoriales grecques

La Turquie cherche des hydrocarbures dans les eaux territorales grecques, au sud-est de la Crète; la Grèce demande un sommet d’urgence à l'UE

 

L’« Oruç-Reis », escorté par une flottille turque, le 10 août 2020, au large de la Crète.

 

Ankara veut s’imposer dans la ruée vers les hydrocarbures en Méditerranée orientale, quitte à effectuer ses missions d’exploration en partie dans la zone maritime grecque.

 

Source Le Monde avec AFP et Reuters Publié aujourd’hui à 14h32, mis à jour à 14h58

 

 L’« Oruç-Reis », escorté par une flottille turque, le 10 août 2020, au large de la Crète. AP

La Grèce souhaite un sommet d’urgence de l’Union européenne sur la Turquie, a annoncé mardi 11 août le bureau du premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, après l’envoi d’un navire turc de recherche d’hydrocarbures dans une zone maritime grecque qu’Ankara dispute à Athènes. La découverte, ces dernières années, de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l’appétit des pays riverains, comme la Grèce, Chypre, la Turquie, l’Egypte et Israël, donnant lieu à des disputes territoriales.

 

« Je ne peux pas vous dire si une décision sera prise aujourd’hui. Mais, bien sûr, nous sommes d’accord sur le fait que la situation en Méditerranée orientale est extrêmement préoccupante et doit être réglée par le dialogue », a répondu à la presse Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie de l’Union Européenne (UE), Josep Borrell.

 

Athènes avait la veille accusé Ankara de « menacer la paix » en Méditerranée orientale, estimant que la présence dès lundi dans cette zone maritime du navire sismique de recherche turc Oruç-Reis constituait « une nouvelle escalade grave » et « montrait » le « rôle déstabilisant » de la Turquie.

Forages en août

La marine grecque a localisé, mardi, l’Oruç-Reis au sud-est de l’île de Crète : il est escorté par une flottille turque, le tout sous la surveillance de bâtiments de guerre grecs. La Turquie a précisé, mardi, que ce bateau procéderait à ses recherches du 10 au 23 août dans une zone située entre la Crète, dans le sud de la Grèce, et Chypre et au large de la ville turque d’Antalya. Cette zone se situe pour deux tiers en zone maritime grecque, contestée depuis des décennies par Ankara.

 

« A partir de fin août, nous allons délivrer des permis pour mener de nouvelles recherches et des forages dans de nouvelles zones (…) dans la partie occidentale de notre plateau continental », a affirmé par ailleurs le ministre des affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, lors d’une conférence de presse à Ankara. « Nous sommes déterminés à défendre nos intérêts », a-t-il ajouté.

Stratégie politique

« La Grèce et la Turquie ont toujours eu des relations de voisinage compliquées, mais depuis le coup d’Etat manqué contre Erdogan en 2016, la situation s’est nettement détériorée », avait expliqué au Monde Panagiotis Tsakonas, professeur de relations internationales à l’université d’Athènes. Confronté dans son pays à une sévère crise économique, le président turc tente de s’illustrer sur la scène internationale et d’étendre son influence hors des frontières turques, en Syrie, en Libye, en Méditerranée. Ankara veut notamment s’imposer dans la ruée vers les hydrocarbures et s’affirmer comme première puissance en Méditerranée orientale.

 

Signe de cette volonté de conquête : en novembre 2019, la Turquie signait avec le gouvernement d’accord national libyen (GAN) un accord qui délimite les frontières maritimes bilatérales en empiétant sur des zones exclusives grecques et chypriotes.