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incidence repart à la hausse

Covid-19 : l’incidence repart à la hausse, notamment parmi les 20-29 ans

Face à une quatrième vague jugée « inévitable » par les épidémiologistes, le conseil scientifique juge « trop important » le pourcentage de personnes fragiles non vaccinées.

Par Delphine Roucaute

Publié le 09 juillet 2021 à 11h00 - Mis à jour le 10 juillet 2021 à 03h01 

 

Quand l’Espagne décide, sous la pression du Covid-19, de fermer ses discothèques pour quinze jours, la France rouvre les siennes, vendredi 9 juillet. Une étape importante qui parachève le déconfinement engagé il y a quelques semaines au moment du reflux de l’épidémie. Pourtant, depuis une dizaine de jours, « on peut clairement parler de reprise épidémique, l’incidence repart à la hausse de manière exponentielle », assure Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

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La France enregistre désormais 2 360 nouveaux cas de Covid-19 par jour, soit une hausse de près de 31 % par rapport à la semaine précédente, selon le bulletin épidémiologique de Santé publique France publié jeudi 8 juillet. Le taux de reproduction du virus, c’est-à-dire le nombre de nouveaux cas qu’une seule personne infectieuse va générer en moyenne, est en hausse depuis plus d’une semaine et se situe désormais autour de 1,15. Ces signaux montrent bien que le virus a recommencé à circuler dans la population à la faveur du variant Delta, plus contagieux que tous les sous-lignages observés jusque-là sur le territoire et qui représente 43 % des prélèvements positifs criblés. « Il sera bientôt majoritaire dans notre pays, probablement ce week-end », a estimé, vendredi sur France Inter, le ministre de la santé, Olivier Véran.

Seuil d’alerte en Ile-de-France

Si ce regain de la circulation s’observe dans toutes les régions, il est particulièrement fort en Ile-de-France, qui n’était jamais descendue en dessous des 24 cas pour 100 000 habitants et atteint désormais les 40 cas pour 100 000 habitants. A Paris, le seuil d’alerte des 50 cas pour 100 000 habitants a été franchi. Il rejoint ainsi le département des Landes, où le gouvernement avait décidé de maintenir les dernières mesures de restriction en raison de la flambée du variant Delta.

L’incidence augmente dans toutes les classes d’âge, sauf chez les plus jeunes (0-9 ans) et chez les plus âgés (plus de 70 ans), et est particulièrement marquée chez les 20-29 ans, tranche d’âge qui connaît une augmentation de 80 % de ses contaminations par rapport à la semaine dernière pour atteindre le taux d’incidence de 65 cas positifs pour 100 000 personnes sur une semaine. Seuls 23 % d’entre eux sont entièrement vaccinés, mais les personnes contaminées de cet âge développent très peu de formes graves, voire essentiellement des formes asymptomatiques ou paucisymptomatiques de la maladie. Les répercussions ne se font pas encore sentir sur l’hôpital, où le nombre de déclarations de nouvelles hospitalisations et admissions en services de soins critiques a encore diminué cette semaine.

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« En termes de cas, une quatrième vague est inévitable, mais l’impact sur les hospitalisations et les décès serait probablement moindre », explique Mahmoud Zureik, qui invite à scruter attentivement ce qu’il se passe actuellement outre-Manche, où le variant Delta est très rapidement devenu dominant. « En Grande-Bretagne, la baisse des cas a été très rapide, comme ce qu’on a vécu en France, mais, là-bas, il y a eu un plateau bas de l’incidence pendant quelques semaines, précise l’épidémiologiste. En France, c’est reparti très vite. Il y a actuellement environ cinq semaines de décalage entre la situation britannique et la française. » On observe pour le moment en Grande-Bretagne une décorrélation entre le nombre de nouveaux cas et les hospitalisations, qui sont encore à un niveau bas. Pour autant, les entrées à l’hôpital augmentent de manière exponentielle, doublant tous les dix jours.

Manque d’anticipation

Face à cette menace, le gouvernement français a durci le ton ces derniers jours, appelant la population à se vacciner au plus vite. « Depuis mai, le gouvernement fait le grand écart dans la gestion de l’épidémie : après avoir dit en mai et en juin que tout allait bien, les discours sont aujourd’hui très alarmistes et culpabilisants. Entre-temps, les gens ont perdu la notion de risque et ont oublié les gestes barrières, sont moins allés se faire vacciner », observe Mahmoud Zureik.

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Un manque d’anticipation dommageable, selon l’expert. « Appeler à la vaccination massive aujourd’hui pour enrayer le rebond est trop tardif, car la reprise épidémique est déjà là, analyse-t-il. Malgré tout, il faut absolument aller se faire vacciner, car cela va amortir la quatrième vague, on le voit dans des pays tels que la Grande-Bretagne et Israël. » Aujourd’hui, en France, 52 % de la population a reçu au moins une dose et 38 % sont complètement vaccinés, quand la moitié de la population britannique est désormais protégée par le vaccin, contre 60 % de la population israélienne.

Dans un avis rendu public vendredi, le conseil scientifique insiste sur le fait que « le pourcentage de personnes non vaccinées à risque demeure trop important (10 % des plus de 60 ans [avec comorbidités], 40 % des personnes obèses avec IMC supérieur à 30 quel que soit leur âge), ce qui représente au moins 4 à 5 millions de personnes susceptibles d’être infectées par le variant Delta et d’avoir un impact fort sur le système de soins ». Pour les experts, « ces personnes sont la priorité vaccinale des toutes prochaines semaines », tout comme « les personnes migrantes et personnes en situation de grande précarité ». Leur recommandation majeure reste l’accélération du programme vaccinal pour enrayer la progression du variant Delta.

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Delphine Roucaute