DE L'UTILITÉ DES CLOWNS CLIMATO-SCEPTIQUES EN MACRONIE

Clash ordinaire : voici une sous-ministre macronienne, Brune Poirson, "secrétaire d'Etat à la transition écologique et solidaire" face à un clown provocateur omniprésent des plateaux, Gilles-William Goldnadel. Canicule oblige, on parle climat. Bon garçon, Goldnadel (habituellement préposé à la défense du gouvernement israélien) veut bien convenir que ça se réchauffe, mais il n'est pas certain que ce soit de la faute de l'Homme. Il faudrait en discuter. En débattre. Faire des colloques. n déréglement climatique si le mot vous convient (...) La correlation entre les activités humaines et le réchauffement, encore faut-il la quantifier (...) Je ne sais pas ce que c'est que la science" Etc etc.

Face aux clowneries du négationniste du climat, Poirson reste stoïque, droit dans ses bottes, très calme.  Elle défend les scientifiques. La science. 

Et du coup, personnellement, je passe par plusieurs stades. 

Premier temps : mais pourquoi la chaîne LCI , en 2019, invite-t-elle des clowns climato-sceptiques ? Est-ce pour concurrencer BFM et ses "températures ressenties" alarmistes ?  Est-elle consciente de sa responsabilité ? 

Deuxième temps : je dois bien convenir que je trouve Brune Poirson, dans son stoïcisme, particulièrement efficace. Sans doute plus efficace que si elle n'avait pas été obligée de déployer toutes ses ressources de stoïcisme et de droiture dans ses bottes face à Goldnadel. Finalement, la présence du clown-repoussoir est peut-être nécessaire à l'adhésion au discours scientifique. C'est pervers, la télé.

Troisième temps : mais que suis-je en train de faire ? Je suis en train de défendre une ministre de Macron ? Une ministre de ce gouvernement des petits trucs et de la poudre aux yeux en matière écologique ? (lisez ce bilan du Monde, qui vient de sortir). De ce gouvernement des petits gestes, justement et avec panache dénoncé par la démission de Hulot l'an dernier ? De ce gouvernement qui fonce dans le mur, comme tous les gouvernements du monde ? D'autant que Poirson, en fin de duel (écoutez bien, j'ai dû écouter trois fois pour l'entendre), livre une clé de l'échange, en renvoyant dos à dos Goldnadel et "ceux qui nous demandent d'aller toujours plus vite". Dos à dos. Ceux qui, conscients de l'urgence,  demandent au gouvernement d'aller "toujours plus vite", sont donc, dans le schéma argumentatif de la ministre, ramenés au rang de provocateurs symétriques de Goldnadel. De l'utilité des clowns dans les clashes. CQFD.