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Cette disparition qui me hante - MARS 2022

 

Le soleil diffuse progressivement ses doux rayons dans la pénombre de ma chambre. La lumière se pose sur mon visage, ce qui me tire de mon sommeil. Je m'étire difficilement après une nuit tumultueuse. Je n'ai pas la moindre envie de sortir de mon lit si moelleux. Pourtant, il le faut, ce matin, j'ai un rendez-vous important avec ma mère. Mon souhait aurait été de ne plus jamais la revoir, mais il faut que j'aille écouter ce qu'elle veut me dire. Je n'ai pas le choix. Je me lève soudainement, enfile mes chaussons roses et pars déjeuner. Comme chaque matin, je prépare mes tartines tout en regardant ma série préférée à la télévision. Cependant, aujourd'hui, je n'y arrive pas. Je n'ai aucun appétit et l'émission ne me divertit pas du tout. Mes pensées sont entièrement tournées vers mes cauchemars de cette nuit. Je la revois faire ses bagages et partir en m'abandonnant à mon sort. C'était il y a 3 ans maintenant. Je n'avais eu aucune nouvelle de sa part. Je décide de sauter le repas du jour et d'aller me doucher. Une fois séchée et habillée, je prends mes clés de voiture et pars pour la retrouver.
 
Nous avons rendez-vous dans un bar branché du coin. Moi, je déteste ce lieu, trop de vautours. D'autant plus, il ne donne pas envie de rester là, c'est un vieil établissement qui tombe en ruine, les meubles sont abîmés, et le personnel odieux. Qui voudraient venir ici franchement ? Tout le monde sauf moi à croire. Ou bien, c'est parce que l'alcool coule à flots et qu'on ne demande pas la carte d'identité. Je pense que c'est sûrement pour cette raison. Je vois enfin cette femme qui est ma mère, elle est plus maigre qu'avant et elle s'est teinte les cheveux en roux. Elle s'installe à ma table avec un grand sourire. 
 
En la voyant s'assoir tranquillement en face de moi avec cet air enjoué, j'ai très envie de la frappé. Après tout le mal qu'elle m'a fait, comment peut-elle être si détendue ?
J'essaie de me calmer, je respire profondément tout en regardant le sol pour ne pas croiser son regard. Je fini par me débarrasser de ma colère et lève les yeux vers elle. Je la regarde intensément, les sourcils un peu froncés et les dents serrés, ma colère revient peu à peu mais je la contrôle.
 
- Bonjour Silvy. Dis-je froidement.
- Bonjour Olivia, tu es magnifique aujourd'hui. Comment vas-tu ? Répond ma mère enjouée.
- Bien...
Un silence s'installe, aucunes de nous n'ose parler. Ma mère semble gênée, quant à moi je n'ai pas la force de lui dire ce que je voulais lui dire depuis toutes ces années.
Lui dire à quel point je me suis sentie si seule et si minable sans elle, lui dire à quel point j'étais triste, et surtout lui dire que je la déteste ! Je la haie de m'avoir laissé là, seule et sans mère, d'être partie sans dire un mot, sans raisons, sans donner de nouvelles. Je la méprise tellement...
Mais il y avait une chose que je voulais lui demander, une chose très importante, la plus importante de toutes : Pourquoi ?
Pourquoi était-elle partie ? Y'avait-il une raison ou l'avait elle fait comme ça sur un coup de tête comme quand on décide quelle paire de chaussettes mettre le matin... Je veux le lui demander mais j'ai peur... Peur de sa réponse, peur que ce qu'elle va me dire et de ce que ça va me faire. Peut que ça me fera encore plus de peine que de ne pas savoir...
 
 
Après ce long silence, je me lance :
- Maman... Pourquoi ? Lui demandai je la voix tremblante. La haine avait complètement disparue, j'étais désormais triste et anxieuse.
- Pourquoi quoi, la chérie ? Me dit-elle d'un ton interrogateur.
Je déglutis bruyamment et reprend la parole difficilement :
- Pourquoi tu nous as abandonné, moi et papa ?
Sur ces mots je fondis en larme. 

 

Je cache mon visage entre mes mains tremblantes, essayant d'étouffer le bruit de mes sanglots. Quand j'arrive à me calmer assez pour regarder à nouveau ma mère, je lui trouve le regard fuyant. Elle regarde partout autour de nous, gênée. Comme si c'était embarrassant d'être vu avec sa propre fille en pleurs ! Alors même qu'elle est la raison de mes larmes ! Je suis soudainement indigné, et je sens cette haine remonter. Après ce qu'elle m'a fait subir, elle s'inquiète plus de ce que de pauvres alcoolos pourraient penser d'elle que de moi. Pas un mot de réconfort, pas que je m'y attendais vraiment venant d'elle, mais quand même. J'essuie mes joues trempées avec ma manche d'un geste vif. Je n'ai qu'une envie, me lever et partir mais pas avant qu'elle ne m'ait répondu. Je mérite au moins ça, des réponses. Surtout que je suis celle qui lui rend service, à venir ici pour écouter ce qu'elle a envie de me dire même si j'en ai tout sauf l'envie. 
 
Je respire profondément pendant quelques secondes, essayant de garder mes émotions sous contrôle au moins jusqu'à ce que cet horrible rendez-vous soit terminé et ravalant amèrement le reste de mes larmes. 
 
-Alors... Pourquoi ? Tu dois bien avoir une ou deux raison pour nous avoir abandonné comme ça, et malgré ce que ça me coûte de rester assise dans ce bar miteux avec toi, j'aimerais les entendre. A moins que tu te sois simplement réveiller un matin en te disant que tu serais mieux sans ta fille. 
 
Je la vois avoir un mouvement de recul en entendant la colère dans ma voix. J'essaie une nouvelle fois de me calmer, je vaux mieux que ça après tout. Mieux qu'elle. Je la vois ouvrir la bouche pour me répondre après une longue pause, et je me prépare mentalement à ce qu'elle pourrait bien me dire.
 
Je ne sais pas à quel genre d'excuse minable je m'attendais mais les mots qui suivirent me prirent par surprise. 
 
- Tu n'étais pas ma fille. me fit-elle très calmement, sans aucune émotion. Comme tu l'as deviné, un jour comme ça, je ne vous ai plus reconnu, ni ton père, ni toi, ni notre maison, ni même la rue quand je suis sortie. J'ai marché et marché. J'ai erré plusieurs heures à la recherche d'un endroit ou d'un visage que je reconnaitrais, mais rien.
 
Après le choc de cette déclaration, mon envie de lui balancer quelque chose au visage était mitigée. J'avais à la fois envie de la blesser, de lui faire sentir toute la souffrance qu'elle nous avait infligés en partant sans prévenir, et à la fois d'avoir de plus amples informations. Ca semblait tellement absurde comme raison. Et surtout improbable !
 
- Mais alors, tu t'es bien souvenue de moi aujourd'hui. Qu'est-ce qui a changé ? lui demandais-je prestement. Et surtout quand et pourquoi ? Je ne comprends pas comment tu peux faire pour te planter comme ça devant moi comme une fleur, sourire aux lèvres, et faire comme si de rien n'était, alors que je parie que tu as eu pas mal d'occasions de reprendre contact, nan ?! 
 
Cette femme assisse devant moi avait perdu son sourire, elle avale sa salive difficilement et soupir comme si elle ne voulait pas me répondre. Pourquoi me demander de venir pour s'expliquer et avoir autant de mal à le faire ?
 
- Tu vas cracher le morceau ! Je veux savoir ce qui t'a donné envie de me revoir, pourquoi maintenant après 3 ans ! Je vivais bien sans toi ! Lui dis-je sur un ton agressif.
- Eh bien, c'est ton père qui m'a demandé de te parler. Mais j'en suis incapable. Je suis désolée. Répond-elle calmement.
 
Elle se lève rapidement et marche d'un pas énergique vers la porte de sortie. Je la regarde partir à l'extérieur, je ne comprends pas, elle va vraiment me laisser en plan sans aucune explication. Je bondis de ma chaise en la renversant au passage et me précipite dehors pour la rattraper. Une fois à l'extérieur, il me faut un petit temps d'adaptation, car le soleil m'éblouit. Ensuite, je cherche frénétiquement des yeux cette femme que j'appelais autrefois "maman". Où est-elle ? Puis par le plus grand miracle, je l'aperçois essayant de s'enfuir en voiture. Je cours vers celle-ci et me positionne juste devant.
 
- Recule de là Olivia ! C'est dangereux ! Crie-t-elle
- Non, je veux des réponses !
- Monte dans la voiture. Ordonne Sylvie
 
J'obéis et m'installe côté passager. Sa voiture sent bon, un doux parfum de vanille. J'observe aussi un siège d'enfant à l'arrière. Ma colère remonte, elle a refait sa vie et elle s'est créé une nouvelle famille.
 
- Écoute Olivia, tu n'es pas ma fille.
- C'est faux, tu mens tellement mal ! Tu m'as mise au monde, papa a même les enregistrements du jour de ma naissance.
- J'ai une sœur jumelle Olivia. Je suis ta tante Maeve, pas ta mère. Regarde cette photo.
 
Elle ouvre son pare-soleil, prend la photo et me la tend. Je regarde, mais je n'en crois pas mes yeux. C'est bien ma mère et une autre personne qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau.
 
- Mais alors, elle est où ma mère ? Lui demandais-je en essayant de camoufler un sanglot.  
 
Maeve ne me répondis pas tout de suite, elle avait un regard sévère et ne quittais pas la route des yeux. Ses lèvres étaient plissées et elle commençait à se mordiller la lèvre inférieure. On aurait dit qu'elle voulait me répondre mais ne savait pas comment. J'attendais mais elle ne se décidait pas alors j'ai commencé à m'énerver :
- Tu comptes me répondre ? Je commence à en avoir marre de toutes ces cachoteries, je ne comprends plus rien !
J'étais vraiment très énervée mais cette femme qui prétendait être ma tante ne réagissait pas, elle n'avait pas bougé, même pas cligné des yeux.
 
- Tu sais quoi ?! J'en ai marre ! Arrête la voiture, je veux sortir ! Lui dis-je en criant.
Elle baissa les yeux, ralentis la voiture et se mis sur le bas-côté de la route mais avant que je n'ai eu le temps d'ouvrir la portière, elle attrapa mon poignet doucement et me dit :
- Attend... Il faut vraiment qu'on parle.
- Je ne demande que ça de parler moi, mais tu n'es pas très coopérative !
Je n'étais plus du tout triste ou angoissée, j'étais énervée, très énervée.
- Je sais, me dit-elle, mais c'est difficile à dire... Ce n'est pas une chose que je peux t'annoncer comme ça... Je vais tout t'expliquer mais laisse-moi le temps de reprendre mes esprits, c'est difficile pour moi aussi tu sais.
 
Le silence revint dans la voiture, il n'y eu plus un bruit, à part celui des voitures qui passaient à côté à toute vitesse. Ces quelques minutes me parurent durer une éternité.
Maeve ravala sa salive et se lançât :
- Ma sœur... ta mère est morte. Dit-elle difficilement.
Mes yeux devinrent ronds de surprise. Ma mère est morte ? Mais comment ?
Elle répondit à ces deux questions comme si elle avait lu dans mes pensées.
- Elle s'est faite assassiner la nuit où elle est partie. Elle n'est jamais revenue car elle ne le pouvait pas. Ta mère ne vous aurait jamais abandonné toi et ton père, elle vous aimait tellement... Dit-elle en ravalent quelques larmes. 
 
Après avoir pris le temps de fermer les yeux et souffler pour reprendre ses esprits, elle continua :
 
- J'étais venue chez vous parce que ma soeur m'avait appelé à l'aide. Elle avait des ennuis, de gros ennuis. Alors tu n'imagines pas ma surprise quand je suis arrivée et... que... je l'ai vu là, étendue par terre. Son coeur ne battait plus. Il était trop tard. Puis tu es arrivée, j'ai entendu ton pas dans la maison, mais j'étais en état de choc. Quand j'ai regardé par l'entrebâillement de la porte je ne t'ai pas reconnu. Je ne savais plus ce que je faisais là, mais je savais qu'il s'agissait de ma défunte soeur au sol et que l'on était dans la maison familiale. Et je ne voulais pas que des étrangers aient accès à son corps, alors je me suis empressée de trouver la plus grande valise qui soit dans la penderie, et j'ai du me résoudre à l'y mettre. Même si ça me révulsait de faire ça, de lui faire subir ça, même si elle ne ressentait plus rien.
 
- C'était toi ? Et elle était.... ne réussis-je à lui répondre
 
- Oui... C'était bien moi que tu as vu quitter l'appartement avec vos bagages. Et... avec ta mère. Je suis tellement, tellement désolée Oliv'. Je nous croyais dans le passé, à fuir les perpétuels... Nan. Je n'en dirai pas plus. Je sais que ta mère ne voulait pas que tu connaisses tes grands-parents, et je respecte son choix. Mais pour faire court, je me pensais à une époque ou nous ne pouvions compter que sur nous deux, alors la savoir à la merci d'inconnus, dans un endroit tout aussi inconnu, cela m'était totalement inconcevable. 
 
Un silence entre nous, pour la première fois depuis ce matin, je ne sais pas quoi répondre. Dans mon esprit, c'est le bazar. Maeve tourne la clé de sa voiture afin de la démarrer. Le bruit du moteur tourne et elle attend plusieurs minutes avant de prendre la route. J'observe par la vitre les maisons qui défilent devant mes yeux mais en réalité, je les regarde sans aucun intérêt. Je suis juste perdue et j'ai besoin de temps pour digérer ce que je viens d'apprendre.
 
- Arrête la voiture. Demandais-je précipitamment.
- Écoute, je ne voulais pas te l'annoncer comme ça. Ton père voulait que tu saches la vérité.
- Depuis quand mon père connaît la vérité ?
- Il y a quelques mois. Dit-elle en étant toujours concentrée sur la route.
- C'est à cause de toi alors qu'il s'est mis à boire ! Dis-je sur un ton plus agressif.
- Non Olivia, il buvait déjà, tu ne le voyais juste pas.
- Comment tu peux le savoir alors que je n'ai jamais entendu parler de toi. Maman n'a jamais parlé de toi ! Jamais !
- C'était pour te protéger ma chérie. Dit-elle sur un ton triste.
- Je veux descendre de la voiture !
- Mais attend, je vais te déposer.
- Maintenant ! Dis-je un peu plus fort.
 
Elle met son clignotant et se gare sur le bas-côté. Avant que je ne parte, elle me saisit le bras et me regarde avec ses yeux remplis de larmes qui ne demandent qu'à couler sur ses joues rosies. Je n'arrive plus à la regarder. Elle ressemble tellement à ma mère. J'ai besoin d'être seule pour mettre mes idées au clair. Je descends de sa voiture. Je décide de marcher vers le parc afin de me poser sur mon banc préféré. Je suis sous le choc de tout ce que j'ai appris aujourd'hui. La journée commençait mal et maintenant, c'est encore pire. Je pensais que ma mère m'avait abandonné alors qu'elle est morte depuis si longtemps. Comment j'ai pu louper cette information ? Comment j'ai pu en vouloir à ma mère pour quelque chose qu'elle n'aurait jamais pu faire. Pourtant, j'ai toujours cette rage en moi. C'est contre Maeve que je suis en colère, elle m'a caché cette vérité. Elle m'a laissé croire que j'avais une mère indigne. Il faut que je comprenne comment elle est morte. Je vois au loin le banc, mais je ne décide pas de m'arrêter, il faut que je rentre chez mon père et que je fouille dans les affaires de ma mère. 
 
Je fais demi-tour pour me diriger vers la route, je marche sur le trottoir jusqu'à arrivé au bar où toute cette histoire à commencé. Je récupère ma voiture et pars en direction de mon ancienne maison.
Durant tout le trajet, j'ai ressassé ce que Maeve m'a dit, j'y ai repensé encore et encore pour essayer de comprendre, en vain.
Arrivé devant chez mon père, je me fige. J'étais déterminer à fouiller, à chercher des explications, à découvrir la vérité mais là, j'ai un gros doute. Ai-je vraiment envie de savoir ?
Je me suis déjà posé cette question plusieurs fois avant ce stupide rendez-vous mais cette fois c'est différent. Je craignais de savoir pourquoi ma mère m'avait laissé tomber alors que, désormais, je crains de savoir pourquoi elle est morte. J'ai peur de découvrir d'énormes secrets de famille qui auraient mieux fait de rester caché. J'ai peur de découvrir des choses sur mon père, des choses malsaines. Je ne sais plus quoi faire.
 
 
Je suis planté là, devant la maison depuis dix bonnes minutes et apparemment le voisin l'a remarqué.
- Bonjour Olivia ! Est-ce que ça va ? Vous avez perdu vos clefs ?
- Non, je les ai... Et oui, je vais bien, ne vous inquiétez pas Monsieur Perrier.
- Vous êtes sûr ? Me dit-il inquiet.
- Oui, oui...
Je lui dis ces mots en me dirigeant vers l'entrée. Je sentais toujours son regard sur moi en m'éloignant. Je n'avais plus le choix, il fallait que je rentre, Monsieur Perrier est un homme très curieux et amateur de potin, il ne m'aurait pas lâché.
 
 
Me voilà à l'intérieur, j'ai pu fuir le voisin mais pas mes doutes : faut-il que je cherche la vérité ?
 
Je fus arraché de mes pensées quand j'entendis un bruit sourd. C'était comme si quelqu'un avait fait tomber quelque chose. A cette heure-ci personne ne devait se trouver dans la maison...
Je commence à paniquer, est-ce un cambrioleur peu discret ?
J'attrape la batte de base-ball posé contre le mur de la porte d'entrée et j'avance doucement en direction du salon. Le bruit venait de la cuisine mais pour y accéder il fallait que je traverse le salon directement ouvert sur la cuisine en question.
Je jette un coup d'œil rapide au salon, il n'y a personne et rien ne semble avoir disparu. Je me rapproche dangereusement de la cuisine quand j'entends des bruits de pas venant vers moi. Je m'arrête, le stress monte.
Soudain je vois un vieil homme face à moi, une bouteille à la main, je me prépare à le frapper quand il cri :
- STOP !!!
Je sursaute, me fige et reconnais ce visage rondelet. Cet homme n'était autre que mon père en train de boire, encore.
- Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu m'as fait une de ces peurs ! Dis-je encore sous le choc.
- Tu rigoles ? C'est toi qui m’as fait peur ! Ça ne va pas de te balader comme ça avec une batte à la main ?!
- J'ai cru que tu étais un cambrioleur... Tu n'es pas censé être au boulot ?

 

Sur ces mots, il comprit qu'il était vain d'essayer de trouver une explication. Surtout que je voyais très clairement son verre à la main, et l'état dans lequel il était. Heureusement pour moi, il n'était que légèrement hébété. Ce qui va faciliter la suite... Lui demander de tout m'expliquer !

Nous reprenons tous les deux notre souffle, conscients qu'aucun danger n'est présent, autre que l'alcool qui coule dans ses veines, et se rappelant d'où je venais, il eut du mal à articuler, mais après quelques secondes, me proposa de nous asseoir sur le sofa du salon non loin.

- Ecoute, lui dis-je, je suis venue pour avoir des réponses. Des vraies cette fois ! Et je sais pour... maman. M'évertuais-je à continuer en retenant des larmes qui menaçaient de venir troubler mes pensées. J'ai besoin que tu me racontes tout ce que tu sais, et maintenant. Je t'en prie, c'est vital que je le sache, je suis en droit de connaitre ce qui s'est passé !

- Bon, très bien, répondit-il. Mais je te préviens, tu vas être choquée, et tu ne pourras plus revenir en arrière après cela hein.

Voyant mon approbation, il continua sur sa lancée, posant son verre sur la table basse au passage, et me demanda avant de prendre un gâteau. Ma tête trahissait probablement le fait que je n'ai pas mangé aujourd'hui.

- Il y a longtemps, quand ta mère était jeune, elle vivait avec ta tante Maeve que tu viens de rencontrer, et leurs parents, tes grands-parents maternels donc. On n'a jamais voulu te parler d'eux pour la simple et bonne raison qu'il ne valait mieux pas, ce n'était pas des bonnes personnes. L'un comme l'autre étaient accros aux jeux d'argent, et lorsqu'ils perdaient, ils s'en prenaient à leurs filles. Elles servaient de bouc émissaire, ils reportaient la faute sur Silvy et Maeve pour chaque chose qui n'allait pas dans leur vie, y compris la perte de leurs mises. Comme si deux enfants aussi adorables qu'elles, j'aime à le penser, auraient pu être responsables d'une stupidité pareille ! Toujours est-il que leur vie a continué à se dérouler ainsi, jusqu'à ce que chacune d'elle ne prenne son envol dans le monde. Il y a trois ans et demi.... dit-il en marquant une pause à la limite de pleurer en pensant à sa femme... tes grands-parents se sont enfuis on ne sait où. Ils avaient laissé une énorme dette derrière eux, et les personnes en lien avec tout ça, avaient eu l'info quand nous avons emménagé dans la maison familiale, que nous étions les héritiers du couple qui les avaient roulés. C'est pour ça que, plusieurs mois plus tard... renifla-t-il... ils ont tenté de récupérer leur argent en venant à la maison. Ta mère avait appelé Maeve pendant qu'ils étaient là pour la supplier de venir de toute urgence, la sachant à l'abri du besoin, ayant également une famille de son côté. D'ailleurs ta cousine te ressemble beaucoup, j'ai vu une photo. Ta tante devait ramener une partie de la somme, ce qu'elle pouvait décemment prendre avec elle rapidement, pour permettre de payer une partie de leur foutue dette de jeu. Désolé, me dit-il en évitant mon regard, tout en prenant ma main pour la suite de son récit des évènements, qui se dirigeait vers le plus douloureux. Quand Maev' est arrivée à la maison, ta mère n'était... déjà plus de ce monde.... Il s'est avéré que la proposition de ne payer qu'une partie n'avait pas été suffisant, et ils l'ont fait payer de sa vie. Si seulement j'avais été là ! Ces salauds !!!

 

Voilà comment j'ai enfin su la vérité sur la mort de ma mère, et qui était réellement ma famille. Une femme et sa sœur, qui devaient encore et toujours pâtir des déboires de leurs indignes parents. Je suis bien contente de ne les avoir jamais rencontrés