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Le président Macron recadre l'ambassadeur en Hongrie

JACQUES HUBERT-RODIER Le 30/06 à 14:09

 

Pour Emmanuel Macron, la note de l'ambassadeur ne correspondait « en rien à la position officielle française ». - SIPA

L'ambassadeur de France en Hongrie Eric Fournier vante, dans une note obtenue par Mediapart, le modèle de la politique de Viktor Orban. Ce qui a obligé le président Macron à le recadrer.

Le moment était mal choisi. En plein sommet européen consacré aux questions migratoires, le président Emmanuel Macron a dû recadrer, vendredi, l'ambassadeur de France à Budapest qui vantait la politique du gouvernement hongrois de Viktor Orban notamment face aux migrants.

Dans une note interne du 18 juin adressée au ministère des Affaires étrangères et révélée par Médiapart,Eric Fournier, y dénonce à la fois « la magyarophobie » de la presse « française et anglo-saxonne » et vante les politiques de la Hongrie de Viktor Orban, « un modèle, ayant su anticiper les problèmes posés par les mouvements migratoires illégaux ».

Mais l'ambassadeur, qui n'a jamais caché son sentiment favorable à la Hongrie où il est en poste depuis septembre 2015, va un peu plus loin que ses propos habituels en affirmant que la presse « française et anglo-saxonne »veut détourner l'attention du « véritable antisémitisme moderne », celui des « musulmans de France et d'Allemagne ».

Viktor Orban n'a en effet cessé de défendre l'héritage chrétien de la Hongrie. Ce qui, selon la note publiée par Médiapart, fait dire à Eric Fournier : « Quoi de plus normal de la part d'une nation qui continue depuis 1.018 ans de faire de Saint-Etienne l'un de ses pères fondateurs ». Etienne 1er qui fut couronné roi en l'an 1.000 (ou 1001), fut canonisé pour avoir fondé l'Eglise hongroise.

 

Un diplomate aux positions tranchées

Mais l'objectif de l'ambassadeur, qui à aucun moment n'évoque la dérive « illibérale » de la Hongrie ni même les lois pour contrôler les ONG ou contre l'université du milliardaire philanthrope George Soros , est de s'opposer à un éventuel déclenchement de l'article 7 du Traité de Lisbonne qui priverait la Hongrie du droit de vote au Conseil européen.  Paradoxalement, Viktor Orban a étudié à Oxford grâce à une bourse de la fondation Soros.

Certes, Eric Fournier, qui a commencé sa carrière de diplomate en 1987 à Islamabad, est connu pour ses positions tranchées. Lors de l'invasion de la Géorgie en 2008 par les troupes russes, alors ambassadeur à Tbilissi, il n'avait pas hésité à se rendre à proximité d'un check point russe où il a été retenu pendant plusieurs heures par des soldats russes.

De même, lorsqu'il était directeur de l'Europe continentale (2001-2005) au quai d'Orsay, il avait interrompu à plusieurs reprises le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma russe Alexeï Pouchkov qui tentait de s'adresser au Dialogue franco-russe à Paris en mars 2014.

Mais, sur la Hongrie, il se heurte directement à la ligne défendue par Paris. Emmanuel Macron, interrogé par un journaliste de Médiapart, a d'ailleurs affirmé que la note ne correspondait « en rien à la position officielle française ». Le chef de l'Etat n'a cependant pas évoqué une révocation.

Il est vrai qu'Eric Fournier quitte à la mi-juillet sa fonction d'ambassadeur à Budapest. Au quai d'Orsay, sans vouloir rentrer dans « les détails d'une note interne », on évoque « un commentaire non sollicité et malvenu de son auteur auquel il a été fermement rappelé la nécessité d'une expression précise et mesurée dans le strict champ de ses compétences. »

Jacques Hubert-Rodier
@jhrodier 

 

 

 

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