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Professeur décapité à Conflans Sainte-Honorine : ce qu’il s’est passé

Un enseignant a été décapité vendredi 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) et son agresseur présumé tué par la police, dans la ville voisine d’Eragny (Val-d’Oise), trois semaines après l’attaque au hachoir perpétrée par un jeune Pakistanais près des ex-locaux de Charlie Hebdo à Paris.

« L’Obs » fait le point sur ce qu’il s’est passsé.

# Les événements

A 17h04, ce vendredi, un appel est passé au 17, numéro d’urgence de la police, pour signaler un homicide sur la voie publique, sur la chaussée, selon les informations de BFMTV. Il s’agit d’un homme décapité à proximité d’un collège de Conflans-Sainte-Honorine.

« Quelques instants plus tard, l’assassin menace des passants avant de prendre la fuite à pied. 200 mètres plus loin, sur le territoire de la commune voisine d’Eragny, il croise la route des policiers, issus de la BAC, déployés sur place après un appel général aux agents », raconte encore la chaîne d’info.

L’assaillant présumé était porteur d’un couteau, et un fusil a été retrouvé à ses côtés.

Les forces de l’ordre ont tenté d’interpeller l’individu qui les menaçait et ont fait feu sur lui. L’agresseur présumé, dont l’identité n’a pas été immédiatement établie, est décédé, a-t-on indiqué de source judiciaire. Il est alors 17h07, précise BFMTV.

# Ce que l’on sait de la victime

Selon une source policière, la victime, Samuel P., un professeur d’histoire du collège du Bois-d’Aulne à Conflans Sainte-Honorine, avait montré récemment à ses élèves des caricatures de Mahomet en cours.

Le choc et l’incompréhension dominaient vendredi soir chez les riverains rencontrés par l’AFP dans ce quartier pavillonnaire, qu’ils décrivent comme calme et sans histoire.

Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, la première association de parents d’élèves, dit avoir reçu un signalement vendredi dernier qui faisait état « d’un père extrêmement énervé » après la publication en classe d’une caricature de Mahomet.

La victime aurait, selon Rodrigo Arenas, « invité les élèves musulmans à sortir de la classe » avant de montrer une caricature du prophète accroupi avec une étoile dessiné sur ses fesses et l’inscription « une étoile est née ».

« Mon fils était dans la classe le jour où le professeur les a fait sortir parce qu’ils étaient musulmans, parce qu’il devait montrer une caricature du prophète », a expliqué à l’AFP un parent d’élève ayant requis l’anonymat, dont le fils est en classe de 4e.

« Il n’y a qu’une petite fille qui est restée, qui n’a pas voulu sortir, c’est cette petite fille-là qui a dit qu’il avait montré la photo d’un homme tout nu », a-t-il poursuivi.

« Apparemment, il n’a pas fait ça méchamment, mon fils m’a dit qu’il a fait ça pour préserver les enfants, pour ne pas être vexés, pour ne pas être choqués », a encore ajouté ce parent d’élève.

# Ce que l’on sait du suspect ?

L’assaillant serait un jeune homme d’origine Tchétchène âgé de 18 et non un Algérien né en 1992, comme annoncé dans un premier temps, explique « le Parisien ». Il aurait posté une vidéo macabre de la tête coupée sur les réseaux sociaux avant d’être abattu.

Les enquêteurs s’intéressent à un message posté sur Twitter par un compte désormais fermé et qui montre notamment une photo de la tête de la victime. Ils cherchent à savoir si elle a été postée par l’agresseur ou une autre personne.

Sous cette photo, un message menace Emmanuel Macron, « le dirigeant des infidèles », et son auteur assure vouloir venger celui « qui a osé rabaisser Muhammad ».

L’agresseur présumé a crié « Allah Akbar » avant d’être abattu, selon une source proche de l’enquête à l’AFP.

Selon une journaliste de BFMTV, l’auteur présumé, « né à Moscou il y a 18 ans est inconnu des services de renseignements. Connu en revanche pour de petits faits de droit commun ».

# Le parquet anti-terroriste saisi

Emmanuel Macron se rend dès vendredi soir à Conflans-Sainte-Honorine, a annoncé l’Elysée.

Le chef de l’Etat sera accompagné du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, et de la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de retour du Maroc, le rejoindra dans la soirée.

Auparavant, Emmanuel Macron s’est rendu à la cellule de crise mise en place au ministère de l’Intérieur, où il a été rejoint par le Premier ministre, Jean Castex. Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, s’y trouvait également.

Le parquet national antiterroriste a annoncé à l’AFP s’être immédiatement saisi de l’enquête, ouverte pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».

#La déclaration d’Emmanuel Macron : « Ils ne passeront pas »

Emmanuel Macron est intervenu peu avant 22 heures 30, depuis Conflans, pour dénoncer cet « attentat islamiste caractérisé ». « La nation toute entière sera aux côtés des enseignants, pour leur permettre de faire le métier le plus beau qui soit, faire des citoyens libres », a-t-il déclaré. L’assassin « a voulu abattre la République, les lumières (...) Cette bataille c’est la notre et elle est existentielle » . Le président a également remercié les forces de l’ordre « qui sont intervenus avec une vitesse exceptionnelle ». Il a conclut, grave : « Il ne passeront pas ... vous pouvez compter sur ma détermination et celle du gouvernement ».

« Ils ne passeront pas », répété deux fois, est une reprise du slogan des républicains espagnols de 1936 ( ¡No pasarán!), en lutte contre les nationalistes commandés par le général Franco.

 

source nouvelobs.com