Avec la crise économique à venir et un pétrole à bas prix, la tentation de produire en “économisant” sur les énergies vertes, trop coûteuses, va être grande. C’est pourquoi les écologistes devraient réclamer d’urgence la hausse des prix du pétrole, affirme ce site russe.
Il y a très longtemps, j’ai eu une vieille voiture américaine – une Pontiac. Elle était large, gigantesque, presque de la taille d’une limousine, avec des canapés en guise de sièges, un moteur incroyablement gros, et j’ai des sueurs froides quand je pense à ce qu’elle consommait.
Cette voiture était produite aux États-Unis à une époque où le pétrole ne valait rien, où “faire des économies d’essence” paraissait même un peu drôle. Puis le prix du carburant a augmenté, et les constructeurs américains ont dû réfléchir à produire des voitures plus économes. Et pendant qu’ils réfléchissaient, les Américains se sont tournés vers les marques japonaises, moins gourmandes.
Ne pas abandonner les nouvelles technologies
Les nouvelles technologies, la recherche, l’industrie et la consommation font peser une demande excessive et sans précédent sur les écosystèmes de notre planète. Mais cela ne signifie pas pour autant que pour faire baisser cette charge, pour harmoniser les interactions entre l’homme et la nature, on doive abandonner les nouvelles technologies.
Bien au contraire, il faut développer des technologies plus innovantes encore, porteuses d’un rapport plus respectueux à l’écologie et aux ressources naturelles. Le refus du progrès scientifique et technique, la désindustrialisation et autres mouvements ayant pour slogan “Retournons au temps des cavernes !” ne nous aideront en rien.
L’humanité repasse sans cesse par les mêmes phases. Dès qu’une nouvelle ère technologique s’ouvre, l’environnement est soumis brusquement à une nouvelle pression. Puis au fur et à mesure que les méthodes évoluent, les technologies utilisées font baisser cette pression et une certaine harmonie revient entre l’homme et la nature. En retournant en arrière plutôt que d’avancer, nous risquons de sauter l’étape de l’harmonisation et nous retrouver dans cette ancienne situation d’une catastrophe écologique plus grave encore.
Lorsque la révolution industrielle a commencé en Europe, du point de vue de l’écologie, c’était l’enfer dans certaines régions du continent. L’eau des fleuves était empoisonnée par les résidus non filtrés déversés par les manufactures et les usines, le smog des émanations des usines et du chauffage enveloppait les villes, les villes en expansion généraient d’énormes quantités d’ordures que l’on était incapable de traiter, etc.
Les paysages bucoliques de l’Allemagne, de la France et de l’Angleterre ne sont pas d’origine, mais le résultat d’une réintroduction méticuleuse d’écosystèmes précédemment détruits, une nature recréée artificiellement. Progressivement, des techniques industrielles nouvelles, plus propres, ont été introduites, des systèmes de purification, de contrôle des déchets ont été mis au point, le paysage a été reconstitué, des parcs naturels et des réserves ont vu le jour.
Une Europe proprette, une Asie souillée
Le problème a également été réglé en partie grâce à la délocalisation en Asie des industries les plus polluantes par l’exploitation des colonies officielles et officieuses. Aujourd’hui, l’Europe a l’air toute “proprette” tandis que beaucoup de pays lointains, qui attiraient encore récemment les touristes par la pureté de leur nature luxuriante, sont affreusement souillés et pollués.
Pourtant, pour les pays en voie de développement non plus, la solution n’est pas dans le refus de l’industrialisation et le retour en arrière, mais dans des technologies économes en énergie et respectueuses de l’environnement. Seulement, ces technologies de pointe sont chères et complexes.
Durant les dernières décennies, alors que le cours du pétrole était relativement élevé, la recherche et l’ingénierie dans les domaines de l’économie d’énergie, des modes de production “propres” et de l’énergie “verte” ont été massivement soutenues. En raison du coût élevé du pétrole, tous les secteurs qui en consomment avaient intérêt à réduire leur consommation de produits pétroliers, et donc à rejeter moins de résidus dans la nature. Les énergies vertes ont ainsi connu un développement fulgurant.
Les financements de la recherche vont fondre
Mais la chute des prix du pétrole pourrait ramener l’humanité en arrière. Les optimistes de l’écologie ont tort de se réjouir du fait que la crise économique va contraindre les entreprises à réduire leurs activités dans le monde entier, même si cela fait baisser la demande en ressources naturelles.
Certes, les dauphins sont revenus à Venise, les pingouins en Australie, et des petits ptérodactyles sont sortis de terre dans la province de Wuhan. Mais en réalité, les conséquences à long terme de cette crise économique et de la baisse des prix du pétrole vont terriblement affecter l’écologie, car les financements de la recherche vont fondre et qu’il ne sera plus rentable d’économiser le pétrole et ses dérivés. Il sera plus simple et moins cher de fabriquer n’importe quel produit en gaspillant un maximum de ressources et en “économisant” sur les technologies vertes.
Alors s’il y a bien une chose que les défenseurs de l’écologie doivent réclamer, c’est la hausse du prix du pétrole. Voilà un des rares exemples où une chose sera à la fois bénéfique pour l’économie et pour la nature.