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Patrick Artus - Qui se préoccupera de l'avenir de nos enfants ?

CHRONIQUE. Recul de la croissance, baisse du niveau éducatif, hausse des prix de l'immobilier..., l'avenir s'annonce peu radieux pour les générations futures. PAR PATRICK ARTUS dans le Point

De nombreuses évolutions de l'économie française, qui n'ont pas été fortement combattues depuis longtemps, sont extrêmement défavorables aux générations futures : la mauvaise qualité du système éducatif ; la déformation de la structure des emplois, la désindustrialisation ; l'endettement public qui ne finance pas un capital public utile ; le recul de la croissance potentielle ; la hausse des prix de l'immobilier. Ceci condamne les futurs jeunes Français, en moyenne, à une employabilité faible, à un emploi peu sophistiqué, à une pression fiscale élevée, à un revenu par tête faible, à des difficultés pour se loger.

La mauvaise qualité du système éducatif, d'abord, conduit à une employabilité faible de beaucoup de jeunes, d'où la proportion très élevée de jeunes déscolarisés et sans emploi (17 % en 2018). L'enquête Pisa de l'OCDE, qui mesure la qualité du système éducatif, classe la France bien derrière le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas, le Japon. La déformation des emplois est la seconde évolution défavorable aux jeunes. La désindustrialisation se poursuit en France, et les emplois industriels sont remplacés par des emplois peu sophistiqués de services, donnant accès à des salaires faibles. En vingt ans, l'emploi industriel a reculé de 26 % en France et celui dans les services peu sophistiqués a progressé de 23 %. Or, les salaires dans les services peu sophistiqués sont inférieurs de 35 % à ceux de l'industrie.

Le prix des loyers en hausse

Les jeunes vont aussi souffrir de ce que l'endettement public n'a pas financé un capital public utile. La hausse des déficits publics ne correspond pas à une hausse de l'investissement public – au même niveau qu'il y a 20 ans – ce qui veut dire que la hausse du taux d'endettement public n'a pas pour contrepartie une hausse du capital public utile. Les générations futures seront donc confrontées à la nécessité d'assurer la solvabilité budgétaire avec un taux d'endettement public plus élevé, ce qui nécessitera un excédent budgétaire primaire plus élevé, donc une politique budgétaire chroniquement restrictive. La quatrième difficulté pour les jeunes vient de ce que, malgré le vieillissement démographique attendu, les gains de productivité ralentissent en France (ils sont maintenant inférieurs à 1 %), d'où le recul important de la croissance potentielle (qui n'est plus que de 1 % environ). Enfin, cinquième problème, les prix de l'immobilier en France ont augmenté beaucoup plus que le salaire par tête (de 65 % de plus en 20 ans), ce qui rend l'achat d'un logement très difficile pour les jeunes. Tout ceci n'est pas très gai...