Eau en pays de Fayence
L'association des oléiculteurs du pays de Fayence a été créée en 2014 à l'initiative de Jean Gault, ex ingénieur de Agro Paris-Grignon au ministère de l'Agriculture. Il anime le site web très complet que voici. LIEN.
Ce site est très intéressant et se veut très complet et documenté. Mais ses vues sur l'eau - les besoins d'irrigation ou d'arrosage (*), me paraissent insuffisamment documentées et biaisées. On y trouve les articles publiées par Jacques Récy (et moi-même) dans le nouveau journal du pays de Fayence, suivi d'autres, qualifiés de piqûres et de piqûres de rappel auxquelles j'ai aussi répondu. Je veux ici contribuer au contenu d'un article que Jean Gault se propose de publier prochainement dans le cadre se cette association..
(*) Généralement on parle d'arrosage pour les petites surfaces (jardinage) réservant le terme d'irrigation pour les surfaces plus importantes (agriculture de plein champ, horticulture), mais il n’y a pas de norme en la matière. Selon le glossaire international d’hydrologie, l’irrigation est un apport artificiel d’eau sur des terres à des fins agricoles.
Commentaires sur le projet d'un article de l'association des oléiculteurs du pays de Fayence à propos de l'eau
- Parler d'inciter les gens à économiser l'eau n'a pas de sens dans notre contexte où l'eau prélevée aux sources de la Siagnole, et disponible dans les nappes de la plaine, est abondante et à coût faible; une fois prélevée et produite cette eau est "fatale" et doit donc être entièrement consommée. C'est 10 millions de m3 par an, dont j'estime le coût économique (au sens TRI 8%) à moins de 0.20€/m3. Ce sont donc les communes, par la gestion de leurs réseaux de potabilisation et de distribution et par leurs tarifs qui sont prépondérants.
- C'est pourquoi, il ne faut pas que les tarifs pratiqués par les communes soient dissuasifs à l'emploi de l'eau et qu'ils contribuent ainsi à accroître le volume d'eau exutoire qui va au littoral ou qui est rejeté aux différents points de déverse de trop plein. Les tarifs des communes doivent seulement couvrir leurs coûts d'investissement et d'entretien de leurs réseaux.
- Cela dit l'exutoire qu'est le Gargalon assure l'emploi en totalité de l'eau produite et c'est plus de 50% de l'eau produite, ce qui veut dire que nos communes n'en consomment pas assez ou qu'il y a de la marge pour une hausse de population et de consommation...
- Le problème c'est la distribution de l'eau brute depuis les sources d'une part et ensuite de l'eau potabilisée depuis les réservoirs des communes; la potabilisation relève de lois très strictes transposées de directives européennes axquelles il est impossible de déroger. Voir ce lien "distribution d'eau potable" de la DGCCRF. Et celui ci sur la qualité de l'eau à destination de consommation humaine: "L’EAU POTABLE OBLIGATIONS - DEVOIRS - RESPONSABILITES". On y apprend que la chloration n'est pas obligatoire mais il faut qu'en son absence, l'eau réponde à tous les critères de qualité micro biologques et chimiques.
- Faire des statistiques sur 20 ans de ce que le Gargalon et autres utilisateurs ont consommé n'apportera rien de plus au diagnostic... L'eau prélevée étant "fatale" et distribuée par gravité, les consommateurs sont servis d'amont en aval... et le dernier en aval n'a pas d'eau si les consommateurs en amont de lui ont tout pris. Or ce n'est pas ce qui se passe, ni l'ensemble de l'année ni même en période d'étiage.
- Reste bien sûr que l'accroissement de la population et le changement climatique sont des facteurs susceptibles de changer la donne à moyen et long termes; mais dans la situation d'aujourd'hui, rien n'incite ICI à des changements majeurs... si ce n'est peut-être pour l'irrigation agricole le recours au Verdon depuis Callas.