Je reviens sur cette affaire d'une très grande sensibilité dans notre pays de Fayence et au delà. Grande sensibilité en raison de l'opposition locale quasi générale vu l'impact présumé d'un tel projet sur le lac de Saint-Cassien; et au delà sur le massif de l'Esterel classé Grand Site Naturel depuis 2019 LIEN .
Je me suis intéressé à Fontsante depuis bien avant le projet SUEZ, en raison de mon passé d'ingénieur des mines; l'ancienne mine de spath-fluor fut exploitée de manière moderne de 1965 à 1987, date de sa fermeture. Cette mine fut exploitée par Sogerem, la filiale minière du groupe métallurgique Péchiney-Ugine-Kuhlman, dans le contexte de l'essor économique des trente glorieuses après la 2è guerre mondiale. La fin de la mine correspond justement à la fin de cette période d'expansion, aux débuts de la désindustrialisation de la France et à l'abandon de pans entiers de notre tissu industriel et minier. Dans le contexte actuel de crise sanitaire, vous trouverez ici un billet écrit en commun avec des collègues du BRGM "Y a t il encore place pour l'industrie minière extractive en France métropolitaine?"
Depuis sa fermeture en 1987, cette mine est une friche industrielle lamentable. Une première tentative de l'utiliser pour un autre objet social avait eu lieu au milieu des années 1990: un incinérateur de déchets ménagers. Ce projet suscita une vive opposition locale et fut vite abandonné LIEN. D'autres idées de requalification furent évoquées dans les années 2000 notamment lors des municipales 2008. Mais la requalification en zone de traitement de déchets a toujours été refusée localement LIEN. J'avais proposé ces idées le 3/1/2008 qui n'ont pas été retenues. Dans sa campagne électorale 2008 le maire de Callian avait proposé ceci LIEN.
Ensuite, durant les années 2010, le département du Var s'est intéressé à la gestion des déchets en général dont ceux du BTP, par le PPGDND (projet de plan de prévention et de gestion des déchets non dangereux), sous la direction de François Cavallier Vice Président du département pour l'environnement dans la mandature précédente. En voici le long rapport final d'étude de novembre 2016 LIEN. Ce travail a été renforcé par le SRADET Schéma régional d'aménagement et de développement durable du territoire, sous direction de la DREAL LIEN.
C'est dans ce contexte qu'en fin 2016, la commune de Callian fit un appel à projets pour un projet de valorisation environnementale du site de l'ancienne mine de Fontsante ... dont le gagnant, sur une évaluation multi-critères (5), fut Suez Environnement parmi 10 soumissionnaires LIEN.. Cet appel à projets fut lancé par Callian, la collectivité propriétaire foncier du site, en concertation avec l'établissement de coopération intercommunale EPCI, la communauté de Communes du pays de Fayence. Le projet fut débattu en Conseil Municipal de Callian le 20/7/2017 et approuvé à l'unanimité (voir CR en page 4 de ce bulletin municipal). Le projet fut inscrit dans le SCOT et reçut l'approbation de la commissaire enquêtrice Mme Brunet-Cavo LIEN. La CCPF avait soutenu le projet lors de son attribution, et lors des trois comités de pilotage qui ont eu lieu entre 2018 et 2019.
C'est en vertu de cette approbation, unanime en pays de Fayence à l'époque, que Suez environnement commença son travail d'élaboration d'un projet, en vue d'obtenir de l'état par le ministère de l'écologie et son bras territorial la DREAL direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement PACA, l'autorisation environnementale d'exploiter. Il s'agit là d'un très long processus d'études décrivant les matériaux reçus et traités en qualités et tonnages, prenant en compte tous les aspects et tous les risques, et répondant à toutes les questions des différentes administrations, institutions concernées, susceptibles d'être impactées etc... Cela a requis de Suez de rencontrer une multitude d'acteurs, d'expliquer leur projet, de recevoir leurs questions et avis et de modifier le projet en conséquence.
Suez a donc fait son travail dans les limites des termes de référence qui lui furent assignés.
Nous sommes fin 2020. Presque quatre ans après le lancement de l'affaire, si l'opposition au projet reste vivace, elle n'est pas unanime de la part de tous les élus locaux et les services de l’Etat sont conscients de la nécessité de créer de nouveaux outils de traitement de déchets au niveau du Territoire Azuréen, qui est défini par rapport au bassin de vie de l’Est Varois et de l'ouest des Alpes Maritimes.
. Suez a rencontré tous les acteurs concernés au cours de cette année 2020. Et en dernier - novembre et décembre 2020 - les maires des communes et la CCPF. Les neuf maires ont été sollicités pour un entretien. A ma connaissance seulement 3 maires ont dit qu'ils approuvaient le projet; et encore par lobbying, il n'en resterait que deux.
Il n'y a pas à reprocher à Suez d'être une société privée, à la fois au service du public en matière de gestion des déchets, d'eau et d'assainissement et en même temps devant assurer à ses actionnaires des dividendes ou un accroissement de la valeur de l'action en bourse. Pour moi, il s'agit d'n projet qui s'inscrit dans l'évolution nécessaire du changement climatique et de la transition énergétique hors des énergies fossiles: recyclage, économie circulaire, production d'électricité photovoltaïque et possibilité future de gaz vert par de la méthanisation des déchets verts.
En conclusion, les textes de loi prévoient la tenue d’une enquête publique qui permettra à chacun de s’exprimer: les élus, les habitants et les professionnels concernés. La décision qui adviendra ne doit pas se faire sous la seule pression d’associations écologistes ou militantes ni d’habitants en colère. Le dossier technique de Suez sera la donnée de base de cette enquête publique: Suez devant démontrer, à la fois aux services de l’Etat et aux différentes parties prenantes que son projet garantit la protection de l’environnement au sens large. Chacun sera alors libre de juger sur des faits et non pas sur des « on-dit »