Les eaux radioactives du site AREVA s'écoulent directement dans la rivière la Bresbre (2/2)

Le gisement d'uranium des Bois Noirs a été découvert au début des années 1950; la mine fut exploitée pendant 20 ans - principalement en souterrain et un peu en ciel ouvert - de 1960 à 1980. L'usine d'enrichissement de la SIMO (Société Industrielle des Minerais de l’Ouest), démarrée en 1960, a traité aussi le minerai de Grury (Saône et Loire) se substituant à l'usine de Gueugnon. L'usine d'enrichissement a produit des rejets de traitement, sables fins faiblement uranifères, qui furent stockés dans un thalweg de la Besbre, protégé par une digue de 42 mètres de haut et 500 mètres de long (image) ; 1.3 million de tonnes sur 20 hectares soit 650000m3, donc sur environ 32m de haut. Le confinement sous eau des rejets de l'usine - et aussi des minerais pauvres non envoyés à l'usine - a été considéré et choisi par l'exploitant, dès le début de l'exploitation, comme étant le meilleur moyen de limiter les émanations de radon gazeux dangereux pour la santé humaine en cas d'inhalation (13 et 18) .

Au cours de ces 20 ans d'exploitation 7000t d'uranium métal furent produits à partir de 2.6Mt de minerai à teneur moyenne 270ppm (0.27%). L'histoire de la mine est bien décrite par Forez Info (6).

Vue actuelle du site (google map): la mine à ciel ouvert se trouvait au sud est de la digue et l'usine de traitement au sud ouest (voir ici). Tout est recouvert de végétation aujourd'hui.

Les rejets du traitement de l'uranium extrait durant l'actvité minière par l'usine SIMO sont donc recouverts une lame d'eau de 3-7 de profondeur. Areva ne doit pas rejeter d'eaux chargées de radioactivité, dans les eaux en aval du site, cad. dans la rivière la Bresbre, affluent de rive gauche de la Loire, au delà de limites admises. La Besbre a été déviée au sud pour créer ce lac artificiel, comme visible sur cette carte: l'ensemble du site est ainsi confiné, j'ai ajouté en pointillé une sortie à l'est vers la rivière; les eaux doivent être traitées à la sortie avant rejet à la rivière (voir plus loin).

Pour ce faire, les eaux doivent être traitées dans une station de traitement située en aval et au milieu de la digue (photo).

Cette station se compose de deux bassins de décantation 1 et 2 qui reçoivent les eaux du pied de digue, de la surverse du lac artificiel et d'un travers bancs exutoire des anciens travaux miniers. Les eaux sont traitées par processus chimique (21) et les résultats de 2001 à 2012 (20) sont décrits ici (lien) - c'est un extrait du bilan d’étape sur la gestion des stations de traitement des eaux des anciens sites miniers uranifères français PNGMDR 2013- 2015.

Ces installations sont bien visibles sur cette image satellite agrandie:

Donc si les eaux sont polluées en radioactivité, ce que documente la CRIIRAD par des mesures (faites en 2014 mais avec des moyens limités), c'est que la station de traitement des eaux rejetées ne fonctionne pas correctement ou pas du tout. Fin 2017 la préfecture a mis AREVA en demeure de remettre la station de traitement des eaux en état, suite à une panne non déclarée ! Je ne sais pas pourquoi AREVA rejette cette mise en demeure et fait appel au TA de Lyon (14).

L'association Collectif des Bois Noirs, aidée par la CRIIRAD s'inquiète aussi de la sécurité du barrage qui a été classé A, donc nécessite une certification et d'éventuels travaux de mise en conformité. Areva veut améliorer le traitement des eaux par un projet en cours; et un projet de couverture des stériles par un banc de terres au lieu d'un lame d'eau a été abandonné en 2015 (14).

Documents consultés: