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Source 20 minutes

Imaginons ce que pourrait être la  ville du futur.

On pourrait s'inspirer de ces idées en pays de Fayence, notamment pour un front commun lors des élections municipales de 2020: Montauroux, Callian, Tourrettes et Fayence

  • Le festival Futur.e.s, dont 20 Minutes est partenaire, a lieu jeudi et vendredi au Mobilier national, à Paris.
  • A l’occasion de cette édition, 20 Minutes se penche sur les conditions de bonheur dans la ville du futur.
  • Dans ce premier épisode, il est question de la ville low-tech, l’anti-smart-city qui pourrait passer de l’utopie à la réalité plus vite que prévu.

Pollution, embouteillages, stress, fatigue… Les grandes agglomérations nous mènent la vie dure et, aujourd’hui, deux voies se dessinent pour relever les défis qu’elles posent. D’un côté, la smart city, ambiance Blade Runner, une ville astucieuse (smart), ultraconnectée, qui repose essentiellement sur l’intelligence artificielle et les algorithmes pour fonctionner (voitures autonomes, objets connectés, applis de géolocalisation…). De l’autre, la ville low-tech qui force à questionner nos modes de consommation avec en toile de fond, la notion de frugalité numérique.

Les deux tendances cohabitent, mais la ville vraiment intelligente n’est pas toujours celle qu’on imagine. A l’occasion du festival Futur.e.squi s’intéresse à partir de jeudi à la ville durable, 20 Minutes se penche sur le bonheur dans la ville de demain. Le low-tech à l’échelle d’une métropole est-elle la condition de notre bien-être ?

Une utopie réaliste

Qui dit low-tech, dit durabilité, économie circulaire, agriculture urbaine, collaboration… « Par low-tech, on entend soit des solutions techniques, soit une démarche assez globale qui tourne autour de la sobriété et de la question de l’accès aux besoins de base (eau, alimentation, énergie, habitat) », définit Quentin Mateus, ingénieur et membre du low tech Lab. C’est revenir à l’essentiel. Elle propose un modèle plus en phase avec l’environnement et, du même coup, elle tente de répondre aux problèmes liés à nos modes de vie : émissions de gaz à effets de serre, gâchis alimentaires, épuisement des ressources naturelles…

« Il s’agit plutôt d’une vision que d’une réalité, pour l’instant ce sont des petits îlots, des petites communautés », concède Luc Gwiazdzinski, géographe, directeur du master Innovation et territoire à l’université de Grenoble-Alpes. On pense par exemple à Prats-de-Mollo-la-Preste dans les Pyrénées, qui cherche à fonctionner en totale autonomie énergétique ou à des petites expérimentations dans certaines agglomérations françaises. Mais à ce jour, la ville low-tech n’existe pas.

« Dans le domaine de la construction, tout ce que nous faisons en faveur de la restauration et de la réhabilitation des bâtiments, je le mettrais sous l’étiquette low-tech, avance Jean-Louis Missika, adjoint à la Maire de Paris en charge de l’urbanisme, des projets du Grand Paris et de l’attractivité. De même, l’utilisation de matériaux biosourcés comme le bois ou le chanvre, le ralentissement de la vitesse des déplacements en ville grâce aux mobilités actives, comme la marche et le vélo ». Le low-tech se décline par secteurs d’activité.

Bidonvilles et favelas

Cette utopie pourrait aussi piocher du côté des ZAD ou des favelas. « On voit clairement émerger l’esthétique des palettes, que ce soit à Calais, dans les ZAD, sur les ronds-points, cette esthétique va à l’encontre de l’esthétique du dur et du béton », observe Luc Gwiazdzinski. Des villes plus souples où on recycle. Il ne s’agit pas de construire des bidonvilles partout, mais d’aller y chercher des éléments de bien-être. « La démarche low-tech est souvent plus poussée dans des contextes contraints en termes de ressources et d’économie, comme dans certains pays du Sud. On a beaucoup à apprendre de cette démarche-là », surenchérit Quentin Mateus.

On vous voit esquisser votre petit sourire narquois, imaginant une communauté de hippies en train de danser autour d’un feu pendant que d’autres cueillent les plantes pour le dîner. On vous rassure, vous pouvez garder vos vêtements. Et le membre du low-tech Lab confirme : « Il ne s’agit pas de gens tout nus dans les champs, par contre, il est absolument nécessaire de revoir notre niveau de confort ». Une solution technique low-tech peut répondre à un besoin sans altérer la qualité de vie de ses citadins. C’est même parfois le contraire. Sur la question de l’alimentation, par exemple, il existe de nombreuses démarches en ville qui visent à valoriser les espaces, les friches, les toits, les sous-terrains pour cultiver avec des engrais fabriqués localement des légumes ou des champignons. « Toutes ces initiatives permettent de fournir, en petite quantité pour l’instant, des champignons de qualité, des tomates de qualité, en lieu et place des tomates venues d’Espagne. Là, il n’y a pas de perte de confort, c’est même de la meilleure qualité », affirme Quentin Mateus.

L’intelligence au service de la soutenabilité

A travers des initiatives collaboratives, la ville low-tech crée du contact et génère du lien social. « Dans les nouvelles formes d’architecture et d’urbanisme, on voit apparaître l’urbanisme transitoire et l’urbanisme temporaire. On co-construit. Nous fabriquons nous-mêmes la ville et ce qu’on sent aujourd’hui, c’est le besoin de nature, d’appropriation et d’émancipation, pointe Luc Gwiazdzinski. Le bien-être passe aussi par la capacité qu’on a de participer à la création de la ville ». Et parfois, jeter ses mauvaises habitudes aux ordures (recyclables ?) permet déjà de se sentir plus heureux. Dans certaines grandes villes comme Grenoble, Rennes, Nantes, ou Montreuil, « celles que je connais le mieux à ce sujet », changer son mode de vie « devient un vrai levier de bonheur pour beaucoup de gens, pointe Quentin Mateus. Ils retrouvent du sens, et vivent plus en accord avec leurs valeurs et leur conscience ».

Deux futurs se dessinent clairement pour la vie urbaine : une ville dite smart qui semble accélérer les rythmes, polluer et consommer encore plus (énergie, ressources naturelles) et une ville durable qui retrouve du lien social et dans laquelle les habitants peuvent envisager l’autosuffisance (alimentaire et énergétique) en maîtrisant leur environnement. « L’intelligence d’une ville c’est l’intelligence de ses habitants et l’intelligence de ses habitants doit être mise au service de la soutenabilité et de la ville résiliente, insiste Jean-Louis Missika. C’est la smart-city vision Google qui n’est pas résiliente ». Blade Runnerversus La Belle Verte. L’utopie de Coline Serreau avait peut-être vu juste.

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[video]https://youtu.be/FIFBHa772E0[/video]