Éric Drouet, le « plan B » de Jean-Luc Mélenchon
Source le Point Sophie Coignard
Faute de gagner une élection, le leader Insoumis tente sa chance côté révolution. Mais soutenir l'un des plus radicaux des Gilets jaunes est un choix hasardeux. PAR SOPHIE COIGNARD
Mercredi soir, Éric Drouet, chauffeur routier médiatisé dès le début du mouvement des Gilets jaunes, est arrêté par les forces de l'ordre, près de la place de la Concorde, à Paris, pour organisation d'une manifestation sans autorisation préalable. Jean-Luc Mélenchon a été le premier à réagir sur les réseaux sociaux. Et en quels termes ! « Abus de pouvoir. Une Police politique cible et harcèle désormais les animateurs du mouvement gilet jaune », s'indigne-t-il sur Twitter, avant de récidiver, quelques minutes plus tard : « Assez de violences, de condamnations et d'interpellations contre les Gilets jaunes ! Libérez Éric Drouet. Fichez la paix aux porte-voix du peuple. »
Le porte-voix en question est celui qui appelait, sur BFM TV, à marcher sur l'Élysée et à « rentrer dedans », une attitude plus proche du comportement putschiste que du respect dû à la démocratie. Mais Jean-Luc Mélenchon, qui aime parfois se prendre pour l'incarnation sacrée de la République, semble ne pas voir les actes intolérables commis depuis plusieurs semaines, de la profanation de l'Arc de Triomphe ou les simulacres de décapitation d'Emmanuel Macron.
Le 31 décembre, emporté par une fougue révolutionnaire extravagante, il a publié sur son blog un texte intitulé « Merci Monsieur Drouet » dans lequel il confie regarder cet individu avec une grande « fascination ». Tout cela pour une histoire d'homonymie ! Drouet est le patronyme de l'homme qui, le 21 juin 1791, stoppa la fuite de Louis XVI et de sa famille à Varennes.
Malaise à gauche
Le chef de La France insoumise en fait des tonnes sur les « ironies de l'histoire » dans des accès de lyrisme embarrassants au bénéfice d'un personnage, Éric Drouet, qui ne montre pas dans ses déclarations une conviction démocratique chevillée au corps. Ainsi, Benoît Hamon n'hésite-t-il pas à réagir. « Jean-Luc Mélenchon a quitté les rives de la gauche », déclare-t-il. Toujours pas remis de sa défaite dès le premier tour de la présidentielle, l'ancien sénateur et ministre socialiste envisage sûrement la dimension insurrectionnelle des Gilets jaunes comme sa seconde chance. C'est la raison pour laquelle il pratique une récupération désormais dénuée de tout scrupule et de toute subtilité.
Une stratégie politique dangereuse, parce qu'elle accrédite la thèse du rapprochement des extrêmes. Or, le Rassemblement national semble le seul parti à qui profite le mouvement de protestation. Le seul, aussi, qui avec Jean-Luc Mélenchon dénonce la garde à vue d'Éric Drouet comme une grave atteinte aux droits humains. « Alerte : arrestation il y a qqs minutes d'un opposant à Vladimir Poutine en Russie. Ah zut... c'était pas en Russie, mais en France, le pays des droits de l'homme », ironisait mercredi soir le député européen RN Steeve Briois sur Twitter. Une proximité confondante !