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Incendie de ses voitures et de sa maison : le maire de Saint-Brévin-les-Pins regrette le manque de soutien de l'État

Par Julien Chaillou
6–7 minutes

Publié hier à 15:16 , Mis à jour hier à 15:35

Le 22 mars, les voitures et le domicile du maire de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique) ont été incendiés. Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'agirait d'un acte volontaire. Yannick Morez

Après l'incendie de ses voitures et de sa maison le 22 mars, cet élu de Loire-Atlantique dénonce le manque de réaction des autorités face aux précédentes menaces et intimidations reçues. Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'agirait d'un acte volontaire.

Le Figaro Nantes

La lettre, datée du 24 mars, est adressée à Olivier Véran, le porte-parole du Gouvernement. Écrite par Yannick Morez, le maire divers-droite de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), son objet est explicite. «Incendie criminel» est-il écrit en tête du document que Le Figaro a pu consulter. L'édile l'a rédigé deux jours après que les flammes ont ravagé deux de ses voitures et une partie de son domicile. Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'agirait d'un acte volontaire dont l'origine pourrait être un cocktail incendiaire.

En préambule, le maire tient à rappeler à l'ancien ministre de la Santé le sujet qui crée des remous dans cette paisible station balnéaire du littoral atlantique : «Cette attaque, sans préjuger de l'enquête qui devra faire toute la lumière dessus, s'inscrit dans un climat tendu fait de menaces et d'intimidations, dans le cadre notamment du transfert et de la pérennisation d'un Cada [Centre d'accueil pour demandeurs d'asile, NDLR] décidé par l'État.»

 

«Minimisation des faits»

Cette structure, qui doit être installée aux abords d'une école, est vivement critiquée par des opposants - «extérieurs à la commune», souligne la municipalité - en lien avec des mouvements d'extrême droite ou de catholiques intégristes. Quelques parents d'élèves, non politisés, ont eux aussi dénoncé ce projet.

«Ce contexte, nous l'avons dénoncé à de multiples occasions, demandant un soutien de l'État, des forces de l'ordre et de la justice. Nous ne l'avons pas eu. Au contraire, critique Yannick Morez. Nous avons été choqués par l'attitude, les propos et la minimisation des faits opérés par le sous-préfet et le commandant de gendarmerie, se retranchant derrière la liberté d'expression, lors d'une réunion en mairie sur ce sujet le 10 février. Ils nous ont notamment répondu que porter plainte 'ne servirait à rien' ou encore qu'il fallait 'relativiser ces menaces' qui n'étaient pas assez explicites, que cela n'avait rien à voir avec l'enchaînement qui avait conduit à l'assassinat de Samuel Paty. L'inquiétude que j'évoquais s'est pourtant malheureusement concrétisée et les conséquences auraient pu être dramatiques.»

 

«Absence de condamnation officielle»

Soulignant avoir reçu de «nombreuses marques de soutien» depuis la survenue de ce qu'il qualifie «d'attaque criminelle», le maire de Saint-Brévin-les-Pins regrette le silence des autorités à ce sujet : «A l'heure où j'écris ces lignes, sans même parler d'excuses, je ne peux m'empêcher de noter l'absence de condamnation officielle de la préfecture ou du gouvernement, qui l'a fait entre-temps pour des faits bien moins graves. Ce projet de Cada est pourtant un projet imposé par l'État, qui ne le défend pas, et laisse les maires en subir les retours.»

Yannick Morez profite aussi de sa missive pour revendiquer, au-delà de son cas personnel, une prise en compte accrue des craintes émanant de ceux visés par des intimidations. «Ces faits sont inadmissibles et ne doivent pas être sous-estimés, ni minimisés. Les menaces que nous subissons, avec mes collègues élus, des membres d'associations ou des parents d'élèves, doivent être pris au sérieux et sanctionnés. Il est inadmissible que de tels actes se produisent et perdurent dans un pays comme le nôtre», souligne-t-il. En conclusion, il dit espérer, en ce sens, des «faits concrets très rapidement».