JustPaste.it
Source: premium.lefigaro.fr

 

Rassemblement National: finances, adhésions : le parti de Marine Le Pen voit rouge

19855a2fcb3249217555f6adfde2d078.jpg

 

Le Rassemblement national, qui doit faire face au gel de ses subventions, pâtit aussi d'une chute des cotisations.

Plus de 500.000 euros en moins d'un mois. La somme récoltée par le Rassemblement national auprès de quelque 8000 donateurs pour pallier l'absence de subventions publiques dans ses caisses est rondelette. Mais elle est encore loin de compenser les 2 millions d'euros gelés par la justice début juillet dans le cadre de l'affaire des emplois d'assistants parlementaires présumés fictifs, une décision qui fait l'objet d'un appel en référé examiné ce lundi. «Cela reste très insuffisant, on est à deux doigts du dépôt de bilan, s'inquiétait encore le délégué national aux ressources, Jean-Lin Lacapelle, la semaine dernière. Ça prolonge notre durée de vie en jours, malheureusement pas en mois.»

» LIRE AUSSI - Finances: quand les partis en appellent aux militants

Un constat d'autant plus alarmiste que les aides publiques ne sont pas les seules ressources derrière lesquelles court le parti de Marine Le Pen. La précieuse manne des cotisations des adhérents, aussi, laisse à désirer. Alors qu'il représente chaque année 15 % des revenus du parti, le produit des cartes ne cesse de chuter depuis la présidentielle. Au même rythme que le nombre d'adhérents. Au point que le siège a réclamé, par solidarité, à certaines fédérations de renoncer à leur part dans le bénéfice dans les cotisations, 60 % leur étant normalement reversés.

«La machine s'est arrêtée»

Selon nos informations, le parti ne comptait le 1er juin, lors du vote en faveur de sa nouvelle appellation, le Rassemblement national, que 31.000 adhérents à jour de cotisation. Soit une perte de 60 % par rapport au chiffre de 83.000 adhérents revendiqué par le Front national à la veille du premier tour de la présidentielle. «Les adhésions ne sont pas un révélateur absolu, ce n'est pas un critère suffisant pour juger de la santé du parti, analyse un haut cadre du RN. Reste que pendant six ans, on a connu une progression continue, et que pour la première fois la machine s'est arrêtée.»

Lors de son dernier congrès, à Lille, en mars dernier, le parti de Marine Le Pen présentait déjà cette perte de vitesse comme logique, lors d'une année sans élection, qui plus est succédant à la présidentielle: «C'est toujours comme ça en période postélectorale. On rencontre un plat, et on progresse à la veille de chaque élection, témoigne Jean-Lin Lacapelle. D'autant que d'octobre à fin février les banques nous ont retiré la possibilité de renouveler ou de faire adhérer nos militants en ligne par carte bleue, ce qui représente plus de 40 % de nos adhésions en temps normal.» Malgré le rétablissement de ses moyens bancaires, le nombre d'adhérents à jour de cotisation du Rassemblement national a pourtant continué de chuter. Entre le 10 mars et le 1er juin, le nombre d'adhérents à jour de cotisation est passé de 38.000 à 31.000. «On est largement au-delà aujourd'hui», tempère Gilles Pennelle, délégué national aux fédérations.

«Certains militants me disent que cela fait quinze, trente ans qu'ils militent, qu'ils pensaient enfin gagner et sont déçus que ce ne soit pas arrivé»

Difficile de s'en persuader, tant la réalité est perçue différemment selon les territoires. Les plus importantes fédérations, telles que le Nord, le Pas-de-Calais ou les Bouches-du-Rhône, sont les premières à souffrir de cette perte de vitesse. «Certains militants me disent que cela fait quinze, trente ans qu'ils militent, qu'ils pensaient enfin gagner et sont déçus que ce ne soit pas arrivé. Mais ça ne change rien aux prochains rendez-vous électoraux. S'ils ne reprennent pas leur carte, ils continueront de voter de la même façon, se persuade le député RN Sébastien Chenu, également patron de la fédération du Nord, qui revendique 4500 adhérents. Je constate, en revanche, l'arrivée de nouveaux profils, il y a un renouvellement générationnel voire sociologique dans certains coins. C'est normal, une présidentielle, c'est la fin d'un chapitre et le début d'un autre.»

«C'est vrai qu'il y a eu une importante baisse après la présidentielle. Ce qu'on voit au niveau national corrobore assez bien ce qu'on a vécu dans notre fédération, confirme Emmanuel Fouquart, délégué départemental des Bouches-du-Rhône, qui revendique quant à lui près de 1500 adhérents. Mais tout ça est en train de se stabiliser. Pour relancer la machine, il faut du temps.»

Les zones rurales plus dynamiques

Paradoxalement, ce sont les plus petites fédérations, là où le parti de Marine Le Pen est le moins bien implanté, que sont enregistrées les meilleures progressions. Selon un classement interne, basé sur le nombre de renouvellements, celui des nouvelles adhésions et le rapport entre électeurs à la présidentielle et nombre d'encartés, les fédérations les plus dynamiques sont la Creuse, la Vienne et le Cantal. Des zones plutôt rurales en dehors des centres névralgiques du parti, au nord et au sud de la France.

«Je ne fais pas un concours avec les copains, ce n'est pas l'objet, tempère Gilles Lacroix, patron de la fédération du Cantal, qui compte aujourd'hui quelque 200 adhérents. Nous sommes une fédération de proximité, on a eu beaucoup de renouvellements en janvier, ce qui a permis de doubler notre nombre d'encartés par rapport aux régionales de 2015.» Pour inciter les autres délégués départementaux à suivre le même exemple, Marine Le Pen a décidé de convier les patrons des dix fédérations les plus dynamiques en termes d'adhésions aux réunions de bureau national, l'instance dirigeante du parti.

Source: Figaro du 06/08/2018.