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À Mayotte, une crise de l’eau prévisible qui risque de s’aggraver

 

 

Outre-mer Reportage

À Mayotte, une crise de l’eau prévisible qui risque de s’aggraver

En catastrophe, la France gère une crise de l’eau pourtant écrite dès le mois de mars. Elle se répétera, car les ressources en eau sur l’île sont inférieures aux besoins. Les projets d’ingénierie se multiplient. Mais les solutions les moins coûteuses et les plus respectueuses d’un environnement fragile sont négligées.

Caroline Coq-Chodorge

6 novembre 2023 à 19h16

 

MamoudzouMamoudzou (Mayotte).– Sur l’île de l’océan Indien, il pleut énormément : entre 1 600 et 1 800 mm par an, deux fois plus qu’en métropole. Les pluies, intenses, sont concentrées sur quelques mois seulement, ceux de la saison humide, de plus en plus courte sous l’effet du changement climatique. Elle court de janvier à mars, alors qu’elle débutait dès le mois de novembre dans le passé. Comme ailleurs, les températures montent – le Giec prévoit une hausse de + 2 °C à + 4 °C dans l’océan Indien – et augmentent l’évapotranspiration.

 

Mayotte, comme le reste du monde, doit donc se préparer à une baisse de la ressource en eau potable. Or, la situation est déjà critique : depuis 2020, l’eau disponible est inférieure aux besoins, selon un rapport du Comité de l’eau et de la biodiversité, et la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm).

 

Les besoins des 300 000 habitant·es de l’île sont évalués à 42 000 m³ par jour, quand l’eau disponible est, en moyenne, de 38 000 m³ par jour. Pour cette raison, depuis 2017, l’île est régulièrement soumise à des restrictions d’eau à chaque fin de saison sèche et au début de la saison humide, le temps que les rivières et les retenues d’eau se remplissent.

 

En raison d’une sécheresse historique, Mayotte fait face en 2023 à des restrictions d’eau sans précédent. Pour la plupart des habitant·es, l’eau ne coule plus qu’une trentaine d’heures par semaine, un jour sur trois.

Mais cette situation pourrait se répéter. Les projections des besoins en eau pour Mayotte – dont la population croît de + 4 % par an – permettent de mesurer l’ampleur du problème ; en 2030, le besoin en eau est évalué à 60 000 m³ par jour, près de deux fois la quantité d’eau actuellement disponible.

 

Une crise annoncée

Le manque d’eau était prévu dès le mois de mars, quand la saison des pluies s’est achevée. Le gouvernement gère pourtant la crise en catastrophe. En déplacement sur l’île jeudi 2 novembre, le ministre délégué chargé des outre-mer, Philippe Vigier, a annoncé que les 330 000 habitant·es de l’île allaient recevoir gratuitement, à partir du 20 novembre, un litre d’eau par jour et par personne. Cela représente quinze millions de litres d’eau en bouteille acheminés chaque mois de la métropole, deux millions en provenance de La Réunion et de l’île Maurice.

 

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Des habitantes des bidonvilles font leur lessive dans une des rares rivières encore en eau. © Marion Joly pour Mediapart

Pour Anthony Bulteau, le coordonnateur à Mayotte de l’ONG Solidarités International, spécialisée dans la gestion de l’eau dans les situations de crise, « la réaction des autorités est trop tardive. On sait depuis le printemps que les ressources ne sont pas suffisantes. L’opération Wuambushu [contre l’habitat insalubre et l’immigration clandestine – ndlr] a invisibilisé le problème de l’eau. Quelle est la visibilité pour les mois qui viennent ? La pénurie risque de durer au moins jusqu’en janvier, peut-être jusqu’au printemps prochain. Va-t-on vers une situation catastrophique, où seul le chemin de l’eau restera alimenté ? »

 

Le chemin de l’eau est le réseau de distribution alimenté en permanence, qui fournit les services essentiels au fonctionnement de l’île, notamment les hôpitaux et une majorité d’établissements scolaires. « C’est un scénario qu’on ne peut pas exclure », reconnaît le président du Syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte, Ahamada Fahardine, maire de la commune de Bandraboua. 

 

Beaucoup d’habitant·es ne voient même jamais couler l’eau à leur robinet, comme Racha Mousdikoudine, porte-parole du collectif Mayotte a soif. Elle habite légèrement en hauteur, et la pression n’est pas suffisamment forte pour atteindre son domicile : « J’ai eu cinq fois de l’eau depuis le mois de juillet, une fois de l’eau boueuse. On m’a proposé d’installer un surpresseur à mes frais, mais le plombier qui s’est déplacé chez moi n’a pas su comment faire, faute d’informations techniques. »

 

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Racha Mousdikoudine, la porte-parole Mayotte a soif, devant un des robinets où l’eau ne coule presque jamais. © Marion Joly pour Mediapart

Son quotidien depuis plusieurs mois est fait d’allers-retours incessants chez des membres de sa famille pour remplir des jerricans et faire ses lessives. « Je fais cinq ou six allers-retours par semaine, mon corps est épuisé. » Pour alléger son quotidien, elle s’est résolue à envoyer ses enfants à La Réunion, chez leur grand-mère, le temps que l’eau revienne.

 

Le collectif Mayotte a soif a mené plusieurs actions bruyantes. D’abord pour ne plus payer les factures d’eau : la première ministre Élisabeth Borne les a entendues, l’État doit prendre en charge les factures des habitant·es de septembre à décembre. Le collectif a ensuite réclamé que tout le monde bénéficie d’eau gratuite, et pas seulement les 51 000 personnes vulnérables jugées prioritaires.

 

« Le besoin en eau d’une personne est de 150 litres, dont un tiers d’eau potable. Pour une famille de quatre personnes, cela représente un budget de mille euros en bouteilles d’eau », explique Racha Mousdikoudine. Le pack d’eau de 9 litres est en effet vendu au minimum 6 euros et jusqu’à 10 ou 12 euros. Là encore, le collectif a été partiellement entendu.

 

L’Agence régionale de santé (ARS) affirme pourtant que l’eau du robinet est potable… tout en multipliant les communiqués de non-conformité de l’eau. Si l’eau qui sort des usines de traitement est de bonne qualité, elle peut être contaminée par des bactéries qui ont pu se développer pendant les interruptions, dans les tuyaux vides, ou par des infiltrations d’eau stagnante. Par mesure de précaution, l’ARS conseille de bouillir l’eau du robinet pendant 5 minutes. Face à cette communication erratique, Racha Mousdikoudine n’a plus « aucune confiance dans les autorités ». « Pour nous, l’eau n’est pas potable. »

 

Des barrages détruits

Les restrictions ont produit leur effet : la consommation d’eau est descendue à 27 000 m³ par jour, selon la préfecture. Et elles devraient être encore plus sévères à partir de la mi-novembre, quand les deux retenues collinaires de l’île – qui fournissent en temps normal 80 % de l’eau potable – seront à sec. La préfecture estime alors que 20 000 m³ d’eau seulement seront disponibles chaque jour. Les habitant·es auront alors deux fois moins d’eau que ce dont ils ont besoin.

 

Un autre collectif, les Citoyens de Mayotte, se mobilise d’une autre manière : il organise des expéditions, le long des rivières qui remplissent les retenues pour y détruire les barrages. Dans les bangas, les bidonvilles où vivent 40 % des familles à Mayotte, courent souvent des tuyaux, qui puisent l’eau dans une rivière, quand il y en a. C’est une adduction de fortune pour ces quartiers qui n’ont pas accès à l’eau, un droit pourtant reconnu comme fondamental depuis 2010.

Une seule chasse d’eau consomme 10 litres d’eau potable. C’est stupide d’utiliser de l’eau potable pour cet usage.

Michel Charpentier, président de l’association Les  Naturalistes

Dimanche 15 octobre, le Collectif des citoyens de Mayotte a redescendu la dernière rivière en eau qui alimente la retenue de Dzoumogné, au nord de l’île. Celle-ci n’est plus remplie qu’à 5 % de sa capacité. L’image est frappante : presque toutes les échelles de mesure du niveau de l’eau sont émergées, la retenue n’a jamais été aussi basse.

 

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L’une des retenues de l’île, celle de Dzoumogné, n’est plus remplie qu’à 5 % et devrait être à sec mi-novembre. © Marion Joly pour Mediapart

Devant la réserve, Sylviane Amavi, membre du collectif, est dépitée : « Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce vraiment la sécheresse, ou est-ce que quelque chose empêche l’eau de couler ? » Elle montre l’eau claire de la rivière qui dévale dans les pentes, mais semble s’évanouir quand elle rejoint la retenue.

 

« Ce collectif dit que les habitants des bangas assèchent les rivières, c’est n’importe quoi. On ne consomme presque pas d’eau », estime Mounira Mounira Ahmed Houmadi, à la tête d’un collectif d’habitants d’un bidonville de Kawéni, au centre de l’île. Les chiffres lui donnent raison, selon Anthony Bulteau : « Dans les bidonvilles, on observe une consommation d’une dizaine de litres par jour et par personne, quand une personne dans l’Hexagone consomme en moyenne 149 litres. » La population des bidonvilles, dépourvue d’eau et d’électricité, n’a accès qu’à des bornes-fontaines collectives, elles aussi coupées deux jours sur trois : « Elles alimentent 12 % de la population en eau, et représentent seulement 1 % de la consommation du département. »

 

Au cours de leur marche, les membres du Collectif des citoyens de Mayotte ont découvert et détruit de nombreux barrages. « Ce sont des barrages clandestins, assure Sylviane Amavi, créés pour arroser des terrains agricoles où poussent des salades, des concombres, des tomates, qui sont vendus sur le bord des routes. Les personnes qui exploitent ces terrains sont des clandestins. » Mais elle le reconnaît : « Ces terrains appartiennent à des Mahorais, qui ont abandonné le travail de leurs terres, et les louent à ces clandestins. Les Mahorais participent de cette catastrophe. »

 

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Un membre du Collectif des citoyens devant un barrage installé sur la rivière Mro Oua Tanabé, qui alimente la retenue de Dzoumogné. © Marion Joly pour Mediapart

Michel Charpentier, le président de l’association environnementale Les Naturalistes, relativise le poids de l’agriculture dans la consommation d’eau : « Elle est très minoritaire. Les cultures traditionnelles – bananes, manioc, ananas – n’ont pas besoin d’eau. L’eau pour les cultures, ou même l’industrie, très faible à Mayotte, ne représente rien. » Pour lui, la consommation d’eau potable pourrait être limitée : « Une seule chasse d’eau consomme 10 à 12 litres d’eau potable. C’est une stupidité d’utiliser de l’eau potable pour cet usage. »

 

L’enjeu de la récupération des eaux de pluie

Il insiste sur l’urgence de créer un « réseau d’eau non potable, alimenté par les eaux de pluie ou celles des stations d’épuration ». Anthony, le coordonnateur de Solidarités International est sur la même ligne : « Il faut utiliser l’eau de pluie quand elle est disponible, pour alimenter les toilettes, arroser les jardins, nettoyer les voitures, et ainsi préserver l’eau des retenues. »

 

Les bidonvilles ont déjà largement recours à l’eau de pluie pour la lessive, la vaisselle, la toilette. Dans un banga de Kawéni, près de la préfecture Mamoudzou, toutes les toitures sont équipées de systèmes de récupération d’eau, rustiques, mais efficaces : une simple gouttière et des bidons.

 

L’ONG Solidarités International développe cette solution : « On est en train de déployer un système de récupération d’eau de pluie sur des bâtiments qui relogent des habitants des bidonvilles : avec 400 m2 de toiture, connectés à une grande cuve, on peut alimenter les toilettes pour près de cent personnes, soit 1 300 litres d’eau par jour. »

 

Interrogé par Mediapart au cours d’une distribution d’eau en bouteille, un cadre de la Dealm assure que ses services travaillent dans ce sens dans les établissements scolaires non raccordés au chemin de l’eau, qui ont été équipés de grandes citernes pour alimenter les toilettes, pour l’instant remplies d’eau potable. « Ce sont des investissements que l’on souhaite durables, et que l’on réfléchit à raccorder à un système de collecte de l’eau de pluie, très simple à installer. »

 

Le PNF enquête

La pénurie d’eau s’explique aussi par les très nombreuses défaillances des autorités chargées de l’eau. En 2019 , un rapport de la Cour des comptes a étrillé la gestion du Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte : un déficit chronique, des dépenses inexplicables en formation « sans réalisation effective », de nombreux « voyages et déplacements en métropole, à Madagascar, en Inde », « une flotte de trente-quatre véhicules pour cent cinq agents », un contournement des règles des marchés publics au bénéfice de quelques entreprises. Le syndicat a été incapable d’engager les travaux d’amélioration du réseau d’eau et d’assainissement, pourtant financés à hauteur de 140 millions d’euros par l’État et l’Union européenne.

 

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Une petite fille jette des eaux usées dans la nature, 40 % ne sont pas assainies. © Marion Joly pour Mediapart

Sur la base de ce rapport, le Parquet national financier (PNF) a été saisi en mars 2020 et vient de boucler son enquête préliminaire. Le PNF indique à Mediapart que « dix-sept personnes physiques et quatorze personnes morales sont visées à ce stade », notamment l’ancien président du syndicat, Moussa Mouhamadi Bavi. Les faits visés par l’enquête sont ainsi qualifiés : « Favoritisme, le recel de favoritisme, le détournement de fonds publics, la corruption active et passive, le pantouflage et l’abus de biens sociaux pour des faits commis entre 2014 et 2020. » Le préjudice financier est chiffré à « environ 685 000 euros correspondant au montant des détournements de fonds publics ».

 

Usine de dessalement, forages, retenue d’eau

La direction du syndicat intercommunal, rebaptisé Syndicat Les eaux de Mayotte, a été largement remaniée. Le  dernier avis de la Cour des comptes a estimé « suffisantes » les mesures de redressement. Le syndicat a pu mobiliser les subventions de l’Europe et de l’État français, ainsi que des prêts de l’Agence française du développement ou de la Caisse des dépôts. « Nous avons un plan d’investissement de 400 millions d’euros pour les années 2022-2026 », explique Ahamada Fahardine, l’actuel président du syndicat.

Ces millions devront permettre de construire une deuxième usine de dessalement. Mais celle-ci est construite en catastrophe, sans étude d’impact. Son ouverture est prévue dès fin 2024. Le syndicat travaille aussi à « doubler le nombre de forages », pour capter l’eau des nappes phréatiques, et multiplie les opérations de recherche de fuites sur le réseau. 30 % de l’eau du réseau fuit à Mayotte : un taux élevé, sans être alarmant, car tout réseau d’eau affiche a minima 15 % de fuite. 

 

Quant au projet de troisième retenue, c’est l’Arlésienne de l’île, en projet depuis 1997, date de la précédente grande sécheresse. Sa construction reste suspendue à l’acquisition du foncier, toujours bloqué : « On est en négociation avec les propriétaires », assure Ahamada Fahardine. Une déclaration d’utilité publique qui permettrait d’exproprier les propriétaires de ces terres forestières – les descendant·es de Younoussa Bamana, le président du conseil général de 1977 à 2004 –, n’a toujours pas été signée. Dans le meilleur des scénarios, cette retenue ne devrait pas être opérationnelle avant 2030.

 

En attendant, le syndicat intercommunal multiplie les interventions en urgence. Des travaux ont été entrepris sur l’usine de dessalement de Petite-Terre, dont le fonctionnement a été longtemps ralenti par un défaut de fabrication. Elle devrait fournir, selon la préfecture, 4 700 m³ d’eau mi-décembre, soit plus de 10 % des besoins, au lieu de 3 % jusqu’ici.

La forêt est le château d’eau de l’île.

Michel Charpentier, président de l’association Les naturalistes

Michel Charpentier n’est pas « hostile à ces solutions. Mayotte a besoin d’eau, le plus rapidement possible. Mais une usine de dessalement rejette des polluants et des quantités importantes de saumure, néfaste pour la faune marine. Le coût de l’eau est aussi trois à quatre fois plus cher, car ces usines consomment énormément d’électricité, produite à Mayotte avec du pétrole ». Quant à la retenue d’eau, elle risque d’« envaser un estuaire et d’étouffer une mangrove ».

 

40 % des eaux usées finissent dans le lagon

L’autre volet du retard de Mayotte est l’assainissement de l’eau : plus de 40 % des eaux usées ne sont pas traitées et finissent dans le sol ou les rivières. La santé humaine est en jeu, car les eaux usées peuvent transmettre des bactéries : Escherichia coli, shigelles, salmonelles à l’origine de typhoïdes (onze cas en 2023). Le virus de l’hépatite A se transmet lui aussi par de l’eau contaminée (vingt cas en 2023). Quant au choléra, la plus mortelle des maladies hydriques, il a circulé à Mayotte en 2000.

 

L’enjeu de l’assainissement est aussi écologique : toutes ces eaux usées finissent dans le lagon, l’un des plus grands de l’océan Indien, qui ceinture Mayotte et abrite une biodiversité exceptionnelle : coraux, poissons, tortues de mer. Plus au large évoluent des baleines à bosse, des dauphins. Et sur l’estran, à l’estuaire des rivières, les mangroves protègent l’île des assauts de la mer.

 

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Les mangroves de l’île sont menacées par la pollution de la terre et l’érosion accélérée. © Marion Joly pour Mediapart

Le lagon est surtout menacé par le très grand nombre de déchets non collectés sur l’île qui, dès les premières grosses pluies, finissent dans l’océan. Chaque week-end, des membres de l’association Les Naturalistes se rendent sur une plage sauvage au sud de l’île, où pondent de nombreuses tortues. Ils y ramassent les déchets, « une centaine de kilos par semaine, à plus de 80 % des déchets plastiques », assure son président Michel Charpentier. Celui-ci se désole qu’il n’existe aucun plan de collecte de la dizaine de millions de bouteilles d’eau distribuées à la population.

 

La déforestation assèche les nappes phréatiques

Pendant la saison des pluies dévale, en même temps que les déchets, de la terre en très grande quantité : « 20 000 tonnes de terre finissent dans le lagon chaque année, qui asphyxient les coraux », poursuit le président de l’association environnementale. Les très nombreux travaux sur l’île – partout poussent des immeubles, des maisons ou des bâtiments scolaires – sont en cause, mais surtout la déforestation. Si l’île paraît verte, c’est en partie une illusion : la forêt est de plus en plus défrichée, remplacée par des plantations de bananiers, d’ananas ou de maniocs. « Selon l’établissement public foncier de Mayotte, entre 2011 et 2016 , 1 500 hectares de feuillus ont disparu », explique Michel Charpentier.

 

La transformation de l’usage des sols à Mayotte a des conséquences directes sur la ressource en eau, poursuit-il : « La forêt agit comme une éponge : elle protège les sols, elle retient l’eau, la stocke en profondeur dans les nappes et la rejette plus tard sous forme de sources. Elle est le château d’eau de l’île. On estime qu’une centaine d’hectares de forêt permet de stocker dans les nappes 400 000 m3 d’eau, qui seront disponibles en saison sèche. Même si ce n’est pas une solution à très court terme, replanter des arbres coûte bien moins cher qu’une usine de dessalement ou une retenue d’eau. L’idée commence tout juste à frétiller dans les hautes sphères. »