JustPaste.it

État de choc et peur des représailles... Jean-Luc (1) a attendu deux jours avant de porter plainte. Ce lundi après-midi, ce père de famille a finalement poussé les portes de la gendarmerie du Luc pour dénoncer des faits de "violence avec usage ou menace d’une arme sans incapacité". Samedi dernier, sa chienne aurait été abattue par un chasseur dans le centre-Var avant que ce dernier le menace de mort et pointe son fusil sur lui. Récit d’une partie de chasse qui aurait mal tourné, telle que racontée dans le procès-verbal et la plainte, dont nous avons pris connaissance.

Il est vers 10 heures, le 7 janvier, quand Jean-Luc, casque sur les oreilles, débroussaille une partie du terrain autour du centre équestre familial, au nord de l’autoroute A8. Au même moment, Xavier, son fils de 23 ans, s’entraîne au dressage dans une carrière plus loin. C’est lui qui voit Leen, une femelle dogue argentin de 7 ans, partir dans le champ de vigne voisin et aboyer sur un chien de chasse. Il saute de son cheval et essaie alors de la rappeler. En vain. En face, le chasseur aurait dit à la chienne du centre équestre de "la fermer" puis aurait dégainé son arme. Et tiré sur l’animal.

"Je t’enlève la vie"

Xavier part alors prévenir son père. "Il m’a dit: la chienne est morte, il a tué la chienne", racontera Jean-Luc aux gendarmes, dans la foulée. Les deux hommes se lancent à sa poursuite. "J’ai dû m’arrêter à 3 ou 4mètres de lui sur le chemin face à l’entrée de ma propriété, poursuit le père dans sa déposition. Je l’ai appelé et l’ai insulté." En retour, le chasseur qu’il reconnaît, accompagné d’un autre chasseur armé, lui aurait dit "que quand on a un chien méchant, il faut l’enfermer". Puis aurait pointé son fusil sur Jean-Luc en prononçant cette menace de mort, s’il avançait encore: "Je t’enlève la vie". Témoin de la scène, le deuxième chasseur aurait demandé à son partenaire d’arrêter. Ils en seraient restés là.

Jean-Luc et Xavier partent prévenir les gendarmes, qui prendront leur déposition, et s’en vont retrouver leur chienne. Celle-ci est déjà inanimée. "Elle a reçu une balle dans la gorge", racontera le père de famille, qui précisera que si sa chienne "aboie un peu", elle n’a "jamais fait de mal à personne". Concernant le chasseur, il le décrira comme un septuagénaire "alcoolique", habitant la commune voisine. Aux gendarmes, il ajoutera que selon lui "il a déjà tué un autre chien avec son fusil il y a 4 ou 5 ans" et demandera 20.000 euros de dommages et intérêts suite à un "traumatisme".

Jusqu’à 5 ans de prison?

Me Isabelle Terrin, avocate marseillaise spécialisée dans la cause animale, indique que "la loi s’est durcie depuis décembre 2021" et que "ce chasseur risque de 3 à 5 ans de prison ainsi qu’une forte amende pour avoir tué, sans raison apparente, ce chien, aujourd’hui considéré comme un sujet de droit et non plus un objet de droit".

Dans son PV, les gendarmes ont notifié que "le mis en cause a été placé en garde à vue (...) et que les armes lui ont été retirées". Mais dans cette affaire, Jean-Luc indique ne plus dormir, comme sa femme et son fils de "peur des représailles".

Ce père de famille souhaitait également déposer une plainte contre la Fédération de chasse du Var, qui, selon lui, "a donné un permis de chasse à un homme récidiviste" avant de se raviser. Contactée, celle-ci nous indique finalement ne "pas être mise en cause et attendre que la justice se fasse".

De son côté, la mère de Xavier, encore sous le choc, a un message à faire passer, au lendemain des annonces du gouvernement sur la réglementation de la chasse. "Je ne suis pas contre cette pratique, mais on devrait rendre obligatoire une visite médicale annuelle pour tous les chasseurs au lieu que des fous puissent renouveler leur permis sur Internet, avance-t-elle. Comme pour les licences d’équitation ou de foot."

1. Les prénoms ont été modifiés