Destituer Donald Trump, une procédure où tout le monde joue très gros
Donald Trump et Joe Biden. Les républicains et les démocrates. Pour tous, la procédure de destitution entamée contre le président américain est à haut risque.
Une semaine. Il aura suffi d’une petite semaine pour que tout bascule. Une semaine, une goutte d’eau qui a fait déborder le vase : trop, c’est trop et soudain, presque comme un seul homme, les démocrates ont décidé de lancer une procédure de destitution contre Donald Trump. A moins d’une grosse surprise, la Chambre des représentants votera l’impeachment du président ; à moins d’une grosse surprise, Donald Trump ira jusqu’au bout de son mandat, soutenu par un Sénat à majorité républicaine qui refusera de le destituer.
Les enjeux sont énormes. Pour Trump tout d’abord : il peut instrumentaliser ce qu’il qualifie déjà de « chasse aux sorcières » et se poser en victime d’une vendetta politique, comme Bill Clinton en 1998.
Mais il peut aussi s’engluer dans une enquête qui devrait apporter de nouvelles révélations sur ses agissements.
Pour Joe Biden ensuite : c’est le premier concerné par le scandale – Trump est accusé d’avoir fait pression sur le président ukrainien pour qu’il enquête sur les activités du fils Biden en Ukraine –, et il se retrouve de facto propulsé au rang d’adversaire quasi-officiel de Trump. Même si sa victoire aux primaires démocrates est encore loin d’être acquise, avec une Elizabeth Warren qui lui colle aux talons, il a volé à ses rivaux tout l’oxygène de la campagne.
Mais pour lui aussi l’impeachment est un champ de mines, moins à cause des activités de son fils – Biden avait gardé ses distances – que du risque d’apparaître trop partisan.
Danger pour les deux partis
Et c’est aussi bien sûr, un danger pour les deux partis.
Pour les républicains, la question se pose désormais de savoir jusqu’où ils sont prêts à défendre un président qui foule aussi allègrement les institutions, demandant un coup de main à une puissance étrangère – les Américains sont chatouilleux là-dessus – pour compromettre un adversaire politique.
Pour les démocrates, il va falloir réussir à éviter une réédition du rapport Mueller, dont la complexité et la prudence avaient échoué à convaincre une majorité d’Américains. Comme l’avait très bien compris Nancy Pelosi avant que ce dernier scandale ne l’oblige à basculer vers l’impeachment, l’argumentaire démocrate de la présidentielle ne peut pas se résumer à une fixation obsessionnelle sur Donald Trump.
Mais ce serait une erreur de considérer cet impeachment sous le seul angle de la tactique politicienne. Même si elle n’a pratiquement plus aucune chance de déboucher sur une destitution, vu la polarisation extrême de la politique américaine, elle reste un moment grave, solennel dans l’histoire de ce pays. D’autant qu’il ne s’agit pas cette fois d’une histoire d’adultère, comme avec l’affaire Lewinsky, mais d’un appel à une puissance étrangère, voire un chantage exercé à son endroit, pour peser sur la politique américaine. En termes moins choisis, cela relève de la trahison pure et simple.
C’est la limite d’une comparaison avec 1998 : pendant le mois de l’impeachment de Bill Clinton, deux Américains sur trois estimaient le président coupable des agissements qui lui étaient imputés, mais seulement 30 % souhaitaient sa destitution. Autrement dit, ils ne considéraient pas ses écarts avec la loi ou la morale suffisants pour justifier un limogeage. Si les accusations de trahison s’avèrent étayées par les faits, s’agissant de Trump, rien ne permet de dire qu’une aussi forte majorité d’Américains souhaitera la clémence du Congrès.
Des différences avec 1998
L’autre différence est évidente : lancé pour la première fois à aussi peu de distance de l’élection présidentielle, l’impeachment sera l’un des plats de résistance d’une campagne où tous les mauvais coups seront permis. Mais c’est aussi, malgré tout, une affaire de principe, un moyen de signaler aux républicains et à Trump, qui se comportait ces derniers temps comme si plus rien ne pouvait l’arrêter et envoyait ses mignons insulter les parlementaires, que tout n’est pas possible.
Donald Trump a d’ailleurs fini par le comprendre, ou plutôt, son entourage a fini par le convaincre du danger. Après avoir défendu son comportement avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur le mode « Où est le problème ? », il opte désormais (un peu tard) pour un prudent « C’est la faute aux Européens ». Il y a une semaine, une petite semaine seulement, il ne cessait d’appâter les démocrates pour qu’ils tombent dans le piège de l’impeachment. Terminé : le piège est posé, mais le gibier, c’est lui.
Philippe Boulet-Gercourt (correspondant à New York)
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monTchatoisa posté le 25 septembre 2019 à 08h13
Cette demande d'empechement n'a aucune chance de passer le senat (2/3 républicain ) par contre il a toute les chances de revenir dans la figure de Biden, c'est en fait une mauvaise affaire pour les démocrate et une bonne pour les républicains
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climato-sceptiquea posté le 25 septembre 2019 à 07h55
Trump semble gêner beaucoup de monde .. ça va finir par le rendre sympathique
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denyschuveesa posté le 25 septembre 2019 à 07h52
C'est assez hallucinant comme procédure. Un déni de démocratie caractérisé qui illustre bien la tolérance de la gauche : un président qui ne pense pas comme eux doit être dégagé. Exemplaire. Et je sens qu'ils vont encore remettre sur la table le décompte de voix pour essayer d'inventer une histoire où Trump serait illégitime, blablabla, bref leur exercice de destruction de la réalité habituel. Pitoyable.
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"Destituer Donald Trump, une procédure où tout le monde joue le très gros" L'est pas si gros... Non ?