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Une histoire du maraîchage à Paris

 

On peut noter que les maraîchers français de l’époque ont fait partie des meilleurs jardiniers de l’histoire de l’humanité. Les jardiniers londoniens du 20eme siècle s’en inspirèrent avant que deux américains, John Jeavons et Alan Chadwick, l’utilisent comme base de leur travail en 1970. Viendra ensuite Eliot Coleman qui remettra au goût du jour les pratiques de ces maraîchers qui ont créé ce qu’on appelait à l’époque « le jardinage intensif à la française »  (http://bit.ly/33RiOqB).

De nos jours, on peut citer la ferme du Bec Hellouin, en Normandie, qui utilise ces techniques de maraichage pour produire des fruits et légumes avec des rendements tout simplement hallucinants ! L’INRA suit le travail de Charles Hervé Gruyer dans sa ferme du Bec Hellouin afin d’étudier les résultats et techniques de maraîchage utilisées. A ce jour, cette ferme produit sur 1/10e d’hectare l’équivalent de fruits et légumes qu’une ferme conventionnelle sur un hectare. La Ferme biologique du Bec Hellouin

Mais revenons à nos Anciens:

Paris 1830 ...Voici la cartographie des terres dédiées à l'agriculture (*).  Leur importance est édifiante surtout en comparant celle de 2017 où il n'y a plus aucune surface en pleine terre dédiée aux cultures maraichères pour leur commercialisation dans les 20 arrondissements de la capitale. Je fais ce petit tour d'horizon pour marquer combien il est de l'ordre de l'impossible pour les mégalopoles de développer une production locale pour nourrir la masse de leurs habitants sans une surface d'exploitation en rapport .
(*) Paris 170-2017: L'évolution des terres dédiées à l'agriculture

Les maraîchers parisiens étaient, au 19eme siècle, concentrés autour des marais (Canal Saint Martin notamment), ce qui leur conféra la dénomination de « maraîchers » : les cultivateurs des marais.

En 1845, J.G MOREAU et J.J. DAVERNE ont souhaité écrire un manuel relatant leurs techniques de maraîchage dont  j'extrais les informations suivantes. Se sentant menacés par l’urbanisation galopante de la capitale, ils souhaitaient transmettre leurs connaissances et leurs méthodes à leurs enfants et aux futurs jardiniers-maraîchers; voci ce livre en version digitalisée par Google. Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris / par J. G. Moreau et J.J Daverne

Ces maraîchers parisiens du 19eme siècle obtenaient des rendements exceptionnels, le tout en agriculture biologique, c’est-à-dire sans aucun intrant chimique (engrais chimiques, pesticides, herbicides type Round Up, etc.). Leur seul apport extérieur était le fumier de cheval (ou de vache) qu’ils récupéraient auprès des écuries parisiennes de l’époque.

A cette époque, il a été estimé que la production de légumes (en particulier de salades) intra-muros atteignait environ 100 000 tonnes !!!, représentait un sixième de la surface de la ville (!!!) et employait près de 9000 cultivateurs. La production se faisait toute l’année, dans les terrains marécageux de Paris.

Les marais fournissaient une solution valorisante pour le problème de la gestion des déchets produits par les chevaux utilisés dans la ville. Près de 100 000 chevaux étaient recensés à cette époque dans Paris (leur nombre réel devait être encore plus important), en grande partie pour les transports en commun;  ils fournissaient les ¾ du fumier utilisé dans les marais parisiens (le reste venant de la région avoisinante).

Cet écosystème permettait de transformer ces déchets en près de 100 000 tonnes de salades et légumes vendus dix fois plus cher. Ramené per capita, ce volume correspondait à 50kg de légumes frais par an, soit plus que la consommation actuelle, permettant donc de l’exportation à destination notamment d’Angleterre ! (et le chemin de fer n'était pas encore venu irriguer le territoire ).

La production hors-saison assurait la viabilité économique de la production ; les maraichers favorisant une culture avec un rendement plus faible mais à plus grande valeur au détriment des récoltes d’été, plus abondantes mais moins valorisées.

Cette production hivernale reposait sur la chaleur et le CO2 émis par la fermentation du fumier, sur lequel étaient disposés des cloches en verre . Chaque lopin de terre est entouré de murs de 2m de haut, protégeant les cultures du vent tandis qu’en cas de températures extrêmes, un lit de paille est apposé pour une protection supplémentaire. L’ensemble de ces techniques permettait une productivité en termes à la fois quantitatifs, économiques et énergétiques égale aux systèmes de production actuels.

Un fait intéressant à noter est que la topographie du site (terrains marécageux, encaissés) créait une cuvette où s’accumulait le CO2 produit par la fermentation du crottin, et par là favorisait la croissance des plantations, en particulier pendant l’hiver (l’enrichissement au CO2 est aujourd’hui une pratique répandue pour la culture de légumes sous serres).

Source: André Ravachol Consultant pour les problématiques environnementales, Fondateur de la marque PLASTICANA (www.plasticana.com)

 

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