Le modèle Suisse. Pourquoi cette réussite?
Source: Revue Commentaire La lettre du vendredi 19 juillet 2019
On dénonce partout la crise des démocraties. Parmi elles, la situation de la Suisse diffère : une économie prospère, des salaires plus élevés qu’ailleurs, un quasi-plein-emploi, un système de formation performant, des outils de démocratie directe largement évoqués en ce moment. La Confédération helvétique est-elle un modèle dont les démocraties modernes pourraient s’inspirer ? Pour se faire une opinion, arrêtons-nous plus longuement sur les particularités suisses.
La Suisse, prospérité, stabilité et droits référendaires Garçon François N° 166 Été 2019
Contre qui tente d'expliquer le système politique suisse, tout semble s'être ligué. Spécialement en France. Pensez donc, une nation qui tient debout sans État ! Un pays où, pour berceuse, les citoyens ont une histoire récente sans apothéoses militaires, ni défaites héroïques. On mesure dès lors combien il est difficile d'intéresser le public étranger sur la montée aux alpages, la formation duale ou le plein-emploi. La Suisse est pourtant prospère et son système démocratique pourrait fournir une bonne source d'inspiration. On lira attentivement cet article en pensant aux propositions qui ont fleuri en France pendant le Grand Débat. [Lire la suite]
L'apprentissage en Suisse, voie d'excellence François Garçon N° 154 Été 2016
Deux chiffres témoignent de la santé du marché suisse du travail : le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) était de 10,6 % au 3e trimestre 2015 (21,7 % dans la zone euro) pour littéralement s'effondrer à 4,9 % chez les 55-64 ans. Avec un salaire médian brut mensuel de 6 189 francs pour les hommes (chiffres 2014), on en déduira encore qu'il ne s'agit pas de petits boulots alimentaires, mal payés. Cette performance tient notamment à la nature du système suisse de formation, à la priorité qu'il accorde à l'apprentissage en formation initiale très largement au sein d'une entreprise (apprentissage dual), et aux dividendes vertueux attachés à cette filière mésestimée dans les pays latins. [Lire la suite]
Le modèle universitaire suisse: Robert Kopp N° 145 Printemps 2014
On a constaté que des pays comme la Suède, la Hollande, la Suisse obtenaient en matière universitaire et scientifique de bien meilleurs résultats que la France, tant pour la recherche que pour la place des universités dans les classements internationaux. Écart d'autant plus navrant pour nous que les populations de ces pays sont moins nombreuses que la nôtre. Sans doute l'explication tient-elle aux profondes défaillances de notre organisation et de notre politique universitaires. Aussi est-il intéressant d'étudier les modèles étrangers. Commençons par le modèle suisse.
La politique de l'emploi en Suisse: Jean-Jacques Friboulet
En 2001, le taux de chômage en Suisse était de 2,5% selon les standards internationaux. Le même chiffre pour la France était de 8,6 et pour l’Union européenne de 7,4%. Pour un économiste européen, ce chiffre rappelle les Trente Glorieuses. Il se situe hors des normes habituelles sur lesquelles nous avons l’habitude de travailler. La tentation est donc grande de classer la Suisse comme un cas particulier auquel ne s’appliqueraient pas les règles habituelles de l’économie politique. Le but de cet article est de montrer qu’il n’en est rien. La Suisse n’est pas à l’abri du processus de globalisation actuel de l’économie internationale. Ses bons résultats en termes de chômage sont le fruit d’une stratégie dont les éléments clés sont une culture démocratique et une politique active de l’emploi. Il y a bien sûr des nuances à apporter à ce tableau mais les éléments cités n’ont rien à voir avec des conditions naturelles particulièrement favorables ou une manne tombée du ciel. Ils sont les fruits d’une volonté collective. Celle-ci s’appuie sur une administration qui a le plus le souci d’impulser ou de « faire faire » que de décider en lieu et place des ménages et des entreprises. [Lire gratuitement]
La politique de l'immigration en Suisse: Jean-Michel Bonvin N° 84 Hiver 1998
L’histoire de la Suisse est tout entière marquée par la volonté d’intégrer des différences majeures : quatre langues officielles, deux grandes traditions religieuses, des cultures orientées vers deux pôles opposés : la latinité pour la Suisse romande et italienne et la germanité pour la Suisse alémanique, vingt-six entités politiques particulières… Ce modèle d’intégration accomplie à force de compromis entre les diverses composantes en présence semble faire de la Suisse la destination idéale pour les migrants de tous horizons. Un regard superficiel sur la proportion d’étrangers résidant en Suisse paraît confirmer cette thèse : 19% de la population globale, mais il convient de nuancer ce point de vue. Le modèle d’intégration helvétique repose sur le compromis entre les divers groupements d’intérêt et toute la législation porte l’empreinte de cette prédilection pour le compromis réalisé grâce à la pratique constante de la consultation entre les parties concernées. Le domaine de l’immigration ne déroge pas à la règle. [Lire la suite]
La Suisse et la Fédération européenne: Jeanne Hersch: N° 59 Automne 1992
On a un peu oublié — et c’est dommage — que les premiers efforts en vue de créer l’Union fédéral européenne sont issus de la Résistance. Dès avant la fin de la guerre, avant les premiers succès des grands réalisateurs politiques — Adenauer, de Gasperi, Schumann, Jean Monnet —, des Européens qui, pour avoir combattu contre le nazisme ou le fascisme en avaient été victimes pendant une bonne partie de leur vie, étaient désormais convaincus que paix et liberté avaient partie liée, et que la seule voie pour les assurer sur le continent passait par l’union fédérale de ses États. Kogon avait survécu aux geôles allemandes ; Spinelli avait passé dix-sept ans de relégation dans une île italienne dévorée de soleil ; Henri Frenay avait, dès l’armistice et pendant toute la guerre, organisé et commandé clandestinement la Résistance en zone libre sur territoire français. La Résistance avait été la première patrie des commune des futurs compatriotes d’une Europe fédérée dont ils se voulaient les artisans, et c’est au sein de cette partrie qu’aussitôt la guerre finie ils se sont retrouvés alliés. [Lire la suite]
Le miracle suisse. Il ne suffit pas d'être libéral: Jean-Pierre Danthine, Jean-Christian Lambelet N° 41 Printemps 1988
La Suisse connaît et a connu un grand succès économique. Le pays a traversé les perturbations des années 70 mieux que la plupart des économies de l’O.C.D.E., avec peu d’inflation et aucun chômage. Si sa performance en termes de croissance est moins impressionnante, voire même médiocre, elle peut s’expliquer par l’évolution spécifique des taux de participation de la population active.
Comment expliquer une telle réussite économique ? Première explication : la politique budgétaire n’a pas cherché à exercer une action régulatrice, mais seulement à préserver l’équilibre du (petit) budget de l’Etat, tandis que la politique monétaire se définissait par des objectifs de croissance stable.
Deuxième explication (largement répandue) : l’ampleur des renvois de travailleurs étrangers après 1973. S’il est vrai que ce facteur a été non négligeable, une étude plus approfondie montre que l’explication n’est pas suffisante. Les mouvements importants de population étrangère remontent à des mesures adoptées en 1964. Celles-ci ont entrainé une diminution du nombre des travailleurs étrangers temporaires, mais aussi un accroissement du nombre de travailleurs bénéficiant du statut de résident permanent, et continuant de vivre en Suisse aujourd’hui. D’autre part, il convient de tenir compte de l’hétérogénéité de la population active : il est tout simplement impossible de réduire le chômage en remplaçant la main-d’œuvre étrangère par de la main d’œuvre domestique. La principale explication de la réussite de la Suisse réside en réalité fondamentalement dans sa structure économique. [Lire la suite]