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Gilets jaunes: Ras le bol fiscal; mais impossible equation fiscale

Comme chaque semaine Claude Weil nous livre une réflexion pertinente

Source: Var Matin 24 novembre 2018

Partons chiffres. En 2017, pour la première fois, les prélèvements obligatoires ont franchi la barre des 1000 milliards d'euros. Les dépenses publiques, elles, ont tangente tes 1 300 milliards.


Mille milliards (précisément 1037), c'est 45,3 % du PIB. Vice-record du monde (derrière le Danemark). Un chiffre en hausse constante. Trois cent soixante-neuf milliards de plus en quinze ans !Soit 149 milliards entre 2002 et 2007 (Chirac) ; 95 entre 2007 et 2012 (Sarkozy) ; 125 milliards entre 2012 et 2017 (Hollande). Il ne faut pas chercher ailleurs l'origine du ras-le-bol fiscal qui a mis les « gilets jaunes » sur les routes, sous le regard compréhensif ou approbateur de trois Français sur quatre. Et que feignent, aujourd'hui, de découvrir ceux —droite et gauche confondues — qui y ont allègrement contribué. Le prix du gazole a été la goutte d'eau. Le vase était déjà plein.


1 295 milliards — la dépense publique, donc—, c'est 56,5 %du P18. Record du monde ! Huit points de plus que la moyenne de la zone euro. Au début des années 6o, on était à 3o %. Là encore, tous les gouvernements ont plus ou moins poussé à la roue. Pourtant tous les secteurs s'estiment maltraités. Tour à tour, l'hôpital, la prison, la justice, l'école, l'université, on en passe, réclament des « moyens » et dénoncent la politique d'« austérité ». Les traitements des fonctionnaires stagnent. Les retraites fondent. Aujourd'hui, c'est te désarroi de la France périphérique qui nous saute au visage.

De sorte que la France est cet étrange pays, le seul, qui cumule un haut taux d'imposition et des dépenses largement sous-financées (le déficit dépasse 11 % du PIB, soit plus de 25o milliards), avec en prime un niveau explosif de frustration et d'insatisfaction.

A ce stade, on est tenté de demander, avec l'improbable Jacqueline Mouraud, ce que l'Etat « fait du pognon ». Manifestement, beaucoup de Français se posent la question. A 67 %, ils jugent « excessif » le poids de la fiscalité ; à 83 %, ils estiment que l'argent des impôts est « mal utilisé» (1). La crise des « gilets jaunes » l'a révélé; l'enquête le confirme : le consentement à l'impôt s'effrite. Notamment chez les jeunes et dans les milieux populaires.


A Macron, au gouvernement, à notre société de se débrouiller avec cette impossible équation : comment baisser les impôts alors qu'ils ne suffisent déjà pas à couvrir les dépenses? Sans doute on peut dépenser mieux, lutter contre les gaspillages, élever le niveau d'efficacité du secteur public, réduire le train de vie de l'Etat et des collectivités locales. Combattre plus activement ta fraude. Sans doute, on pourrait imaginer un système fiscal plus «juste » (encore que cette notion soit relative: chacun a tendance à trouver juste l'impôt... des autres, cela aussi ressort clairement du sondage). Mais ne rêvons pas. Dans le monde réel, qui n'est pas celui des illusionnistes, on ne peut pas avoir plus de services publics et moins d'impôts, plus de prestations sociales et moins de cotisations. Sauf à creuser indéfiniment les déficits – c'est-à-dire léguer à nos enfants une dette insupportable –, la seule façon de diminuer la pression fiscale serait de réduire significativement les dépenses publiques. Ce qu'aucun gouvernement jusqu'ic. Et qui pourrait bien soulever une colère populaire dont celle des « gilets jaunes » ne donne qu'un timide avant-goût.

  1. Le ras le bol fiscal s'accentue en France: Enquête Ipsos/Le Monde.

Plus:

  1. Xerfi Canal 20 ans d'endettement: Etat, ménages, entreprises
  2. Comment baisser la dépense publique en France
  3. Dépenses publiques en France: sur Xerfi Canal

Et cette video, en partie  stupide, d'un économiste en caleçon (Investisseur Pro) sur le racket de l'état: pas un mot sur les services publics; et l'idée que si tout le monde épargnait la part de ses revenus taxés et les plaçait à intérêts composés à 5% durant sa vie active, chacun serait multi millionnaire! Si tout le monde épargne, pour quels investissements (car Epargne=Investissement), le taux d'intérêt tend vers zéro si  l'invstissement n'est pas égal à l'épargne.

 

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