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Sébastien Le Fol - Fachos de centristes !

ÉDITO. Macronisme comparé au « totalitarisme », haine anti-flics justifiée, antisémitisme relativisé... Certains analystes ont perdu la raison. PAR SÉBASTIEN LE FOL

Qui menace la démocratie aujourd'hui ? Qui met en péril la paix civile ? Ces haineux en gilet jaune qui insultent Alain Finkielkraut, un samedi de février, dans le quartier Montparnasse ?« Barre-toi, sale sioniste de merde ! » Il l'a bien cherché, vous ne trouvez pas ? Ce leader des Gilets jaunes, Christophe Chalençon, qui agite la menace d'un coup d'État ? Allons, nous ne sommes pas en février 34. Les factieux qui s'attaquent aux députés ? Nos élus n'ont qu'à s'initier à la boxe thaïe ! Tous ceux qui, aux extrêmes, droite et gauche confondues, veulent en finir avec le parlementarisme ? Vous délirez. Les obsédés de l'identité, qui, à la place des citoyens, voient des couleurs de peau, des genres ou des classes ? Pas d'amalgames. Les idiots utiles de l'islamisme ? Passez votre chemin. Alors qui ? Les salafistes, zadistes, identitaires, activistes d'ultragauche, dieudonnistes qui veulent morceler, déchirer et communautariser le pays ? Vous avez trop vu de films apocalyptiques…

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Non, les vrais dangers qui pèsent sur nos libertés sont à chercher ailleurs. Écoutons les voix que la dictature naissante voudrait faire taire. Depuis des semaines, elles nous alertent sur les méthodes « vichystes » du gouvernement. Héroïne du nouveau « Monde libre », la directrice de publication du Média, Aude Lancelin, ne voit pas l'antisémitisme dans les cortèges de Gilets jaunes (sans doute éblouie par le soleil printanier) mais décrit les policiers et les gendarmes, ces suppôts du capitalisme, comme une « milice personnelle » manipulée par le gouvernement.

Malhonnêteté

Tous les arguments sont bons pour justifier la violence politique. Celle-ci est attisée par un discours irresponsable, comme l'explique bien Éric Delbecque, expert en sécurité intérieure, dans un ouvrage édifiant sur l'ultragauche à paraître en mars : Les Ingouvernables(Grasset). « La tolérance larvée de l'intelligentsia à l'égard des errements de l'ultragauche, de l'extrémisme (ou radicalisme) dit de gauche, encourage les jeunes gens au sang chaud qui veulent en découdre, et rend d'emblée inefficace tout embryon de réprobation collective. » Éric Delbecque remarque à juste titre que nombre de journalistes, artistes ou leaders d'opinion ont perdu la raison. Ils trahissent leur vocation même : faire prévaloir l'intelligence, le discernement, la nuance et la responsabilité sur la bêtise et la sauvagerie.

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La fable d'Esope nous enseigne que l'on perd toute crédibilité à crier au loup à tort et à travers. À dépeindre la France d'Emmanuel Macron comme le Venezuela de Maduro ou le Chili de Pinochet, certaines figures médiatiques font preuve de malhonnêteté et jouent avec le feu.

Comment une Natacha Polony, pétrie d'Histoire et de littérature, peut-elle doctement expliquer dans un éditorial de Marianne(du 8 février) que le vrai péril de notre temps est… le centrisme ? Et pas n'importe quel centrisme, le « centrisme totalitaire » ! Pour étayer sa thèse, la pourfendeuse de l'américanisation des esprits et des appétits cite un chercheur… américain, David Adler : « Ce sont les centristes qui sont les plus hostiles à la démocratie, pas les extrêmes. » La thèse n'est pas piquée des hannetons. Elle fait beaucoup rire l'historien Jean-Pierre Rioux, auteur d'un ouvrage de référence sur le sujet, Les Centristes, de Mirabeau à Bayrou, dont on recommande vivement la lecture au chef de la résistance intérieure à l'hydre centriste.

Une charge qui fleure bon le complotisme

On connaît les clichés qui collent aux basques des modérés en France : mollassons, supplétifs, girouettes… Germaine de Staël et Benjamin Constant apparaissent pourtant comme des punks comparés à nos activistes actuels.

La charge de Natacha Polony contre ces fachos de centristes fleure bon le conspirationnisme. Le centriste, forcément, complote contre « le peuple ». Ce peuple essentialisé, glorifié… Le centriste ne cherche pas à défendre la démocratie, mais « un système économico-politique considéré comme le meilleur pour garantir la stabilité et la prospérité ».

Le centrisme est désormais l'autre nom de l'« autoritarisme ». Sa figure de proue n'est autre que Macron… Le macronisme est un totalitarisme. Si l'on suit bien ce raisonnement, et si l'on observe méticuleusement son vocabulaire, la France libre de 2019, c'est l'alliance des mélenchonistes et des lepenistes...

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Publié le 19/02/19 à 17h00 | Source lepoint.fr

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