EN DIRECT. Démission de De Rugy : Macron accepte une « décision personnelle »
VIDÉO. Le ministre de la Transition écologique, au centre d'une polémique sur des dépenses excessives, a présenté mardi sa démission au Premier ministre. PAR LEPOINT.FR
Clap de fin pour François de Rugy. Le ministre de la Transition écologique, au centre d'une polémique sur des dépenses excessives, a annoncé mardi 16 juillet avoir présenté sa démission au Premier ministre, s'estimant victime d'un « lynchage médiatique » et précisant avoir déposé une plainte en diffamation contre Mediapart. « Les attaques et le lynchage médiatique dont ma famille fait l'objet me conduisent aujourd'hui à prendre le recul nécessaire – ce que chacun comprendra. La mobilisation nécessaire pour me défendre fait que je ne suis pas en mesure d'assumer sereinement et efficacement la mission que m'ont confiée le président de la République et le Premier ministre. Dès lors, j'ai présenté ma démission au Premier ministre ce matin », a écrit le ministre dans un communiqué.
Depuis mercredi, le ministre est la cible du journal d'investigations, qui a publié plusieurs articles : un premier évoquant, photos de homards et de grands crus à l'appui, des dîners fastueux organisés à l'hôtel de Lassay lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale. Le feuilleton s'est poursuivi jeudi avec un autre article concernant des travaux réalisés par le ministre dans son logement de fonction à l'hôtel de Roquelaure pour un montant de 63 000 euros. Entre-temps, Mediapart avait tiré une nouvelle salve mercredi soir avec des informations concernant un logement HLM à Paris occupé par la directrice de cabinet du ministre Nicole Klein depuis 2001 et conservé de 2006 à 2018 alors qu'elle n'habitait plus la capitale.
"Nous n'avons aucune indication que des règles aient été transgressées" ou que le ministre démissionnaire François de Rugy, au centre de révélations sur ses dépenses, ait "commis des actes (...) contraires à la justice", a déclaré mardi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. "Nous n'avons aujourd'hui absolument aucune indication tendant à démontrer que François de Rugy a commis des actes qui sont contraires à la justice", a déclaré sur BFM TV la secrétaire d'État. "Ce n'est pas parce qu'il y a des articles, ce n'est pas parce que des médias le disent, qu'il faut le croire forcément", a-t-elle ajouté depuis son ministère, en se disant "très attachée à (...) ce qu'il (M. de Rugy) puisse se défendre librement".
Sibeth Ndiaye: "Nous n'avons aucune indication tendant à démontrer que François de Rugy a commis des actes contraires à la justice"
François de Rugy aurait utilisé ses frais de mandat de député pour payer une partie de ses cotisations d'élu à son ancien parti EELV, tout en les déduisant du calcul de ses impôts, selon la dernière enquête de Mediapart publiée mardi, et qui semble avoir précipité sa démission. Parue quelques minutes après l'annonce du départ du ministre de l'Écologie, l'enquête détaille deux versements pour un total de 9 200 euros qu'il avait effectués au profit du parti écologiste, en 2013 et 2014, depuis le compte sur lequel il percevait son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), en tant que député. François de Rugy aurait déduit ces versements du calcul de son impôt sur le revenu au titre de l'année 2015, selon son avis d'impôt consulté par Mediapart, qui indiquait qu'il n'avait pas réglé d'impôts cette année-là.
.@FdeRugy annonce sa démission.
Il devait répondre aux questions d'une nouvelle enquête de @Mediapart à 13h. Papier bientôt en ligne
Le site a précisé avoir envoyé lundi soir des questions au ministre de la Transition écologique concernant cette nouvelle enquête, et attendait ses réponses mardi après-midi. Dans le communiqué annonçant sa démission, François de Rugy s'est indigné contre "la volonté de nuire, de salir, de démolir" de Mediapart, qui a en premier dévoilé la semaine dernière des dîners fastueux qu'il donnait lorsqu'il était président de l'Assemblée entre juin 2017 et septembre 2018. Le député de Loire-Atlantique a affirmé avoir déposé mardi "une plainte pénale en diffamation" contre le site d'investigation. Dénonçant des attaques sur la base de "photos volées, de ragots, d'approximations, d'éléments extérieurs à (s)a fonction", M. de Rugy s'est aussi dit "soumis à un feu roulant de questions nouvelles et contraint de parer sans cesse à de nouvelles attaques".
Jusqu'en 2015, en plus de leur rémunération, les 577 députés bénéficiaient d'une "avance" de frais pour faire face à certaines dépenses liées à leur mandat. Cette enveloppe de quelque 5 000 euros mensuels n'était pas contrôlée. Après des abus (vacances, téléviseurs et autres dépenses payées avec l'IRFM), l'Assemblée nationale puis le Sénat avaient édicté en 2015 une liste - très générale - des dépenses autorisées et interdites (dont l'acquisition d'un bien immobilier et les cotisations aux partis), et imposé le versement de l'indemnité sur un compte bancaire dédié. Les députés devaient aussi certifier sur l'honneur le bon usage des dépenses. Un système plus strict - pour les députés comme les sénateurs - a été fixé par les lois "pour la confiance dans la vie politique" adoptées à l'été 2017, à la suite de l'élection d'Emmanuel Macron. La majorité a opté pour une transformation de l'IRFM, depuis le 1er janvier 2018, en une "avance" de frais de mandat (AFM) d'un montant mensuel de 5 373 euros (même montant que l'ancienne IRFM), dont 600 euros peuvent être dépensés sans justificatifs.
Le ministre démissionnaire devait défendre au Sénat dans l'après-midi le projet de loi énergie et climat, qui décrète "l'urgence climatique", mais laisse les organisations environnementales sur leur faim. Il devrait être remplacé dans l'hémicycle au Palais du Luxembourg par sa secrétaire d'État Emmanuelle Wargon, assure l'Agence France-Presse.
La classe politique commente largement la démission de François de Rugy, quelques heures à peine après son annonce. Si quelques membres de la majorité saluent le travail d'un homme "solide" et "courageux", la plupart dénoncent, voire raillent, l'attitude du désormais ex-ministre de la Transition écologique et solidaire. Petit florilège.
Olivia Grégoire (LREM) : "C'est un homme solide, courageux, qui travaille beaucoup, je pense qu'il est à bout. Juger sur une image, sans laisser le temps de la présomption, et un homme s'en va, sera un danger pour tous. J'espère que l'opposition aura un petit peu de pudeur dans les heures qui viennent, même si j'en doute un peu", a déclaré la députée de Paris devant des journalistes.
Gilbert Collard (RN) : "Sa majesté Homard Ier a cuit dans le court-bouillon médiatique !" a ironisé le député sur Twitter.
Bastien Lachaud (LFI) : "De Rugy démissionne. C'était un ministre de l'Écologie navrant. Dont acte. Rappelons quand même que Christophe Castaner a la disparition de #Steve sur la conscience. Édouard Philippe devrait profiter de la circonstance pour le démettre. #OuEstSteve", a fulminé le député Insoumis sur les réseaux sociaux.
#DeRugy démissionne. C'était un ministre de l'écologie navrant. Dont acte. Rappelons quand même que @CCastaner a la disparition de #Steve sur la conscience. @EPhilippePM devrait profiter de la circonstance pour le démettre. #OuEstSteve
Philippe Gosselin (LR) : "Je n'ai pas envie de crier avec les loups ni défendre outre mesure Rugy qui a été plus que maladroit, inconsidéré. Mais au-delà de Rugy se pose quand même la question du tribunal médiatique : on le fait démissionner sur des allégations, des affirmations. C'est la porte ouverte à toutes les dérives !" indique un communiqué publié mardi par le député Républicain.
Olivier Faure (PS) : "Sa position devenait intenable. Dans un moment où les Français sont plus sensibles que jamais sur ces questions, alors que le gouvernement leur demande des efforts, les Français ne comprennent pas qu'on leur demande autant alors que certains élus continuent à vivre dans un certain confort ou en s'abstenant de respecter les règles qu'ils ont eux-mêmes fixées", a déclaré le porte-parole du Parti socialiste sur BFM TV.
Pour Olivier Faure, la position de François de Rugy: "était devenue indéfendable" après les révélations de Mediapart
Le président Emmanuel Macron a dit mardi avoir accepté la démission de François de Rugy, soulignant qu'il s'agissait d'une "décision personnelle" du ministre de la Transition écologique. "Il s'agit d'une décision personnelle" que le chef de l'État "respecte pour qu'il puisse se défendre pleinement et librement", a indiqué l'Élysée à l'Agence France-Presse.
Épinglée pour des dîners et des travaux au ministère, la femme de François de Rugy s'explique. Elle reçoit « Le Point » dans son appartement privé. Visite guidée.
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Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, a annoncé mardi dans l'après-midi sur Franceinfo que la démission du ministre de la Transition écologique et solidaire avait été acceptée par le Premier ministre Édouard Philippe.
Le leader de La France insoumise n'a pas tardé à réagir à la démission surprise de François de Rugy. Bien loin de s'en satisfaire, Jean-Luc Mélenchon souhaiterait que le gouvernement dégraisse encore un peu plus ses effectifs. "L'éborgneur Castaner est toujours là et l'embastilleuse Belloubet aussi", fulmine l'ancien socialiste sur Twitter. "Steve vaut moins qu'un homard ?" s'interroge-t-il, en référence au jeune homme disparu à Nantes en marge d'une charge policière lors de la Fête de la musique.
De Rugy démissionne. Mais l'éborgneur Castaner est toujours là et l'embastilleuse Belloubet aussi. Steve vaut moins qu'un homard ?#DeRugy #DeRugyGate #DeRugyDémission
Plus léger, le député du Nord Adrien Quatennens a préféré l'humour : "À compter de ce jour, le poisson d'avril est remplacé par le homard de juillet : de Rugy est parti. C'était un si bon ministre de l'Ecologie."
A compter de ce jour, le poisson d’avril est remplacé par le #homard de juillet :
« #DeRugy est parti. C’était un si bon ministre de l’écologie. »#derugydémission
"L'information a été plus forte que la communication", a déclaré à l'Agence France-Presse le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi après la démission de François de Rugy, sur qui il a enquêté. "Mediapart n'a fait que son travail et continuera de le faire", a souligné le journaliste. "La démission de M. de Rugy, qui n'appartient qu'à lui et au gouvernement, montre une chose : l'information a été plus forte que la communication." François de Rugy a annoncé avoir "déposé (mardi) matin une plainte pénale en diffamation" contre le journal d'investigation.
Les affaires auront eu raison de lui. Le ministre de la Transition écologique François de Rugy, au centre d'une polémique sur des dépenses excessives, a annoncé avoir présenté sa démission mardi matin au Premier ministre, s'estimant victime d'un "lynchage médiatique" et précisant avoir déposé une plainte en diffamation contre Mediapart. "Les attaques et le lynchage médiatique dont ma famille fait l'objet me conduisent aujourd'hui à prendre le recul nécessaire – ce que chacun comprendra. La mobilisation nécessaire pour me défendre fait que je ne suis pas en mesure d'assumer sereinement et efficacement la mission que m'ont confiée le président de la République et le Premier ministre", a écrit le ministre dans un communiqué. "Dès lors, j'ai présenté ma démission au Premier ministre ce matin", a-t-il ajouté.
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Le numéro deux du gouvernement, qui devait présenter mardi au Sénat le projet de loi énergie et climat, s'est entretenu mardi matin avec Édouard Philippe. Son passage devant les députés lors des questions au gouvernement à 15 heures s'annonçait difficile. Les révélations par Mediapart de dîners fastueux organisés quand il présidait l'Assemblée, de travaux dans son logement de fonction au ministère ou de son appartement près de Nantes avaient sérieusement fragilisé le ministre, qui s'était défendu tout le week-end sur ces informations en cascade. Le ministre estime que, "depuis le début de la semaine dernière, Mediapart (l')attaque sur la base de photos volées, de ragots, d'approximations, d'éléments extérieurs à (s)a fonction". "La volonté de nuire, de salir, de démolir, ne fait pas de doute. Je suis soumis à un feu roulant de questions nouvelles et contraint de parer sans cesse à de nouvelles attaques", déplore M. de Rugy. "Face aux contre-vérités de Mediapart", il annonce avoir "déposé (mardi) matin une plainte pénale en diffamation" par la voix du bâtonnier Pierre-Olivier Sur et de Me Mathias Chichportich.
Publié le 16/07/19 à 17h31 | Source lepoint.fr
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