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Climat : les habits neufs du scepticisme

Ce ne sont plus des arguments contre le réchauffement climatique qui sont attaqués, mais les personnalités qui incarnent et portent la mobilisation, dénonce, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».


La jeune militante suédoise Greta Thunberg arrive au port de New York, le 28 août.

 

La jeune militante suédoise Greta Thunberg arrive au port de New York, le 28 août. MIKE SEGAR / REUTERS

Chronique. Peu à peu, au cours des dernières années, la fin de l’été est devenue à l’hémisphère Nord ce que la fin de la saison des ouragans est traditionnellement au golfe du Mexique : le moment de faire le bilan des dégâts. C’est l’heure des comptes. En une décennie à peine, le dérèglement climatique a changé notre perception des saisons. Dans le monde riche et tempéré, l’été n’est plus exclusivement la saison des vacances, de l’insouciance, du farniente et des voyages, il est aussi celle des canicules à répétition, de la sécheresse, des incendies.

Même en France – dont la situation géographique n’en fait pas un pays en première ligne face au réchauffement – le péril apparaît désormais accessible aux sens de chacun. Songeons que, selon Météo France, on comptait moins de deux épisodes caniculaires par décennie entre 1950 et 1990 sur le territoire métropolitain, alors qu’on en dénombre déjà seize entre 2010 et 2019. C’est huit fois plus. En très peu de temps, le changement climatique a cessé de n’offrir aux citoyens occidentaux que le spectacle des malheurs de pays pauvres et lointains, voire la possibilité de dommages éventuels dans un futur distant. Fin juillet, la température a dépassé 40 °C dans plus d’une cinquantaine de villes françaises – avec près de 46 °C à Gallargues-le-Montueux, dans le Gard, et plus de 42 °C à Paris. Chacun peut désormais comprendre qu’il se passe quelque chose.

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Pourtant, malgré le caractère plus que tangible du changement en cours, la conversation publique est toujours envahie par de nouvelles formes de déni. Souvenez-vous. Lorsque la question climatique a commencé à se frayer une petite place dans les grands médias, la première forme de scepticisme a consisté à en nier la réalité. De véritable réchauffement, il n’y avait pas : les mesures étaient prétendument imprécises et les stations météorologiques, gagnées par l’urbanisation, affichaient toutes des températures exagérées. C’était bien évidemment faux.

Campagne de dénigrement contre Greta Thunberg

Cet argument tombé, il fallut en trouver un autre. Certes, le réchauffement était réel, mais il n’était pas le fait des activités humaines, ou alors de manière marginale. La preuve, selon les sceptiques ? Alors que les émissions de gaz à effet de serre se poursuivaient à bride abattue, ne voyait-on pas une stagnation des températures à partir de 1998 ? S’il n’y avait même plus corrélation, comment pouvait-il y avoir causalité ? Ce nouveau sophisme mis à bas, il fallut chercher autre chose. Certes, le réchauffement était réel, certes il était bien le fait des activités humaines, mais il était sans gravité. Cet élément de langage a aussi fait long feu.