JustPaste.it
premium.lefigaro.fr

 

Quand le président Macron piège l'opposant Mélenchon…

343e6b54a899ea50b224f4bab568c9b1.jpg

 

 

DÉCRYPTAGE - À Marseille, Macron a habilement affirmé vendredi que Mélenchon n'était pas son «ennemi».

Jean-Luc Mélenchon était sûr de son coup. Lui que les Marseillais ont placé en tête du premier tour à la présidentielle de 2017 ; lui qui s'est fait élire député des Bouches-du-Rhône dans la foulée ; lui qui tente d'imiter l'accent et le vocabulaire locaux ; lui qui feint même d'aller supporter l'OM au Stade Vélodrome de temps en temps… Qu'aurait-il pu lui arriver, ici chez lui? Rien! Qui aurait pu lui faire de l'ombre, sous le soleil de la Cité phocéenne? Personne! Car il «ne craint dégun», comme on dit dans le Sud. Et surtout pas Emmanuel Macron. Trop parisien.

Vendredi, l'occasion était donc trop belle. Emmanuel Macron et Angela Merkel à Marseille, en train de surplomber la ville depuis les hauteurs du somptueux palais du Pharo? Parfait. Il fallait montrer les muscles, une fois pour toutes. Jean-Luc Mélenchon n'avait donc plus qu'à descendre sous l'ombrière du Vieux-Port et se mettre au niveau du «vrai peuple». Là, il aurait prononcé un discours très offensif, devant la gauche radicale réunie sous toutes ses formes (politique, syndicale, associative). Le scénario était idéal. Mais la mobilisation a fait un flop. Et c'est là que les ennuis ont commencé. Car, pour offrir un autre spectacle que celui du public famélique venu l'écouter, Jean-Luc Mélenchon a fait ce qu'il sait faire de mieux: il s'est emporté. Et voilà comment Emmanuel Macron est devenu, en un instant, «le plus grand xénophobe qu'on ait».

» LIRE AUSSI - «Macron est le plus grand xénophobe»: Mélenchon attaque, minore et ironise

À l'Élysée, la phrase a d'abord fait sourire. Mais, pour le président comme pour ses stratèges, elle s'est très vite transformée en une opportunité. Celle de prendre Jean-Luc Mélenchon à son propre piège. Après dîner, Emmanuel Macron a donc décidé de se rendre non loin du restaurant où se trouvait l'Insoumis, sur le Vieux-Port, pour improviser un bain de foule nocturne. Entouré d'une gigantesque meute de curieux, il a longuement déambulé. Jusqu'à arriver à la terrasse où son meilleur ennemi s'était déplacé dans l'espoir de le croiser. Les deux hommes, qui ne se sont pas revus hors cadre officiel depuis la présidentielle, allaient-ils enfin s'affronter en duel? Emmanuel Macron n'aurait pas été contre.

Mais Jean-Luc Mélenchon lui a facilité la tâche, en apparaissant gêné. Pire, il n'a pas osé assumer ses propos de l'après-midi, et il a plaidé une «légère exagération marseillaise». Trop facile. Le président n'a même pas eu besoin d'enfiler son armure pour faire tomber le costume de «premier opposant» dont rêve l'Insoumis. «M. Mélenchon n'est pas mon ennemi», a-t-il simplement minimisé devant les caméras. L'intéressé n'a pas eu d'autre choix que d'encaisser. Et de sourire. Tel est pris qui croyait prendre…

 

Plus: Sur Macron piège Mélenchon