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Ce soir.

Un hochement de tête à gauche, un signe de la main à droite, je file en saluant tout ceux que je croise. La vendeuse de churros et le chauffeur de taxis, les employés de bureau pressés, les étudiants flâneurs, tout ceux sur qui mon regard se pose. J’aime les observer, les regarder évoluer dans la rue, les lampadaires qui projettent leurs ombres et les déforme jusqu’à ce qu’on n’y reconnaisse plus de forme humaine, jusqu’à ce qu’on puisse y voir tout ce que notre esprit imagine. Mais pas ce soir, ce soir je file en les regardant à peine, pédalant de toute mes forces vers les limites de la ville. Je regarde les gens, je les vois me regarder, mais ce soir mon regard ne s’attarde pas sur eux, car ce soir, j’ai mieux à faire. Et mon impatience monte alors que les muscles de mes jambes fatiguent, mais j’accélère toujours. Je ne regarde même plus les gens, je regarde à peine devant moi, je ne fais plus attention qu’aux lumières qui se reflètent dans le métal de mon guidon, dans les rayons de mes roues, et qui se déploient et scintillent sous mon vélo tandis que je file à travers la ville. Je sais que mon but est proche, car déjà les piétons se font moins nombreux, les alentours se font plus calmes, et je peux entendre mon propre souffle alors que je m’éloigne de tout. Je ne prends plus la peine de saluer ceux que je croise, je ne sais même plus s’’il y a encore des gens autour de moi, je ne regarde plus que les reflets sous mes roues, et les lumières qui y diminuent.

 

Enfin, je vois à peine des scintillements dans les reflets. Alors je relève les yeux, et je fixe le ciel dans lequel je commence à distinguer les étoiles qui brillent, loin des lumières de la ville. Je m’imagine que la pleine lune me retourne mon sourire, et je pédale de plus belle vers mon but, la colline que je vois se dessiner au loin. Aussi irrationnel que cela puisse paraître, j’ai la certitude que la colline m’attend, et j’ai hâte de m’y allonger aussi. Je sais que je ne peux pas arriver en retard, mais je me dépêche car je ne veux pas perdre un instant, car je ne veux pas manquer à cette promesse muette.

 

Car ce soir, j’ai rendez-vous avec la nuit.